Suisse condamnée par la CEDH : oui mais…

« On ne juge pas mieux parce qu’on juge de plus loin ». Voilà le titre que Yohan Ziehli, UDC et juriste, a choisi pour commenter sur son blog la condamnation de notre pays par la justice européenne, pour cause d’inaction en matière de lutte contre le climat. Trois points essentiels y sont passés en revue et permettent de montrer les enjeux de cette « grande victoire ».

Vous avez manqué ce texte sur nos blogs ? Il vous attend ici.

Sur nos blogs, d’autres textes valent le détour. Notre auteur Stev’ LeKonsternant, passionné par la pédagogie, nous propose par exemple une réfutation en ordre de l’idolâtrie des compétences, censées miraculeusement remplacer les connaissances, dans ce texte très fouillé. Plus nerveux, il s’attaque aussi au manque d’objectivité qui caractérise, selon lui, la couverture médiatique de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, dans un billet très frontal.

Enfin, on s’intéresse au tout numérique dans le domaine médical dans la nouvelle livraison –  la première dans l’espace qui lui est désormais dédié –  de Marie-France de Meuron.




Taupes, taupinières et taupiers

Sans taupes, pas de taupier. J’aime bien les taupiers depuis que j’ai lu Aline, le premier roman de Ramuz. Bien entendu, je ne savais pas, quand je l’ai lu, que je lierai ma destinée à celle d’une Aline. Un roman qui raconte une histoire tragique et surannée de jeune fille séduite et abandonnée qui se suicide en se pendant à un arbre (et qui tue par la même occasion l’enfant qu’elle porte) et qu’un taupier vaudois découvre au matin. Les taupes et les taupiers sont entrés dans ma vie.

Mais la taupe, ce n’est pas que ce petit mammifère aveugle. Une taupe, ça peut être un humain au regard bien aiguisé. Surtout s’il veut mériter son salaire de taupe. Car à quoi sert-il d’infiltrer une taupe chez l’ennemi si la taupe ne voit rien et n’a rien à raconter à son employeur ?

Un agent soviétique à L’Express

Il y a pourtant des taupes qui n’ont rien à raconter et qui n’en parlent pas moins. Ainsi, le pays voisin a failli sortir de son hébétude en découvrant que le sieur Philippe Grumbach, rédacteur en chef d’un de ses hebdomadaires de référence, L’Express, dans les années 1970, avait été un agent soviétique. Pour quiconque a lu le premier volume des mémoires de Catherine Nay, ça ne saurait surprendre : elle dresse du personnage un portrait si peu reluisant qu’il ne lui manquait que d’avoir en plus trahi son pays. 

Philippe Grumbach du temps de sa gloire, sur le téléjournal d’Antenne 2.

Certes. Mais dans la mesure où des hebdomadaires comme Le Nouvel ObservateurL’Express ou Der Spiegel ont fait infiniment plus de mal à la civilisation occidentale que n’auraient pu le faire des périodiques ouvertement communistes, on se demande à quoi servait la taupe Grumbach et ce qu’il aurait pu ajouter à ce pandémonium. Il faudrait plutôt se poser des questions sur le gros capitaliste qui possédait ce journal, le sieur Jean-Jacques Servan-Schreiber. Qu’est-ce que ce président du parti radical qui voulait supprimer l’héritage ? (Quand on voit où les droits de succession à 45% ont mené la France, on frémit à l’idée de ce que donneraient des droits de 100%). Qu’est-ce que cet ancien ministre de Giscard qui faisait partie des « visiteurs du soir » qui voulaient convaincre Mitterrand de mener une politique plus socialiste ?

À côté de la taupe inutile, il y a la taupe carrément nuisible : j’ai nommé le camarade Günter Guillaume, des services secrets de l’Allemagne de l’Est. La construction de taupinières ayant été le sport national des pays communistes, on pouvait en arriver au stade où il n’importait plus que la taupe apportât un avantage quelconque au camp socialiste. Or donc, la République démocrate allemande se frottait les mains d’avoir infiltré la taupe Günter Guillaume dans l’entourage de Willy Brandt, chancelier de la République fédérale allemande. Une analyse quelque peu objective de la situation aurait dû amener l’Allemagne communiste à penser qu’il était de son propre intérêt de ménager un homme d’État qui avait pris acte de la division de l’Allemagne et qui pensait qu’il était plus logique d’avoir des relations diplomatiques avec l’autre Allemagne que de nier la réalité. Que croyez-vous qu’il advint ? La taupe Günter Guillaume fut démasquée, et le scandale emporta Willy Brandt. À force d’envoyer des taupes creuser partout sous le sol ouest-allemand, la RDA venait de marquer un magnifique but contre son propre camp, en entraînant la chute du premier dirigeant du camp d’en face qui avait commencé à entrer en pourparlers avec elle.

