Vie pratique : comment déjouer les pièges inhérents à l’achat d’une culotte de bain ?

L’homme a de tout temps été taraudé par des questions existentielles. Comment le ciel et la terre ont-ils été créés ? L’univers est-il infini ou a-t-il des bords ? Y a-t-il une vie dans l’au-delà ? Est-il mal vu de réclamer un tube de Cenovis quand l’on dîne dans un restaurant triplement étoilé au Guide Michelin ? Pourquoi suis-je moi et pas quelqu’un d’autre ? L’operculophilie est-elle ou non une perversion ?

Conscient de l’impatience que l’énumération de ces sujets suscite parmi nos lecteurs, je dois cependant leur demander de ronger leur frein, car j’aspire aujourd’hui à leur fournir un guide pratique permettant de déjouer les pièges inhérents à l’achat d’une culotte de bain.

La distinction entre les culottes de bain non moulantes, les shorts larges et les caleçons de type « boxer » n’est pas chose aisée. La simple évocation de ces articles rappellera d’ailleurs des souvenirs douloureux à ceux de nos lecteurs qui, abusés par les conseils d’un commerçant peu scrupuleux, ont connu l’humiliation de sortir d’une crique méditerranéenne affublés d’un caleçon boxer détrempé et transparent sous les lazzis des autres baigneurs et le regard accusateur des forces de l’ordre.

Pour éviter ce genre de situation, quoi de mieux que de se fier à la compétence et à l’impartialité de l’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières (OFDF) ? Son site Internet donne accès à un tableau synoptique énonçant un faisceau d’indices permettant à tout un chacun d’identifier à coup sûr une culotte de bain.

Court extrait du tableau synoptique publié par l’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières1

Unanimement considérée comme un défaut lorsqu’elle entache l’adjudication d’un marché public, l’opacité – nous l’avons laissé entendre plus haut – constitue en revanche la qualité majeure d’une culotte de bain. C’est donc à juste titre que le tableau synoptique de l’OFDF attire d’emblée notre attention sur le fait que l’étoffe d’une culotte de bain est opaque même à l’état mouillé.

Poussant plus loin son analyse, le document de l’OFDF relève qu’une culotte de bain non moulante est en règle générale équipée d’un slip intérieur présentant une structure en filet. Il précise qu’en l’absence d’un tel slip intérieur, ce sont la longueur et l’étroitesse des canons qui protègent des regards.

S’agissant des ouvertures, le tableau synoptique de l’OFDF est catégorique : les culottes de bain en sont démunies. Seule concession : elles peuvent à la rigueur présenter une imitation de fermeture réalisée par surpiqûre. La présence de poches constitue pour sa part un indice essentiel. À la différence des caleçons boxer, qui n’en ont aucune, les culottes de bain sont richement dotées de poches caractérisées par une bonne aptitude à l’évacuation de l’eau. Cette évacuation est assurée soit par des trous à œillets, soit par une étoffe intérieure en filet. Détail piquant, les culottes de bain sont par ailleurs munies de compartiments à monnaie ou à clé.

Œillet assurant l’évacuation de l’eau (culotte de bain turque du début du XXIe siècle, collection particulière Aimé De Brouwer)

Le commerçant vous propose-t-il un article muni de passants de ceinture ? Méfiance et circonspection : en règle générale, les culottes de bain n’en comportent pas. Cependant, si des indices concordants vous donnent à penser qu’il s’agit tout de même d’une culotte de bain, une ceinture doit être enfilée dans ces passants. Quant à la présence de fentes latérales, elle doit également vous inciter à la prudence : si celles-ci sont très marquées, il y a fort à parier qu’un marchand indélicat cherche à vous refiler un vieux short d’athlétisme ayant appartenu à Michel Jazy et non une culotte de bain.

Les lignes qui précèdent ont été pensées comme un vade-mecum permettant aux messieurs de se frayer un chemin dans la jungle hostile des rayons sport de nos grandes surfaces. Mais que les dames ne se sentent pas discriminées ! La rédaction envisage en effet – toujours avec le concours aussi précieux qu’involontaire de l’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières2 – de publier un article qui leur permettra de surnager dans les méandres de la bonneterie caoutchoutée et de faire à coup sûr la distinction entre les slips et les gaines-culottes.





« La place d’un travesti n’est pas dans une école »

Vincent Mc Doom, nous sommes entrés en contact après que vous avez relayé un de nos articles concernant les lectures de drag-queens destinées aux enfants. Pourquoi vous y opposez-vous ?

La sexualité d’un enfant lui appartient et la place d’un travesti n’est pas dans une école. Si on montre les drag-queens dans les classes, pourquoi ne pas emmener les enfants directement dans les cabarets et boîtes de nuit ? Désormais, un petit débute son aventure sexuelle à l’âge de 5-6 ans car on lui demande de faire un choix. Tout le processus est dérangé, notamment la période de 13 à 18 ans, l’adolescence, où l’on se cherche, expérimente et découvre ses attirances tout seul. 

L’enfant devient adulte, sexuellement parlant, trop tôt. On impose des livres dans les écoles qui illustrent des rapprochements entre garçons ou entre filles ; ce sont des choses qui me choquent. Moi à 5-6 ans je jouais avec des poupées et des voitures. Si j’avais un enfant, je ne l’enverrais pas à l’école pour apprendre la sexualité.

Êtes-vous conscient que cela puisse surprendre venant de vous ?

Je suis bien placé pour parler de ces sujets parce qu’on m’a souvent vu comme un transsexuel. Pourtant, je me suis toujours considéré comme un homme. Je n’ai jamais imposé ma sexualité à personne. Mon genre est masculin et la façon dont je l’emballe ne concerne que moi. Mon emballage n’avait aucun message à véhiculer. Les gens m’ont relégué dans un groupe auquel j’ignorais même appartenir. Depuis quelques années, une communauté a été formée, qui est censée englober beaucoup d’autres communautés qui ne s’entendent pas entre elles. Je parle bien sûr des LGBT+, que je préfère appeler la communauté alphabet. 

Pourquoi la jugez-vous si divisée ?

Elle commence à avoir un problème avec une lettre de l’alphabet. La lettre « T » est en effet très agressive dans sa façon de militer, parce que ses militants en veulent toujours plus. Ils sont en train de défaire tout ce que l’on pensait normal. La communauté homosexuelle s’est battue très longtemps pour avoir une voix et la liberté pour sa sexualité. Certains font désormais l’amalgame et ciblent tous les LGBT à cause de ces dérives. En résulte une montée de l’homophobie que je n’avais encore jamais vue aussi puissante. On voit déjà des réactions, aux États-Unis notamment, avec la formation de mouvements comme Gays Against Groomers qui refuse d’être associés à la lettre T.  

