Si vous lisez notre journal de de longue date, sans doute aurez-vous remarqué la récurrence d’un thème auquel nous sommes trop peu souvent associés à notre goût : la quête d’un modèle économique à même, selon le socle de valeurs que nous revendiquons depuis nos tout débuts, de garantir « une économie privée garante de prospérité, dans le respect de la Création et du tissu social ». Cette exploration nous a notamment menés chez Hilaire Belloc, héraut du distributisme et chez bien d’autres théoriciens.
C’est dans cet horizon que nous vous proposons de lire cette chronique, sans cacher par ailleurs les liens professionnels qui nous rattachent à la société Innergia via l’activité de la raison individuelle « Pomey Communication ». Mais en quoi la lecture d’un livre d’homme d’affaires, au juste, peut bien résonner avec les préoccupations d’un journal qui revendique une fibre populaire ?
Pendant des décennies, la seule responsabilité sociale des entreprises, pensait-on, consistait à générer des profits immédiats. C’était la vision « amorale » de Milton Friedman, partagée y compris par ceux qui nourrissaient un souci écologique à côté de leur business. On considérait simplement qu’il s’agissait de sphères séparées et on misait sur la philanthropie pour réparer les pots cassés par le capitalisme.
Le retour de la boussole morale
Dans « The New Nature of Business », qui vient de paraître, le vice-président du groupe Roche André Hoffmann propose une vision des affaires qui rompt avec ce modèle. Donnant l’exemple de plusieurs sociétés engagées sur le chemin de la durabilité, celui qui est aussi un environnementaliste passionné montre comment la notion de capital doit être déployée au-delà de sa seule acception financière. C’est ainsi qu’il évoque aussi un capital naturel, social ou humain. Les notions de « boussole morale » ou de « bien commun », jusqu’ici peu prisées des capitaines d’industrie, sont également très présentes pour diriger l’action des sociétés engagées sur le chemin de la prospérité durable.
Au chapitre huit, l’ouvrage présente l’activité de l’entreprise Innergia, basée à Payerne. Active à Rossinière, Henniez ou encore Treytorrens, cette dernière offre une réponse unique à la crise énergétique globale. Les spécificités de son modèle : une valorisation des ressources communales, une collaboration avec les acteurs économiques régionaux et l’implication de la population via la création de coopératives citoyennes. Le tout, de manière 100% autofinancée. Comment ça marche ? Avec la création d’une société privée détenue à 49 % par la commune et à 49 % par une coopérative d’habitants qui permet aux collectivités d’obtenir des emprunts obligataires auprès d’investisseurs institutionnels et de caisses de pension suisses. Pour rendre tout cette transition locale possible, les collectivités apportent une garantie à leur société de Services Industriels Communaux (SIC) qu’elles contrôlent.
Et si, au lieu de refuser le libéralisme de l’extérieur, il n’était pas temps de le transformer de l’intérieur ? Avec Innergia et dans la continuité du travail mené jusqu’ici, nous espérons nous aussi apporter notre pierre à l’édifice de ce nouveau libéralisme coopératif. Puisse-t-il inspirer dans d’autres secteurs en crise, comme la santé par exemple.
Pour commander l’ouvrage, coécrit avec le journaliste Peter Vanham, sur le site de l’éditeur: https://www.wiley.com/en-cn/The+New+Nature+of+Business%3A+The+Path+to+Prosperity+and+Sustainability-p-9781394257546
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