Willy Brandt (à gauche) et la taupe Günter Guillaume à Niedersachsen, en 1974. (Bundesarchiv, B 145 Bild-F042453-0011 / Wegmann, Ludwig / CC-BY-SA 3.0)

Cher lecteur, je souhaite toutefois que ces deux exemples funestes ne t’amènent pas à mépriser les taupes et à mésestimer leur utilité. Pour un Guillaume qui a causé un désastre diplomatique, combien de taupes discrètes et efficaces qui, de leurs petites pattes, ont modifié le cours de l’Histoire. Depuis Pavel Makarov, l’aide de camp du général blanc Maï-Maïevski, qui travaillait en fait pour les Rouges, jusqu’aux quatre généraux du Guomindang qui renseignaient Mao Zedong. Mais la taupe la plus efficace de tous les temps, c’est une taupe qui s’était mis volontairement au service de la France contre l’Union soviétique ; une taupe qu’on n’avait même pas eu à infiltrer, puisqu’elle était déjà sur place : j’ai nommé l’immortel Vladimir Vetrov. Eh oui, c’est encore mieux quand on n’a pas à creuser soi-même la taupinière.

L’agent Farewell. L’homme qui a détruit la puissance militaire du bloc communiste en livrant aux capitalistes tout le réseau d’espionnage scientifique soviétique en Occident. Les mystères de la VPK… non pas vente par correspondance, mais военно-промышленная комиссия, la commission militaro-industrielle. 

Les taupiers soviétiques n’étaient visiblement pas plus efficaces dans la chasse au Vetrov que les taupiers ouest-allemands dans la chasse au Guillaume. Car enfin, Vetrov ne fut démasqué que lorsque toutes ses informations eurent été utilisées, parce que Mitterrand les avait livrées à Reagan, pensant que la taupe avait été démasquée… car le pauvre Vetrov était bien en prison, mais pour une affaire de crime passionnel.

Bon, ce n’est pas Hollywood qui vous apprendra que la modeste DST française a fait chuter l’Empire soviétique.

Pour le reste, il faut bien qu’on attrape des taupes de temps en temps. Mais si toutes les taupes étaient capturées, quel travail resterait-il encore aux taupiers ? Ayons donc pitié des taupes.




La brasserie de l’Abbaye de Saint-Maurice va se relancer avec une bière haut de gamme

Durant le carême, une figure bien connue des fidèles a refait son apparition lors des messes de l’Abbaye de Saint-Maurice : le père-abbé Jean Scarcella. Sans présider, le maître des lieux reprenait sa place parmi les siens, après s’être mis en retrait dans un contexte d’accusations d’abus qui le visaient lui et la communauté.

Pour de nombreux habitués, ce retour de Mgr Scarcella est porteur d’espoir. A la sortie de la messe, on s’accorde aujourd’hui à affirmer que les soupçons qui pesaient contre lui, ou contre le prieur Roland Jaquenoud, n’ont débouché sur rien. Le climat douloureux, espère-t-on, ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir. Selon certains, une déroute électorale menacerait même Christophe Darbellay, chef du Département valaisan de l’économie et de la formation. Opportuniste, sa récente décision de changer le nom du « lycée-collège de l’Abbaye de Saint-Maurice » en « collège de Saint-Maurice » aurait retourné l’opinion en faveur des chanoines.

Les distributeurs ne bougeront pas

Dans le contexte des révélations, deux partenaires commerciaux de la brasserie de l’Abbaye avaient décidé de subitement cesser la collaboration : l’entreprise vaudoise Amstein SA ainsi que la Coop. Le contexte étant à l’apaisement, ces deux sociétés vont-elles relancer la distribution des breuvages chablaisiens ? « Pour le moment nous n’avons pas prévu de redistribuer les bières », répond laconiquement Amstein. Quant à Caspar Frey, porte-parole de la Coop, il n’est guère plus bavard : « Nous vous prions de comprendre que nous ne nous prononçons pas publiquement sur les décisions concernant l’assortiment. » Au cœur de la crise, la coopérative avait eu moins de pudeurs à expliquer que la fin de la mise en vente visait à se distancier « de ces événements présumés », comme le mentionne un article de janvier de la RTS.

Avec ces prix cassés, les dégâts sont encore visibles sur le site de l’Abbaye.