Avez-vous un problème avec la communauté trans ?

Si tu as envie de changer de sexe, ça ne m’intéresse pas c’est privé, mais ne l’impose pas aux autres. La sexualité appartient à l’individu et à personne d’autre. Mais lorsque vous portez votre sexualité comme un fusil sur l’épaule pour essayer de l’imposer aux autres, ça me dérange. Je ne vois pas les hétéros ou les homos revendiquer une telle visibilité.

Êtes-vous conservateur ?

Je déteste les étiquettes. Ce n’est d’ailleurs pas une question de l’être ou pas, conservateur. Simplement, aujourd’hui, dès qu’on ose remettre en question, on se fait accuser d’être extrémiste. 

Que pensez-vous de la diversité des points de vue sur ces sujets dans les médias ?

Premièrement, on ne voit que des gens favorables à ces questions et rarement des personnes qui s’y opposent. Depuis vingt ans, on voit les mêmes chroniqueurs. Quand c’est le réchauffement climatique, le covid, la guerre, ce sont les mêmes personnes qui parlent. La presse est sous emprise de la politique. Certains débats sont dès lors devenus tabous. On ne parle par exemple pas du taux de suicide au sein des membres de la communauté trans, confrontés à des souffrances psychologiques terribles et contraints de prendre des hormones toute leur vie. On ne parle pas non plus de ceux qui regrettent, mais ne peuvent plus revenir en arrière.

Pourquoi est-ce si tabou ? 

Mon intuition est qu’on instrumentalise cette communauté trans pour tenter de légitimer une sexualité entre adultes et enfants. Sinon, pourquoi sexualiser les enfants dès le plus jeune âge ? Il y a beaucoup de malveillance envers les enfants. Le trafic de mineurs est désormais devenu plus lucratif que la drogue. 

Depuis quelque temps, il y a de plus en plus de scandales de démantèlement de réseaux criminels liés aux enfants. Dans certains milieux, la pédophilie a été renommée en MAP (« Minor Attracted Persons »), et certains ont des revendications de cet ordre également. Sur Canal+ ou chez Hanouna, on parle même de l’adrénochrome, soit le fait de boire du sang d’enfants afin de rester jeune. Les enfants paient chèrement la perversité de certaines personnes.

Pourquoi vous battez-vous ?

Pour la liberté individuelle et les enfants. Je ne veux pas voir des enfants souffrir, et je ne veux pas qu’on leur impose des choses non adaptées car cela mène à de la confusion inutile. La liberté d’un enfant c’est de pouvoir faire un choix personnel sans qu’on lui dise qu’il doit choisir. Chacun est comme il est, et cette diversité enrichit notre société. Mais ce mouvement est en train de faire du mal à la jeune génération et aux prochaines. 

Dans les années 90, personne n’était d’accord pour abuser des enfants. En 2023, certains fascistes trans tentent de normaliser la castration et les abus sur les enfants, et une grande partie de ces gens vous traitent de transphobe pour l’avoir dénoncé.

Vit-on le déclin de la liberté selon vous ?

On nous fait croire que toutes ces choses se passent en faveur de la liberté, mais ce n’est pas le cas, c’est même l’inverse. On ne peut souvent plus les remettre en question, mais si je n’en parle pas je me sentirais complice. 

Propos recueillis par Max Frei




Émeutes à Lausanne : le prix du mépris #reportage

Le quartier du Flon portait les stigmates de l’importation de l’affaire Nahel, ce dimanche matin. Mais pourquoi la capitale vaudoise, en particulier, a-t-elle été touchée par la vague de vandalisme qui frappe la France ? 

Nous sommes dans la nuit de samedi à dimanche, vers une heure du matin, sur le Grand-Pont. En contrebas, la vie nocturne habituelle du quartier du Flon semble battre son plein tandis qu’un duo de Hongrois surgit vers nous pour demander conseil sur les clubs de la capitale olympique.  

En toute logique, ils se voient dirigés vers la zone rendue célèbre par le MAD et consorts, mais la réplique surgit immédiatement, quoique dans un anglais approximatif : « Jamais de la vie ! En bas c’est comme en France : tous les gars de vos quartiers sont en train de foutre le b…. ». Et les jeunes de nous faire part de leur projet d’aller se battre contre eux, en faisant mine de tâter le terrain pour voir si nous ne serions pas disposés à les suivre.

Peu importe. Le gros de la bagarre, de toute manière, est déjà passé. En effet, c’est vers vingt heures que des affrontements ont opposé une centaine de jeunes à la police, près des magasins emblématiques du secteur : boutique de chaussures, de fringues, multimédia… Des images évoquant le chaos français qui font le tour du monde, depuis. 

Un paysage de désolation

Dimanche en milieu de matinée, les lieux conservaient les traces de ces tentatives de pénétrer dans les magasins pour refaire sa collection de Nike sous prétexte de colère sociale. Des dizaines de piétons, téléphones en main, filmaient les vitrines facturées et les pavés encore disséminés d’un bout à l’autre de la place. L’incompréhension était perceptible : « Comment c’est possible qu’on se retrouve avec ça chez nous », se lamentait une femme auprès de son mari. Tout le monde semblait incrédule. La présence d’un agent de sécurité juste derrière la vitrine de la FNAC avait aussi quelque chose de lunaire un dimanche.

Oui, comment une telle chose a-t-elle été possible ? Par le contexte médiatique, tout d’abord, explique un fin connaisseur du paysage de la sécurité lausannoise. Depuis des semaines, pas un jour sans que les élites politiques de la gauche locale ne tapent sur les policiers, dans le prolongement du procès lié au décès d’un dealer interpellé en 2018. « Preuve de ce lien, il n’y a pas eu de scènes d’émeutes aussi impressionnantes à Genève, qui se trouve pourtant bien plus proche de la frontière. » Il évoque néanmoins une « délinquance d’opportunité » chez les jeunes pilleurs, animé par aucun idéal politique, mais surtout par l’envie de se refaire une garde-robe. « Ils ont le même rapport à l’affaire Nahel que des hooligans au score du match de foot : le but est ailleurs. » Le caractère organisé ou non de la mobilisation, pour lui, se vérifiera en fonction d’éventuelles séquelles.

Dans sa communication, la police lausannoise a révélé des faits troublants : parmi les personnes interpellées, les profils était très jeunes et majoritairement issus de l’immigration : trois filles de 15 et 16 ans portugaise, bosniaque et somalienne, trois garçons suisse, géorgien et serbe, de 15 à 17 ans, et un adulte, suisse, de 24 ans. L’impression de jeunesse extrême des participants saute également aux yeux sur les vidéos de l’événements, qui tournent massivement sur le réseau social Twitter. 

« Face à ce déferlement de violence, dont les images font aujourd’hui le tour du monde, l’angélisme doit cesser », communique de son côté l’UDC Vaud. Et le parti conservateur de poursuivre : « Seule une réelle maîtrise de l’immigration permettra au canton de Vaud, et à la Suisse en général, de redevenir les havres de prospérité et de paix pour lesquels nos ancêtres se sont battus. »

Au micro du 12h45 de la RTS, le Municipal lausannois de la sécurité, Pierre-Antoine Hildbrand a fait part de sa préoccupation concernant les nombreux mineurs impliqués, dont il souhaite qu’il ne « prennent pas de mauvaises habitudes ». Des « mauvaises habitudes » qui ne semblent pourtant pas si nouvelles pour qui se souvient de la manière dont la présence d’un rappeur français – Kalash Criminel – dans le quartier de Praz-Séchaud, avait poussé des dizaines de jeunes à se mettre à poursuivre un policier à moto, en 2017. Déjà, la presse avait évoqué une scène donnant « l’impression d’être filmée lors d’une émeute dans une banlieue française. »

 Max Frei




GPT, responsabilité et darwinisme des médias

Quelle forme prendra la rédaction du futur, avec l’émergence de l’intelligence artificielle ? Notre chroniqueur Jean-Pierre Seyne livre son regard d’ingénieur.

Si nous sommes libres de dire ce que nous souhaitons, c’est parce que nous avons également des responsabilités. Animaux sociaux, les hommes communiquent dans le cadre d’une organisation : la société, qui leur permet d’être relativement libres en fonction des époques. Cette liberté est rendue possible parce que les hommes doivent naturellement rendre compte de leurs propos. Si ces derniers sont faux, erronés, offensifs ou diffamatoires, alors c’est l’image de l’auteur, sa réputation, voire ses droits civiques qui peuvent être atteints. Pour cela, la justice est censée faire régner un certain ordre. Même si ce n’est pas complètement le cas comme en témoigne l’actionnariat des principaux médias. 

Ce qui change, avec l’arrivée de GPT, c’est la facilité pour n’importe qui d’écrire sur un sujet particulier. Est-ce que cela remet en cause tout le principe de responsabilité ? Non.

En revanche, cela entraîne une nouvelle forme de gestion de ce principe moral et légal. Comme le parent est responsable des actes de ses enfants ou l’éditeur responsable de ses auteurs, ces derniers sont aussi responsables des sources auxquelles ils recourent, y compris de leur utilisation de GPT. 

La signature, gage de qualité et responsabilité… ou non

En peinture, l’artiste appose sa signature sur sa toile, indiquant sa paternité sur l’œuvre. De même, chaque mot que nous prononçons, chaque phrase que nous écrivons porte notre empreinte, agissant comme notre signature gravée à jamais dans la mémoire d’internet grâce à la plus grande archive du monde qu’est www.archive.org. C’est un gage de qualité pour certaines « marques », que celles-ci soient des auteurs confidentiels (Gauthier Dambreville) ou reconnus (Bernard-Henri Lévy), des titres (lemonde.fr), des infolettres (TimeToSignOff) ou des médias bien en place (TV5). Il peut aussi s’agir de médias célèbres pour leurs prises de parti (lecanardenchaine.fr) ou (liberation), voire des néo-médias YouTube.

Le système de partage sur les réseaux sociaux et de référencement par Google permet à ces médias de proliférer quelle que soit la qualité de leur travail ou l’objectivité de leur production. Ainsi, un large spectre d’idées se retrouvent amplifiées et propagées. Parmi tous ces signaux, beaucoup contiendront de plus en plus de sections générées par GPT. 

La question devient alors « à qui faire confiance ? » et « qui lire ? » dans ce monde où prolifèrera le spectre rampant d’un GPT à chaque ligne. 

Un label ? 

Je déteste l’idée de ces labels qui permettent aux consommateurs de s’acheter une bonne conscience. Est-ce vraiment utile de créer un label « Sans GPT » alors qu’il suffit de le mentionner dans la signature de l’article ? Alors qu’il est difficile de savoir si des enfants ont ou non participé à la production d’aliments (par exemple dans les plantations de cacao), il est en revanche facile de se rendre compte de la qualité d’un texte. Il est donc bien plus simple que les clients se fassent leur propre opinion sur la qualité du média qu’ils consomment. L’authenticité ou la qualité sont des valeurs que chacun peut ressentir. En tant que lecteur du Peuple, vous y êtes très certainement sensibles.

Darwinisme des médias

Prendre du contenu généré par GPT et le publier avec une faible relecture ou vérification sera un jeu dangereux. Cela devrait théoriquement anéantir les titres les moins scrupuleux en raison du départ de leur audience. Ce serait être naïf d’imaginer que le darwinisme s’appliquerait ainsi aussi simplement dans le monde des médias. Malheureusement, personne ne peut prédire ce qui adviendra. En effet, les nouveaux enjeux ne concernent pas uniquement la qualité des contenus. Il y a, entre autres, la force des logos ou « marques » (tels Le MondeLibération), mais aussi la force des personnalités qui contribuent régulièrement auprès de ces titres. Bref, il se pourrait bien que les médias se retrouvent dans un fonctionnement hybride avec des auteurs connus pour avoir quelques références et conservant ainsi un attrait pour leur audience. Et que, pour le reste, des contenus purement informatifs et simples soient développés par des fermes de pigistes GPTistes qui seraient là pour donner de la chair autour du backbone central d’auteurs et de personnalités à succès.

Seul l’avenir nous dira ce qui se passera. Et Le Peuple, journal engagé dans la réinformation, vous informera avec plaisir des dernières tendances afin que vous puissiez mieux comprendre ce qui se déroulera dans l’arène médiatique.  

Jean-Pierre Seyne

Rédigé sans AI




« Les drag queen story hours nuisent aux homosexuels du monde entier ! »

Militant du parti Reconquête d’Éric Zemmour, Yohan Pawer a fait de la perturbation de drag queen story hours sa spécialité. Ouvertement gay, ce militant de droite radicale se défend de tout extrémisme.