Réorientation stratégique du côté de la brasserie

Pas de quoi faire paniquer le président de la brasserie, Pierre-Alain Cardinaux. « Début 2023, avant les affaires de l’Abbaye, nous avions revu toute l’organisation de la brasserie. Nous voulions réduire le volume et avoir une organisation moins coûteuse. » Dès lors, précise-t-il, les effets liés aux affaires ont eu peu d’influence : « Nous avons pu absorber sans problème ! » Reste que les stigmates sont encore bien visibles en ligne avec des boissons vendues à CHF 2.- pièce au lieu de CHF 4.50, sur le site de l’Abbaye.

Pour découvrir le nouveau partenaire brassicole de l’Abbaye et sa stratégie 2024-2025 dans la suite de cet article, merci de vous connecter ci-dessous ou de prendre un abonnement.

Le nouveau partenaire est connu

Alors que l’objectif initial de la brasserie était bien plus élevé, elle vise désormais 100’000 bouteilles vendues par année. « Nos produits sont bons et appréciés. Cet objectif est réalisable en 2025 ! ». 2024 sera donc l’année de transition, marquée par une nouvelle stratégie : non seulement réduire l’offre, mais aussi proposer une toute nouvelle bière haut de gamme. « On réduit le volume mais on va augmenter la qualité et surtout être plus exclusif et proche de nos clients », décortique Pierre-Alain Cardinaux. « Créer des liens avec l’Abbaye » figure aussi parmi les axes de cette nouvelle politique. Après l’échec du rapprochement avec la société Martigny Brewing, durant la crise, c’est désormais en collaboration avec la brasserie La Mine, située à Bex, que seront désormais produites les bières. Et Pierre-Alain Cardinaux de rappeler en guise de conclusion : « L’Abbaye produit aussi des vins. Cette année, on va sortir deux Premiums : un chardonnay et un merlot en fûts ! La Cave Montreux Riviera transforme actuellement ces deux vins qui sortiront en fin d’année. Nous allons unir nos forces pour le marketing. »

Patron des Biérosophes, cave spécialisée au centre d’Yverdon-les-Bains, Alain Kaehr n’a aucun doute, les breuvages de l’Abbaye n’ont pas connu la crise à cause de leur qualité intrinsèque. « La difficulté de les vendre vient uniquement des affaires les concernant, les gens étant sensibles à tout ce qui se passe. Yan Amstein les a sorties de l’assortiment et je doute fort qu’il change d’avis de sitôt. »




« Tant qu’il n’a pas démissionné officiellement… »

« Le monde est grand, plus grand qu’un village rupestre où les gens pensent qu’ils vont sauver la planète en cessant de manger de la viande ou de rouler en voiture. Alors autant laisser mon siège à quelqu’un de plus docile que moi. » Voici comment le conseiller communal yverdonnois Ruben Ramchurn, connu pour un goût de la provoc’, a expliqué hier ses envies d’ailleurs dans nos colonnes.

Au cœur de multiples affaires judiciaires, l’ancien président de la section de la Cité thermale ne le cache pas, sa vie nouvelle entre Dubaï et l’Île Maurice ne vise pas qu’à développer un nouveau business, centré sur la compensation carbone maritime. Elle aura aussi pour effet de rendre « plus compliquées les poursuites envers (lui), et (à éviter) de continuer plus longtemps à financer un État de Vaud qui (le) persécute ». 

Révélée par Le Peuple cette décision génère de nombreuses réactions, parfois très ironiques. Exemple avec un détournement sur la page Instagram Memes du Léman, pourtant marquée à droite. 

On ne se fait pas de cadeaux entre camarades, à droite aussi.

Quant à la gauche, que n’a jamais épargnée le « Trump du Nord Vaudois », comme l’appelaient certains, elle n’est pas en reste, à l’image du socialiste de Nyon Yves Pinto Félix :

Ls Suisse, un pays à fuir ?

Plus concrètement, quelles conséquences aura cette rupture annoncée avec la Suisse ? Dans notre entretien, Ruben Ramchurn affirmait qu’il envisageait de rester membre de l’UDC, même s’il souhaite remettre son siège au législatif yverdonnois. Mais quelle peut-être la posture d’un UDC réfugié à l’étranger pour échapper à la justice ? Le parti agrarien peut-il accepter en son sein une personne, aussi, qui aime désormais présenter la Suisse comme un pays bien moins moderne que Dubaï, sous prétexte que ses magasins ferment trop tôt ou que sa fiscalité est trop élevée ? 