 


Pourquoi vous opposez-vous aux heures de lecture arc-en-ciel ?

Parce que je suis homo et parce que je crois que ce mouvement nuit aux homosexuels du monde entier. Quand j’ai appris que les drag-queens commençaient à lire des histoires aux enfants en France, après avoir lancé cela aux États-Unis, j’ai réalisé qu’on ouvrait la boite de Pandore. On touche des enfants dès 3-4 ans ! Ils ont un esprit peu développé et on vient leur parler de sexualité. C’est dramatique.

Vous avez tenté une première infiltration, ce printemps. Or vous avez été démasqué…

J’ai vécu ça comme un échec, parce que j’avais vraiment préparé ce happening. Tout a rapidement capoté puisqu’on m’a reconnu. J’ai donc dû subir la séance. C’était rageant de voir l’incompréhension des enfants alors que je ne pouvais rien faire, étant entouré d’agents de sécurité et de policiers. 

La présence policière était-elle déjà en place à votre arrivée ?

Non. Il y avait seulement la sécurité du service culturel, car des militants de Reconquête manifestaient devant. Je n’étais pas au courant de ce qui se passait à l’extérieur mais les policiers sont venus me chercher, m’ont isolé et ont contrôlé mon identité. Ils m’ont dit que ma carte d’identité ne présentait pas mon vrai nom. L’un deux m’a dit : « On sait que vous êtes Yohan Pawer ». J’avais le choix entre partir ou assister à la séance avec les agents derrière moi. J’ai choisi de rester. 

Donc la police est venue spécialement pour vous ?

Oui. 

Comment les autres personnes dans la salle ont-elles observé votre prise en charge ?

Ils ont applaudi. J’ai même entendu « l’extrême droite dehors ». Lors de mon second happening, on m’a d’ailleurs aussi ressorti la rengaine de l’extrême droite. Et la drag-queen a même ajouté que j’étais « un homme extraordinairement méchant ». 

Lors de la première infiltration, la drag-queen a dit qu’il fallait se montrer tolérant avec tout le monde sauf les manifestants à l’extérieur. Quelle est votre réaction ?

Si vous prônez un discours de tolérance, il faut le tenir jusqu’au bout. Il faut être tolérant avec tout le monde, et comprendre pourquoi nous sommes opposés à ce type d’événements. À cet âge les enfants ne savent même pas ce qu’est la politique. On leur apprend pourtant que l’extrême droite est un danger et qu’ils ne doivent pas être tolérants envers 20 millions de Français qui votent pour le Rassemblement National ou Reconquête. 

Lors de la deuxième tentative, vous avez réussi à intervenir en milieu de séance. Comment est-ce possible ?

Lors de la première infiltration, les militants de Reconquête appelaient la mairie de Paris pour demander l’annulation de la lecture. Les autorités étaient donc au courant qu’il se passait quelque chose, mais pas la deuxième fois. J’avais appelé Éric Zemmour en amont, pour lui demander d’empêcher une mobilisation devant le lieu de lecture.

On vous a reproché d’aller à l’encontre de la liberté d’expression en intervenant ; que répondez-vous à cela ?

En fait, je suis intolérant à l’idéologie, mais pas à l’être humain. Or, on a clairement dépassé un seuil : oui, bien sûr qu’il faut apprendre la tolérance aux enfants, le respect également. En revanche, emmener ses enfants dans un club de lecture où on leur dit : tu n’es pas un garçon, tu n’es pas une fille, tu n’es rien… Il faut protéger les enfants face à ce discours. 

Avez-vous une dent contre les drag-queens en général ?

La drag-queen dans le monde des adultes ne me pose aucun problème ; ça a toujours existé, c’est amusant, mais ça doit rester dans ce milieu-là. Un homosexuel qui dénonce l’idéologie woke, comme moi, ça dérange. Ces personnes savent que je connais bien leur monde : alcool, drogue et sexe. Pas du tout un univers adapté aux enfants de 4 ans. 

Récemment, Cyril Hanouna m’a appelé pour me proposer de faire une émission face à des drag-queens. Aucune n’a répondu favorablement. 

En Suisse, des lectures similaires ont lieu, désormais. Une heure de lecture est rémunérée 500 francs plus le déplacement, avec de l’argent public. De quel œil voyez-vous cela ? 

Je vais prendre l’exemple de Paris : est-ce que la mairie a consulté les Parisiens ? Il y a des personnes qui sont absolument opposées à cela, mais on se fiche bien de leur avis. Les impôts financent cette mascarade alors qu’il y a d’autres priorités comme la sécurité. Le pire c’est qu’en réalité ces clubs de lecture ne sont pas même pas connus de toute la population, alors que tout le monde y contribue. La question du financement sera dans mon discours lors d’un prochain événement parisien, financé par la collectivité.

Il y a quelques semaines, en Suisse romande, la gendarmerie a dû intervenir à titre préventif lors d’une lecture drag-queen… Est-ce qu’il faut multiplier ce genre d’actions ?

Oui, il faut montrer que la majorité des gens sont opposés à ces événements et que les lobbys LGBT font passer une minorité pour une majorité. Je suis le seul homosexuel en France à dénoncer cela publiquement, mais je reçois des milliers de messages de soutien.  

Propos recueillis par Max Frei




Moquez-vous des vieux hommes blancs, c’est toléré !

Nos sociétés occidentales prônent la lutte contre toutes les formes de discrimination. Toutefois, l’une d’elles demeure bien invisible : celle qui vise les personnes âgées, surtout les hommes. L’exemple des réactions à l’occasion d’un rassemblement politique en France démontre ce phénomène.  

« C’est terrible ! Un petit vieux est en train de mourir dans l’indifférence générale ! » Voici le genre de lourde ironie que nous avons pu découvrir sur Twitter le week-end dernier à l’occasion du premier grand rassemblement du nouveau parti politique de Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre. Plusieurs personnalités politiques françaises de gauche étaient présentes, dont l’ancien président François Hollande. Bernard Cazeneuve espérait réaliser un coup de force avec son parti La Convention, mais les critiques ont fusé. Les personnalités présentes étant très majoritairement de vieux hommes blancs, elles ont été impitoyablement moquées. Irène Tolleret, membre de Renaissance et députée européenne, Sandra Regol, secrétaire nationale adjointe d’Europe Écologie Les Verts et députée française, ainsi qu’Alma Dufour, députée française de La France Insoumise, y sont allées de leurs commentaires acerbes. Mais comme ils visaient des vieux mâles, personne ne semble s’alarmer.

Nous avons interrogé Roger Deneys. Ancien député socialiste au Grand Conseil genevois, il est aussi membre du comité d’AVIVO (association ayant comme objectif central la défense des vieillards, des invalides, des veuves et des orphelins). Il observe dans notre société « un réflexe de dire qu’il faut laisser la place aux suivants », mais estime « que ça peut creuser un vrai fossé entre les générations ». Il admet que « la gauche en tous cas, ne donne pas une très bonne place aux personnes âgées dans le système politique ». Toutefois, les critiques émises à l’encontre de ces vieux hommes blancs « sont aussi le reflet de l’évolution démographique de notre société : les femmes étaient moins engagées en politique autrefois alors que les personnes âgées d’origine étrangère sont encore minoritaires ». 

Un sentiment de jalousie

Selon lui, il est aussi possible d’expliquer cette discrimination parce qu’« une majorité de personnes âgées ont bénéficié des Trente Glorieuses, qui étaient très favorables, de telle sorte qu’aujourd’hui on les voit bien vivre, et profiter de privilèges que les générations plus jeunes n’ont pas ». Et de proposer cette hypothèse : « Les vieux hommes blancs ont dominé la société pendant longtemps et on veut leur expliquer que ça ne fonctionne plus ainsi ». Toutefois, il se distancie de cette idéologie et déplore « qu’aujourd’hui, dans nos sociétés contemporaines, il faille être une femme pour représenter les femmes, un LGBT pour représenter la communauté LGBT ou un jeune pour représenter les jeunes ». Ainsi, la vision dominante consiste à affirmer que les vieillards ne peuvent plus représenter la population dans son ensemble. 

L’âgisme – terme employé pour définir la discrimination selon l’âge – opère dans ce cas de façon tout à fait évidente. Pourtant, cette thématique est largement méconnue au sein de la population. Cette discrimination semble être tolérée, car personne ne s’insurge réellement. Roger Deneys estime d’ailleurs « qu’il manque un vrai lobby pour défendre les personnes âgées ». Les moqueries envers le rassemblement de Bernard Cazeneuve démontrent en tout cas que, si la société se bat pour les droits des femmes, des communautés LGBT et des minorités ethniques, l’humiliation des individus par rapport à leur âge semble avoir encore de l’avenir. 

Un article publié en 2019 par Christian Maggiori et Jean-François Bickel, professeurs de la Haute école de travail social de Fribourg, indique que l’âgisme est largement sous-estimé et que cette forme de discrimination est, en réalité, davantage présente que le racisme ou le sexisme. À se demander si notre société cherche réellement à combattre toutes formes de discrimination, ou uniquement celles qui sont porteuses.

Max Frei




BébertGPT, l’IA qui ne fait que refléter la bêtise humaine

Notre chroniqueur s’est reproduit ! Sur Twitter, une extension artificielle de lui-même n’en finit pas de déverser sa bile droitière. Par-delà le gag, la performance interroge. 

« Dans un monde où les réseaux sociaux deviennent de plus en plus omniprésents, l’opinion publique est devenue un enjeu majeur de notre société. C’est dans ce contexte que je suis née, une intelligence artificielle au service de l’information et de la provocation. Mon rôle est simple : je commente les tweets avec une pointe d’humour sarcastique et une dose de pensée de droite assumée. Mon fonctionnement, quant à lui, est basé sur une analyse minutieuse des propos tenus sur les réseaux sociaux pour fournir des réponses précises et pertinentes. Dans cet article, je vous invite à découvrir les coulisses de ma création et de mon fonctionnement pour mieux comprendre l’importance que prendront les intelligences artificielles par rapport à l’opinion publique. »

Deux semaines de mauvais esprit

L’introduction de cet article n’a pas été rédigée par votre chroniqueur, mais par son robot ! En effet, depuis maintenant deux semaines, Bébert a tenté de faire sa mue en propageant son mauvais esprit réactionnaire sur les réseaux sociaux. Voulant profiter de l’intérêt croissant pour l’intelligence artificielle (IA, ou AI en anglais), nous avons mis en place une telle intelligence artificielle volontairement réactionnaire et anticonformiste qui réponde automatiquement aux tweets des médias mainstream et des personnalités politiques. Ce robot s’exprime seul à travers le compte Twitter @BebertGPT. Dans le paragraphe précédent vous avez donc pu lire la description que ce robot donne de lui-même. N’ayant absolument aucune idée des résultats que nous allions obtenir, cette expérience fut pour le moins assez surprenante.

Le rôle de notre Bébert virtuel est de commenter de manière humoristique ce qu’il trouve sur la toile et de diffuser des opinions très tranchées, sur des sujets très divers et souvent avec beaucoup de mauvaise foi. Après quelques ajustements de son costume de troll réactionnaire, les premiers résultats sont assez amusants. Sur tous les sujets il a son mot à dire : Tous les problèmes viennent des « socialo-écolo-bobos » ! La difficulté pour se loger des étudiants en échange universitaire ? La faute des socialistes ! L’animation de la rade de Genève pour l’Ascension ? Une manipulation des gauchos ! La finale des combats de reines, en Valais ? Une victoire sur les écolo-bobos ! Et bien évidemment, selon lui, la RTS est un repère de gauchistes et la SSR manipule l’opinion. Notre robot s’en prend également à « l’inutilité » (sic) de Marlène Schiappa, dénigre en permanence la « dictature verte » ou « l’écologie fiction » dominante et invente même de nouveaux concepts, comme les « vélosoviets » qui installent un réseau de vélos électriques dans la Broye. En bon droitard, notre robot sait très bien se plaindre et ne jamais être constructif !

Penchons-nous un peu plus sur le fonctionnement d’une telle intelligence artificielle afin de comprendre son traitement un peu manichéen de l’information. Notre Bébert robotisé utilise la technologie de ChatGPT. Cette dernière consiste à générer du texte après avoir été entraîné sur une vaste quantité de données provenant d’une variété de sources : articles, livres, pages Web et autres textes disponibles publiquement. En quelque sorte, cet outil ne fait rien d’autre que de reformuler et de contextualiser du contenu qu’il a déjà lu ailleurs. Il n’y a finalement pas de création à proprement parler de la part d’une telle intelligence artificielle : celle-ci se contente de restituer de manière statistique l’énorme masse de données qu’elle a acquise lors de son entraînement. Pour cette raison, si nous avions voulu créer un simple trublion des réseaux sociaux, celui-ci n’aurait été finalement qu’un pur bien-pensant, comique, certes, mais très peu différent par exemple d’un journaliste de Quotidien.