Au sein du parti, le scepticisme est de mise. Certains conviennent que leur collègue, certes, n’est « pas un mauvais bougre », mais se disent soulagés de voir s’éloigner une personne « toujours dans l’excès ». Un cacique relativise cependant : « Tant qu’il ne démissionne pas officiellement… »

Qu’en dit le président de l’UDC Vaud, Kevin Grangier ? Contacté mardi matin, ce dernier reste très prudent : « À la suite de la publication de l’article du Peuple, Ruben Ramchurn m’a confirmé son intention de réorienter ses priorités en se focalisant sur ses activités professionnelles. Apparemment, cela aura une influence sur son engagement politique et si tel est le cas, l’UDC Vaud en prendra acte le moment venu. »

Une grosse accélération et un pied de nez

Mardi Matin, Ruben Ramchurn nous a fait savoir qu’il n’entendait plus répondre à la presse avant quelques jours, afin de profiter des joies de Dubaï. Il nous a toutefois envoyé une vidéo présentant les plaisirs de son quotidien.

Visiblement, il n’y a pas de radars.

Pas certain que la justice vaudoise, à laquelle il demande de payer l’avion pour se rendre à une convocation prévue le 18 avril prochain, apprécie particulièrement.

Commentaire

Avec une sensibilité totalement libérale, Ruben Ramchurn n’a jamais été une figure UDC chimiquement pure. Fan de clubbing, peu porté sur les valeurs traditionnelles, participant à la Gay Pride, il détonnait au sein d’un parti dont le conservatisme demeure relativement vigousse dans le canton de Vaud. Comment gérer un tel profil au sein d’un formation en quête de respectabilité depuis des années sombres ? Comme faire cohabiter l’Agitprop et la course au Conseil d’État ? Face à ces enjeux, le « trublion » avait la sagesse de limiter son action politique (tonitruante) au niveau de sa ville d’Yverdon-les-Bains. Pour les coups d’éclat médiatiques, en revanche, la Suisse entière lui servait de terrain de jeu.

Malheureusement, les excès inhérents à son style ont parfois fini par lasser. Pire, les combats de l’homme aux trois passeports – suisse, français et mauricien – ne lui valent plus guère qu’un étau judiciaire qui, jour après jour, semble se resserrer. Une installation définitive sur l’Île Maurice le mettra-t-il réellement à l’abri ?  Sera-t-elle même si facile dans un contexte personnel délicat ? Les questions, à la fois juridiques, politiques, diplomatiques peut-être, sont nombreuses.

Quoi qu’il en soit, le destin politique de l’élu UDC semble avoir pris un sérieux coup. Les séances du Conseil communal d’Yverdon-les-Bains, assurément, deviendront plus courtes. Mais toute démocratie a besoin de ses poils à gratter et on se demande bien qui pourra endosser ce rôle dans la Cité thermale, désormais.  Peut-être cette personne se trouve-t-elle aujourd’hui hors du champ politique institutionnel.




Duel avec un gaucho

C’est le fond sonore idéal pour éplucher vos oignons ce soir : nous avons compilé pour vous les meilleurs moments de la semaine d’émission que nous avions passée en compagnie de Duja, dans La Chose Publique, sur Couleur 3.

Au menu, pas mal de vannes, de la bonne humeur mais du fond, aussi. Ou quand le dialogue l’emporte sur les divergences idéologiques.

Merci de partager cette vidéo si elle vous plaît !




Ruben Ramchurn : « Le Canton de Vaud, c’est derrière moi ! »

En ce début de lundi après-midi, ce n’est ni du bord d’une piscine luxueuse, ni d’une voiture surpuissante, mais depuis un appartement situé au 29ème étage d’une tour de Dubaï que Ruben Ramchurn nous appelle. Si l’énergie caractéristique du personnage est au rendez-vous, quelque chose de nouveau se dégage : de la sérénité sans doute, comme souvent lorsque l’on a pris une décision après avoir trop longtemps tergiversé.

Il faut dire que ces derniers temps, les nuages s’accumulent au-dessus de la tête du « trublion » de la politique yverdonnoise. Citons par exemple une condamnation pour son combat contre les mesures Covid, ou un premier désaveu de la justice dans le cadre d’une plainte pour diffamation déposée par la municipale PS Brenda Tuosto. Mentionnons enfin un mandat de comparution pour rencontrer ces fameux dealers présumés qu’il attaque depuis des mois dans des vidéos. 

Ruben Ramchurn, ces différentes affaires ont-elles fini par avoir raison de vous ?

Je ne veux pas revenir dans le détail sur chacune d’entre elles, mais pensez à ceci : on m’interdit de nommer la personne responsable du projet d’agglomération de 4e génération à la Municipalité d’Yverdon-les-Bains. Comment voulez-vous que je fasse de la politique dans ces conditions ? Est-ce que je dois faire comme tout le monde, venir prendre mes jetons de présence pour bénir l’action d’un exécutif qui dysfonctionne ? Cette décision, en outre, me semble avoir été prise avec un certain amateurisme : elle mentionne par exemple que j’ai près de 5000 abonnements sur « X » (ndlr. ex-Twitter) alors que le chiffre important pour évaluer la portée de mes publications aurait été celui de ceux qui suivent mes publications sur ce réseau social, à savoir mes abonnés (ndlr, 1149, hier).

Vous diriez-vous fatigué de la politique, également ?

En tout cas j’en suis arrivé à la conclusion que cela ne servait à rien de faire un travail de conseiller communal. Cela me coûte cher, me bouffe du temps et de l’énergie, et ne m’apporte rien. Au bout du compte, je me retrouve toujours seul avec mes frais de justice. Souvent au PLR ou même à l’UDC, les gens me disent qu’ils sont d’accord avec moi sur le fond, mais me laissent aller seul au casse-pipe pour des idées qu’ils prétendent partager.

Ouvertement « gay-friendly », Ruben Ramchurn (ici avec son colocataire Christophe Lopretti) n’hésitait pas à bousculer les codes de son parti, comme ici en participant à la Gay Pride de Bulle en 2022.

C’est donc fini pour vous, le Conseil communal ?

Pour l’instant, oui. De toute manière sous cette législature, il n’y pas de rôle possible pour moi. Si je ne peux plus parler de mobilité sans me prendre des procès, cela signifie qu’on est entré dans une situation soviétique. Après, est-ce que je reviendrai un jour ? Je ne peux pas complètement l’exclure, mais ça me semble très hypothétique.

Vous ne voyez plus votre futur à Yverdon-les-Bains ?

Le monde est grand, plus grand qu’un village rupestre où les gens pensent qu’ils vont sauver la planète en cessant de manger de la viande ou de rouler en voiture. Alors autant laisser mon siège à quelqu’un de plus docile que moi, tandis que je me concentre sur des projets professionnels. En revanche, je suis membre de l’UDC depuis plus de vingt ans, bien avant mon engagement dans un législatif donc, et je vais le rester. De même, j’ai un attachement pour ma ville qui ne va pas s’éteindre en claquant des doigts, mais je ne veux plus rien avoir affaire avec le Canton de Vaud.

Plages paradisiaques, plongée et chemises ouvertes. La vie d’entrepreneur à la mauricienne.

Concrètement, vous voulez déménager ces prochains mois ?

Oui, je veux officiellement déplacer mes papiers sur l’Île Maurice. Cela rendra plus compliquées les poursuites envers moi, et ça m’évitera de continuer plus longtemps à financer un État de Vaud qui me persécute. En fait, mon erreur a été de croire trop longtemps à la justice. J’aurais dû écouter mon ancienne compagne (ndlr. l’ex-directrice du parc technologique Y-Parc, mystérieusement agressée en 2021) qui a compris avant moi qu’il fallait partir pour voir plus grand.

Le président de l’UDC yverdonnoise, Christophe Loperetti, est actuellement votre colocataire. Est-ce que votre décision changera quelque chose pour lui ?

Il restera mon colocataire et mon meilleur ami. J’ai confiance en lui pour mener à bien ce qui peut l’être au niveau politique, mais je l’inciterai aussi à ne pas s’attirer autant d’ennuis que moi. Notez que nous remportons parfois des victoires, comme pour sauver la mobilité sur la rue de la Plaine, mais à quel prix ! Autant me concentrer sur ma vie.

Vous « concentrer sur votre vie », si l’on en croit vos réseaux sociaux, ça veut dire faire la fête et de la plongée. Y a-t-il un peu plus que ça ?

Oui je lance un business et je passe la plus grande partie de mon temps à travailler ou à mener des rendez-vous d’affaires. Simplement, ce n’est pas ce qu’on montre sur les réseaux sociaux pour faire rêver. La grande leçon que j’ai retenue durant la période Covid est la suivante : pour vivre libre, il faut devenir un pirate, vivre au-delà des frontières, s’affranchir d’un enracinement forcé. Ce constat est le fruit d’une longue réflexion amorcée avec La Grève de l’écrivain Ayn Rand : quand on a face à soi un système qui devient complètement fou, on peut le combattre, mais on peut aussi le fuir au moins sur le plan fiscal. 

Qu’est-ce que vous pouvez nous dire du projet que vous lancez ?