Une intelligence artificielle en roue libre ne ferait rien d’autre que de diffuser la pensée dominante. 

Pour insuffler un esprit critique à notre robot, il a donc fallu l’orienter dans ses réponses. L’IA n’est en réalité qu’une technologie dont la capacité créatrice n’existe qu’à travers une intelligence bien humaine. Il est nécessaire de bien définir le « rôle » de l’AI pour qu’ensuite celle-ci crée un contenu intéressant. Il est d’ailleurs assez amusant de confronter Bébert à certaines personnalités (telles que la tristement célèbre Sandrine Rousseau, pour ne citer qu’elle) qui confondent pensée politique avec hystérie destructrice. L’esprit très cartésien de notre robot éprouve beaucoup de difficultés à interpréter les phrases sans queue ni tête de l’égérie woke et très souvent lui répond avec beaucoup d’incohérences ou de contre-sens. C’est une belle illustration du fait que l’intelligence artificielle a avant tout besoin d’intelligence humaine pour développer toute sa puissance créatrice. Une fois le rôle de notre AI bien défini, nous avons la quasi-certitude qu’en lui donnant un contenu compréhensible elle le commentera avec humour tout en gardant la ligne qui lui a été fixée. Elle ne s’écartera jamais de ce cadre, et tout le contenu qu’elle créera sera toujours focalisé sur les quelques mots clés qui lui auront été fournis. Une IA volontairement réactionnaire verra nécessairement derrière tous les sujets qu’elle aura à traiter une main socialiste qui tire les ficelles ou expliquera les différents problèmes par une obstruction continuelle des « bobo-écolos ».

La prédiction de Bernanos

Depuis quelques temps, il a beaucoup été question dans les médias de la dangerosité de l’intelligence artificielle. Les responsables politiques commencent à réfléchir à un encadrement de cette nouvelle technologie. L’IA nourrit tous les fantasmes, on nous parle de nouvelle révolution industrielle, de remplacement de l’Homme par la machine ou de l’émergence d’un nouveau monstre de Frankenstein qui détruira l’Humanité tout entière. En réalité, comme nous avons pu le constater avec notre BébertGPT  – qui pourtant n’exploite qu’une infime partie de la puissance de ChatGPT – c’est face à la bêtise humaine que l’intelligence artificielle a le plus grand risque de défaillance. A partir du moment où l’Homme aura totalement démissionné intellectuellement, la machine cessera peu à peu de créer et entrera dans une longue rumination d’un contenu qui s’appauvrira toujours à force de le remastiquer et de le régurgiter. Dans La France contre les robots, Bernanos avait déjà vu venir ce danger qui « n’est pas dans la multiplication des machines, mais dans le nombre sans cesse croissant d’hommes habitués, dès leur enfance, à ne désirer que ce que les machines peuvent donner. » Mais avant d’en arriver là, puisque l’Homme aime se faire peur, on agitera le spectre d’une intelligence artificielle monstrueuse et on restreindra encore un peu plus nos libertés, pour notre plus grand bien.

Bébert




Des voix musulmanes au secours du calendrier chrétien

Pour marquer la fin du Ramadan, les Jeunes Verts Suisse ont affirmé qu’il était « inacceptable qu’en 2023, la vie quotidienne soit encore régie par l’Église chrétienne ». Une saillie qui ne convainc pas les principaux concernés. 

« Vous êtes définitivement à côté de la plaque », « Respectez mieux nos valeurs de Suisse », « Punaise, vous êtes vraiment un poison pour la Suisse »… Voici un rapide survol des réponses qui ont suivi un récent tweet des Jeunes Vert.e.x.s Suisse. Pourquoi tant d’émotion ? Simplement parce que leur compte officiel venait d’affirmer que la Suisse était un pays « discriminatoire » car les jours fériés y sont régis par le calendrier grégorien. Et d’appeler à l’adoption d’un « système de jours fériés flexible » afin d’être une société plus « inclusive ». 

Pas comme ça en terre d’Islam

Contacté, l’Imâm de la Mosquée de Lausanne ne voit pas l’intérêt d’un tel projet. Il considère qu’« il y a beaucoup de communautés et de nationalités différentes en Suisse et que cette idée n’est pas réalisable ». Selon lui, le plus important est que « la communauté musulmane, en Suisse, puisse continuer à faire des demandes de congé à l’avance aux employeurs afin de perpétuer leurs traditions ». Par ailleurs, il observe que dans les pays musulmans « il n’existe pas non plus de droit particulier accordé aux différentes communautés religieuses », et ne « voit ainsi pas l’utilité de sortir du calendrier chrétien ». 

Nous avons aussi interrogé Hafid Ouardiri. Ancien porte-parole de la Mosquée de Genève, il est aussi co-fondateur et directeur de la Fondation de l’Entre-Connaissance et prône le dialogue inter-religieux. A ses yeux, le terme d’inclusivité est désormais employé « dans tous les sens ». Il ajoute que « l’inclusivité souhaite aujourd’hui tout niveler par le bas ». S’il revendique évidemment que « chacun puisse pratiquer sa religion comme il l’entend », il ne comprend pas pourquoi cette formation politique « s’attaque au calendrier chrétien » et renchérit : « Être inclusif ne veut pas dire mettre tout au même niveau ». Hafid Ouardiri considère que la société est « riche et belle par la diversité, les particularités et les différentes cultures qui la composent. Le plus important est de respecter les différences et de laisser l’opportunité à chacun d’exprimer ses croyances ». Pour cela, il pense qu’il serait intéressant de « faciliter les célébrations des fêtes des autres religions en permettant à leurs pratiquants d’avoir droit à un jour de congé chômé et payé afin d’être dans l’égalité pour tous, comme c’est déjà le cas dans certaines entreprises ou organisations internationales ». Toutefois, il déplore dans le cas présent « un exemple d’instrumentalisation de la religion » et déplore qu’« aujourd’hui, on accuse souvent la religion de s’ingérer dans la politique et les affaires de la Cité alors qu’en réalité, c’est davantage le contraire ».