Je monte une compagnie dans le domaine de l’écologie. Vous savez, je ne nie pas les défis environnementaux, d’autant plus que je me passionne pour l’océan depuis longtemps. Simplement, le débat sur ce thème est pourri en Suisse. Plutôt que de l’utiliser pour attaquer les libertés individuelles, on devrait mener des combats écologiques à travers les mécanismes libéraux. 

Poseidon-C, le projet sur lequel je travaille entre l’Île Maurice et Dubaï, sera actif dans la compensation carbone maritime. Le cœur de son activité consistera à restocker du carbone dans l’océan. Je présenterai cela en détails quand le site poseidon.earth sera lancé, ce qui est imminent.
 




Depardieu : après l’émotion, bilan d’une éviction

« On passe du siècle des Lumières au siècle des ténèbres ». Voilà ce que dénonçait Me Hayat, spécialiste du phénomène « #MeToo », lors d’une émission d’Infrarouge de janvier consacrée à la déprogrammation de Gérard Depardieu. Plusieurs acteurs du monde culturel ainsi que le directeur de la RTS lui-même, M. Pascal Crittin, se trouvaient autour de la table.

Pour rappeler le contexte, le service public suisse venait de renoncer à diffuser un film avec Depardieu (à savoir Maison de retraite, 2022) en conséquence d’un Complément d’enquête diffusé le 7 décembre sur la chaîne France 2. Il ne s’agissait en aucun cas d’une sanction prononcée à la suite des accusations de viols et de harcèlement qui pèsent sur le comédien depuis belle lurette – sujet qui ne sera d’ailleurs pas traité dans cette chronique – mais bien d’une réaction au travail des journalistes de France 2. Lors du débat, Pascal Crittin avait soutenu que cette décision ne constituait pourtant « ni un acte de censure, ni un acte de procureur ».

Le visuel de l’émission consacrée par la RTS à sa propre décision « d’annuler » l’acteur.

Retirer un film d’une chaîne du service public suggérait le contraire. Après tout, cette sentence allait entraîner des conséquences importantes dans la mesure où elle rendrait une œuvre inaccessible aux spectateurs, une fois « retirée du menu ». Alors pourquoi une telle déclaration ? En fait, il s’agit de ce qu’on appelle une « prolepse », à savoir une figure rhétorique qui consiste à réfuter à l’avance une objection possible. Dans ce cas, elle visait à clore le débat d’une part, mais sans doute aussi à se donner bonne conscience.

À l’origine de la sanction, des suppositions

Si le procureur porte les accusations durant un procès, force est de constater que la RTS a agi de même, sanctionnant Gérard Depardieu en amont d’une réelle décision de justice. Malgré les dénégations de M. Crittin, empêcher la diffusion d’un film après un reportage constituait de fait une prise de position : une telle politique supposait que les accusations de France 2 étaient honnêtes – ce qui ne semble nullement évident à la lumière des accusations de l’avocat français Jérémie Assous. La parole de cet homme de loi n’est pourtant pas sans importance puisqu’il s’agit du représentant de Yann Moix, auteur des images utilisées dans le reportage de Complément d’enquête. De quel droit une chaîne comme la RTS peut-elle décréter qu’il divague ? Il faut ajouter à cette réfutation une tribune signée par la famille de l’acteur, publiée le 17 décembre dans le Journal du Dimanche. Ce texte évoquait un « montage frauduleux ». Selon son entourage, Depardieu n’aurait par exemple jamais fait d’allusions sexuelles à propos d’une fillette, comme l’indiquaient les journalistes. Qui dit vrai, qui dit faux ? Il ne nous appartient pas d’en juger, même avec le recul. Reste que la déprogrammation de Depardieu de la RTS n’apparaît toujours pas comme « acte de neutralité » ou de « réserve », même des mois plus tard.

Lors du débat d’Infrarouge, le comédien et metteur en scène suisse Matthieu Béguelin soulevait un autre aspect qui mérite notre attention : diffuser un film, rappelait-il, ne signifie nullement cautionner le mauvais comportement d’un comédien donné. Comment une chaîne de télévision pourrait-elle avoir cette ambition, d’ailleurs, à moins de mener une enquête de moralité concernant toutes les personnes impliquées dans des œuvres collectives ?