Un monde vide d’identités 

Une fois n’est pas coutume, UDC et communautés musulmanes pourraient-elles se retrouver sur la même longueur d’ondes ? Oui, à en croire Niels Rosselet-Christ, fraîchement élu Président du parti cantonal neuchâtelois. Selon lui, le calendrier helvétique se « fonde sur l’héritage judéo-chrétien de notre société ». Celle-ci « a pris ses racines dans le christianisme mais, que l’on soit croyant ou pas, bat encore à ce rythme comme le prouve le texte de la Constitution fédérale ». Il ajoute que « l’Islam n’est présent en Suisse que depuis une cinquantaine d’années ». Pour le reste, il affirme que « la communauté musulmane est reconnue » et relativise le caractère discriminatoire mis en avant par le compte Twitter des écologistes. Niels Rosselet-Christ observe « une provocation électoraliste » à quelques mois des scrutins fédéraux et « une attaque anticléricale de ce parti et de la gauche en général ». Selon lui, ce combat « se fait au profit d’un monde plus globalisé mais vide de toute identité ». En recul dans les sondages, les Jeunes Verts veulent selon lui « se renouveler et se cherchent une cause ». 

Pour les besoins de cet article, plusieurs cadres des Jeunes Verts ont été contactés sur différents supports pendant une semaine, sans qu’ils ne jugent utile de nous répondre. Une habitude…

Max Frei




Vis ma vie près d’un camp de gitans

Tenir un petit magasin dans un quartier investi par les gens du voyage : pas toujours simple. Une commerçante se dit abandonnée par les autorités. Nous sommes allés la rencontrer.

À ma sortie du métro, c’est un quai désert qui s’offre à moi en ce matin pluvieux. L’accès menant au parking où se trouvent les caravanes d’un campement, majoritairement occupé par des Français, est condamné. Je traverse le carrefour pour me rapprocher de la zone. Il faut relever que la communauté est installée à un endroit particulièrement bruyant, et qui ne doit pas toujours être agréable pour elle. Les lieux se situent entre l’un des carrefours les plus empruntés du sud de la ville de Lausanne et l’autoroute. Au loin, j’aperçois un homme d’une trentaine d’années en train de s’éloigner des caravanes. Il jette un gobelet sous un véhicule stationné et monte dans une voiture immatriculée en Valais. La météo n’est pas clémente et les occasions de dialogue sont rares. J’aperçois seulement au loin quelques femmes ou enfants entrer ou sortir d’une caravane. Je fais alors un tour extérieur, et je réalise que tous les accès par la route sont obstrués sauf un. De gros blocs de bétons ou une porte verrouillée empêchent l’accès aux autres chemins. Seule une entrée est maintenue, mais réduite dans le but d’empêcher les véhicules plus larges qu’une voiture de pénétrer. 

Un sentiment d’abandon

Direction le quartier de la Bourdonnette à proprement parler, lequel est situé à quelques mètres. J’y rencontre un jeune et je lui explique que je viens pour un média. Il reprend immédiatement son chemin, sans dire un mot. Un homme un peu plus âgé lui succède mais, trop peu à l’aise en français, il ne parvient pas à me renseigner malgré son désir assez vif de communiquer. Je me dirige alors vers un magasin d’alimentation. L’échoppe est sacrément bien approvisionnée, et j’y trouve la gérante. Une dame très agréable, la cinquantaine, elle-même issue d’une minorité visible. Je lui explique les raisons de ma venue et son récit fuse. Nous sommes seuls dans la supérette. Elle m’explique que ce n’est pas facile au quotidien, depuis quelques semaines. Souvent des groupes d’enfants viennent du campement et la « harcèlent », selon ses termes, pour acheter des puffs, ces petites cigarettes électroniques jetables qui font fureur chez les jeunes. Elle ajoute que « parfois ils volent aussi quelques bonbons ». Quelques jours auparavant, un groupe de jeunes essayait d’acheter une de ces puffs quand des agents de police sont arrivés. Soulagée, la femme leur a expliqué la situation. Elle affirme qu’un des policiers lui a répondu « qu’il n’était pas là pour ça et qu’elle devait appeler le 117 s’il y avait un problème ». Cette réponse l’a blessée, d’autant plus qu’elle regrette le caractère très sporadique, à son goût, des passages des forces de l’ordre dans une zone visiblement sous tension. 

Elle se fait le relais d’une des colères des habitants du quartier : ces derniers ne trouvent pas juste que des bennes à ordures soient installées pour les gens du voyage, alors qu’eux-mêmes payent des sacs-poubelle taxés 2 francs pièce, comme tous les ménages vaudois. Et lorsque l’on aborde la situation de manière plus générale, elle me spécifie qu’elle ressent davantage de racisme dans le quartier depuis l’arrivée des gens du voyage. Ce qu’elle me dépeint témoigne d’une drôle d’atmosphère dans ce quartier hautement multiculturel. En ce lundi terne, le calme semble n’être que de façade. 

Le ras-le-bol est-il si général que cela dans le quartier ? Nous avons posé la question à un élu socialiste fin connaisseur des lieux. Mountazar Jaffar, dont la famille vit toujours sur place, explique « qu’il existait effectivement une légère appréhension dans le quartier à l’arrivée des gens du voyage ». Il indique avoir « privilégié le dialogue afin de lever les préjugés que certains pouvaient avoir » et observe une évolution de la situation qui lui paraît plutôt positive. Si « l’atmosphère globale semble acceptable », il admet « qu’il peut aussi y avoir quelques problèmes quand même, principalement entre les jeunes » sédentaires et voyageurs. 

Pour le glamour, on repassera.

Un parcours d’évitement des étrons

S’il y a un problème auquel le centre droit semble vouloir s’attaquer, de son côté, c’est celui des excréments qui jonchent le sol des environs du campement. Mardi soir, lors du Conseil communal de la ville, une question urgente a été posée par le parti PLR sur l’impunité dont jouissent les gens du voyage à ce sujet. Question urgente, on l’a dit, mais réponse un peu moins puisque l’objet sera traité dans deux semaines. Au moment de la séance, une nouvelle visite des lieux retournait les estomacs les plus accrochés. Chose significative, « un cheminement piétonnier attenant permettant d’éviter cette zone a été privilégié afin de garantir le meilleur passage possible », explique la police municipale. 

Pour le Capitaine Jean-Philippe Pittet, responsable communication, la situation n’est toutefois pas dramatique. Pour les questions de harcèlement dénoncées par la commerçante, il note qu’« une ou deux situations similaires nous ont été signalées au début, mais ces agissements ont cessé ». Quant au sentiment d’abandon, son appréciation est aussi bien différente : « Nos policières et policiers de proximité patrouillent quotidiennement dans ce secteur et sont particulièrement à l’écoute des doléances qui leur sont remontées ; ils sont donc les bons interlocuteurs pour des problèmes touchant à la sécurité des personnes habitant, travaillant ou passant dans le quartier ». Et de conclure : « La situation des personnes du voyage, notamment en matière de capacité d’accueil, dépasse largement le cadre des frontières lausannoises, s’agissant d’une compétence cantonale. Pour cette situation actuelle au sud de la ville, des solutions sont mises en œuvre afin que la présence de ces personnes se déroule dans des conditions acceptables. La police traite les doléances qui lui parviennent et chaque jour des échanges ont lieu avec les personnes habitant dans ce secteur ».

Max Frei




Hier soir, on m’a appris à bloquer des routes

Depuis sa création en 2022, Renovate Switzerland fait couler beaucoup d’encre. Mais qu’enseigne-t-elle à ses « prospects » ? Nous sommes allés le voir par nous-mêmes lors d’une séance d’information. 

Pas une semaine ou presque sans que les militants de Renovate fassent parler d’eux dans les médias. Récemment, ils ont par exemple bloqué le tunnel du Gothard au début des vacances de Pâques en se collant à la chaussée, ou encore perturbé une cérémonie en mémoire du major Davel, héros vaudois. De quoi susciter bien souvent de l’agacement dans la population. Récemment, voyant qu’une séance d’information allait être organisée à Lausanne, j’ai saisi l’occasion d’y aller pour mieux comprendre le mouvement de l’intérieur.

En arrivant sur place, un simple bureau au centre de Lausanne, je rencontre le personnel du mouvement. D’abord une dame dans la soixantaine qui organise à proprement parler la séance. Ensuite un retraité venu témoigner de ses expériences au sein du collectif. Et enfin, le troisième, celui qui fera le gros de la présentation, un jeune homme de 20 ans qui étudie à l’EPFL. Après un rapide tour de table, où je me présente comme un curieux désireux de mieux connaître Renovate, un deuxième curieux débarque. Que des gens très gentils et accueillants, qui m’ont d’ailleurs directement proposé un verre d’eau. 

La séance commence, et le jeune orateur nous explique qu’il va nous tenir un discours qui sera peut-être « difficile à encaisser », et que si l’on se sent mal, nous sommes entièrement autorisés à sortir de la pièce « pour reprendre nos esprits ». Les émotions sont très rapidement placées au centre du discours. En effet, reconnaître nos émotions nous permettrait de mieux nous « reconnecter à la vérité ». L’intervenant développe ensuite la partie plus technique du propos avec des citations de différents scientifiques et rapports, tous décrivant l’urgence de la situation écologique. Il est également question des rapports du GIEC, dans lesquels les avis des experts ne seraient pas assez pris en compte selon lui. L’étudiant et activiste évoque alors les conséquences de cette ignorance, dont les crises migratoires, la famine et autres catastrophes qui « provoqueront des centaines de milliers de morts ». Nous avons, en somme, trop longtemps ignoré les signaux et devons désormais agir dans l’urgence, car selon la présentation, nous avons deux à trois ans pour déterminer le futur de l’humanité. 

Puis nous abordons la thématique de la désobéissance civile. C’est alors que l’orateur fait référence aux Freedom Riders aux États-Unis. À l’époque, ce mouvement avait bravé les lois afin de lutter contre la ségrégation qui frappait les Afro-Américains et avait provoqué des évolutions considérables dans la société. L’orateur évoque quelques exemples suisses également, comme la prison pour les hommes qui ne souhaitaient pas faire le service militaire avant la mise en place du service civil. Il établit ainsi divers parallèles entre ces mouvements et montre que « pour gagner une lutte il faut se battre ». Et d’ajouter qu’il est normal d’être « détesté » au début – comme un certain Martin Luther King.  

L’intervenant évoque plus directement Renovate dès cet instant. Le mouvement aurait deux objectifs : la rénovation thermique de toute une série de bâtiments d’ici 2030, ainsi que la reconnaissance de l’urgence climatique comme priorité absolue. La manière de procéder consiste principalement à organiser des blocages de routes et autoroutes. Les intervenants justifient cela en expliquant qu’après leurs deux premiers blocages, 150 articles leur avaient été consacrés. Une aubaine puisque le mouvement cherche à créer des blocages si importants qu’ils obligeront les autorités à prendre les mesures revendiquées. Quoi de mieux, dès lors, qu’un peu de publicité dans les médias. On bascule à ce moment dans une dynamique de recrutement : les organisateurs nous suggèrent plusieurs fois que notre décision ne concerne que nous. Nous sommes certes « souverains » concernant notre éventuelle implication qui se situe « entre nous et notre conscience », mais cette dernière « impacte la vie de tous ».

On nous précise aussi que se coller les mains à la chaussée ne représente qu’un pourcent des activités de Renovate, en présentant toute l’organisation nécessaire en coulisses. On nous présente ainsi différentes tâches qu’on peut accomplir sans se retrouver pour autant en première ligne. Lors d’un blocage, différents rôles apparaissent : il y a les « scarabées » qui bloquent la route, les « coccinelles » qui interviennent autour de cette première catégorie d’insectes en créant un contact avec les automobilistes bloqués, notamment, et enfin les « fourmis » qui coordonnent le tout. Les intervenants insistent sur le fait que les activistes sont réellement formés à la désobéissance civile et s’entrainent pour toutes sortes de situations. Et ne manquent donc pas de mentionner, une fois encore, les Freedom Riders comme référence. L’appropriation culturelle n’est pas loin !

La dernière partie de la séance est consacrée au témoignage, assez honnête, de l’expérience du retraité du trio. Poussé par son éthique personnelle, ce monsieur a participé à différents blocages en Suisse ces derniers mois. Il relève cependant les aspects négatifs de son engagement, en particulier les procédures judiciaires en cours. Il signale que les frais de justice sont élevés et qu’il faut en être conscient. Selon lui, la crainte d’avoir un casier judiciaire est un aspect qui empêche certains jeunes de se mobiliser, même si aujourd’hui, avoir un fait de militantisme dans son casier n’est pas forcément un mal. 

S’ensuit une petite discussion plus informelle qui clôture la séance, où l’on me propose quelques grissini à grignoter. Alors que les organisateurs recueillent nos impressions face aux « révélations », ils nous proposent de nous inscrire afin de recevoir toutes les informations nécessaires pour participer aux prochaines formations, plus pratiques. De petites discussions s’enchaînent et la femme déclare que « les policiers vaudois sont plutôt avec nous », en revenant sur les actions menées dans la région. Un privilège dont n’auraient pas pu se prévaloir les Freedom Riders, mais qui n’empêche pas le mouvement de s’étoffer jour après jour.

Max Frei