Le statut de l’œuvre en question

En fait, l’œuvre d’art, une fois créée, prend en quelque sorte son indépendance et acquiert une existence distincte du créateur. Il serait en conséquence inapproprié de faire subir au travail de l’artiste les fruits de son comportement ; personne n’imagine retirer les toiles du peintre Caravage des musées à cause de son parcours meurtrier. De plus, le cinéma possède une caractéristique qui le distingue d’autres formes de création : il est éminemment collectif. Comme le rappelle l’historien américain du cinéma David Bordwell, un film doit être produit. Cela signifie que plusieurs personnes, en plus du réalisateur, interviennent au cours du processus de création qui se parachève par la sortie du film au cinéma. De fait, la production d’un long-métrage débute avec l’écriture du scénario. Au vu de la multitude d’acteurs concernés, est-il juste de tous les sanctionner ? Imaginerait-on concrètement voir disparaître le film J’accuse du palmarès des Césars en 2020 en raison du crime que Polanski a commis durant les années 1970 ? Ou être témoin d’un retrait du travail de Tarantino, car souvent produit par Harvey Weinstein, violeur en série ?

Rôles secondaires et présence à l’écran

Sur ce point, la RTS explique son raisonnement de la manière suivante (voir notre entretien en annexe) : si un comédien joue un rôle important dans un film donné (ex. : Maison de retraite), alors le film doit être déprogrammé en cas de comportement répréhensible. En revanche, si le rôle n’est que secondaire (ex. : Illusions perdues, 2021, qui a bel et bien été diffusé), le film est maintenu. Un tel choix éditorial a de quoi étonner. En effet, si le but de la démarche est de protéger la sensibilité d’une partie du public en ne « faisant pas entrer Depardieu dans les salons à Noël » (comme l’a expliqué M. Crittin), comment expliquer de manière cohérente le maintien d’un autre film avec le même comédien pendant la même période des fêtes ? Une explication fondée sur le simple temps de présence à l’écran peine à convaincre. Par exemple, dans le fameux long-métrage Apocalypse Now (1979) de Francis Ford Coppola, le colonel Kurtz (magistralement interprété par Marlon Brando) s’avère être un des personnages centraux du film malgré ses rares apparitions. C’est effectivement pour se lancer à sa recherche que le capitaine Willard (joué par Martin Sheen) entame une longue traversée de la jungle vietnamienne. Même sans directement se manifester à l’écran, le personnage de Kurtz est central dans l’histoire du film.

Au cours du débat d’Infrarouge, plusieurs intervenants ont déclaré qu’on leur prêtait des intentions qu’ils n’avaient nullement. Tel serait le cas de Valérie Vuille, directrice de l’institut suisse décadréE qui affirmait ne jamais avoir fait mention d’effacer ou de brûler des œuvres. Pourtant, la conséquence d’une de ses positions – celle de n’établir aucune distinction entre l’artiste et son œuvre – est de justement censurer (ce qui équivaut à brûler et effacer) le travail d’une personnalité qui poserait un problème dans la vie privée. De la même manière, bien que l’intention de M. Crittin ne soit pas de contribuer à la censure de l’art, la décision de sa chaîne y contribue. On peut bien sûr apprécier que la RTS n’ait jamais fui le débat qu’elle a créé, mais un malaise subsiste. À la lumière des arguments exprimés pour justifier la déprogrammation de Maison de retraite, le service public semble avant tout avoir eu la volonté de se trouver dans « le camp du bien » ; celui des progressistes qui sanctionnent tout artiste au comportement considéré comme inacceptable.

Un public coupé en deux

Le média infantilise son audience en choisissant à sa place le type de contenu auquel il devrait être exposé. La RTS semble aussi favoriser une certaine partie du public au détriment d’une autre. Bien que saluée par le conseiller national Les Verts Nicolas Walder dans Le Temps, la décision de donner la priorité à un certain segment des spectateurs est délétère : une telle stratégie de communication risque en réalité surtout d’en aliéner la majorité. Pour finir, il convient de rappeler les inquiétudes exprimées par Me Hayat durant le débat d’Infrarouge. Selon elle, le mouvement « #MeToo » contourne l’espace judiciaire pour condamner des individus, et ce au mépris des principes juridiques fondamentaux suivants : la prescription ainsi que la présomption d’innocence. Bien que la décision de la RTS ne soit pas la conséquence des accusations de viols qui pèsent sur Gérard Depardieu, il est difficile de ne pas relever son aspect « justicier », comme si la chaîne souhaitait s’ériger en véritable « tribunal médiatique ». La déprogrammation de ses films contribuera probablement à la banalisation d’« exécutions publiques iniques ».

La déprogrammation de ce film est à l’origine
d’une tempête médiatique pour la RTS.

Les explications de Marco Ferrara, porte-parole de la RTS

La position de la RTS reste celle étayée durant la période des Fêtes. Notre directeur, Pascal Crittin, en a fourni une explication complète et détaillée lors de l’émission Infrarouge du 10 janvier 2024.

Programmer un contenu ou le remplacer en fonction de son adéquation au contexte fait partie du quotidien de chaque média. Lorsque nous pressentons qu’une partie du public pourrait se sentir heurtée par une œuvre ou une personnalité jusque-là acceptée, nous écartons celle-ci de notre programmation, ne serait-ce que de manière momentanée. Ce type de choix intervient fréquemment pour toute sorte de programmes. Exemples : ce fut le cas avec Pierre Palmade à la suite de l’accident mortel où il a été impliqué, mais aussi avec un documentaire sur un religieux du Proche-Orient mis de côté, car le contexte avait changé lors de l’éclatement de la guerre à Gaza.

Nous touchons un très large public et devons donc tenir compte de toutes les sensibilités. Dans le cas de Depardieu, après la vague émotionnelle constatée autour de cet acteur depuis le reportage de France 2, nous avons décidé de ne pas ajouter de heurt ni de choc émotionnel pour une partie de la population. Et nous savons que dans de telles situations, quelle que soit l’option retenue (diffuser ou ne pas diffuser), nous serons critiqués par une partie du public. Pascal Crittin a aussi indiqué humblement qu’il n’y a pas de science exacte en la matière et cette difficulté fait justement partie du métier de programmateur.

Il n’y a aucune censure ni aucune atteinte à la présomption d’innocence, pour deux raisons : d’abord parce que nous n’avons effectué aucune déprogrammation lorsque les premières accusations de viol ont été portées contre Gérard Depardieu ; ensuite, parce que nous maintenons sur Play RTS nos émissions avec Gérard Depardieu dont de nombreuses interviews, pour celles et ceux voulant les visionner en toute liberté de choix. À l’antenne, nous diffusons des films où il n’a qu’un rôle secondaire et ne mettons de côté que les films le valorisant en rôle principal. Ce choix a été motivé par la teneur des propos de Gérard Depardieu, qui sont directement arrivés dans les foyers via les images révélées par France 2 et face auxquels aucune télévision n’est restée inerte, que ce soit la RTS en Suisse, la RTBF en Belgique, France Télévisions et même les grandes chaînes françaises privées.

Tenir un rôle principal suppose une importante responsabilité pour l’acteur concerné face à toute l’équipe du film, pendant et après le tournage : ce ne sont pas les chaînes de télévision francophones qui décrètent cet état de fait, mais le public, qui désormais se manifeste lorsqu’une situation le heurte, comme ce fut le cas avec l’émoi généré par les propos de l’acteur. La problématique n’est pas comparable aux films de Quentin Tarantino produits par Harvey Weinstein, car ce dernier n’y tient pas de rôle valorisant sa présence à l’écran.




« L’Élu » continue d’illuminer les salles obscures romandes

« Avec une soixantaine de spectateurs, ce soir, on s’est payé le luxe de faire mieux que le blockbuster ‘‘Dune’’, dont c’était pourtant le jour de sortie! » C’est presque un miracle mais accompli au milieu des cornets de pop-corn… Nous sommes à Aigle (VD) le mercredi 28 février devant le cinéma Cosmopolis. Il est 23h et Vincent Lafargue triomphe non sans humour. Âgé de 49 ans, ce prêtre, aumônier à l’hôpital de Rennaz, est aussi un cinéphile averti. Le Genevois a même une longue carrière de comédien derrière lui puisqu’il n’a été ordonné qu’à 35 ans. Il est bien placé pour apprécier The Chosen (ndlr : soit L’Élu ou Les Élus en français)… « Une série où l’on découvre un Jésus pleinement humain qui ne révèle sa nature divine que par touches. Soit l’inverse de ce à quoi on avait été habitué jusqu’ici par exemple dans l’incontournable  ‘‘Jésus de Nazareth’’ de Franco Zeffirelli. » Une série aussi que le rédacteur-en-chef de Le Peuple avait d’ailleurs eu l’heur de présenter lors de sa première projection à Orbe en février 2022.

Ce soir, comme cela se fait depuis bientôt deux ans à Aigle, Orbe, Vevey mais aussi Martigny dans les salles de la société Cinérive SA, deux épisodes de cette série américaine, consacrée à la vie du Christ mais aussi et presque surtout à celles de ses apôtres, viennent d’être diffusés à la suite. Cette production, soutenue par les milieux évangéliques étasuniens et lancée par « crowdfunding » en 2017 avec un souci assumé d’évangélisation, n’en finit pas de cartonner. Avec plus de 10 millions de dollars récoltés, elle constitue toujours le plus important financement participatif de l’histoire pour une série télévisée. Début février dernier aux USA, la saison 3 caracolait même à la seconde place du box-office, où il y a pourtant une sacrée concurrence, avec 6 millions de dollars de recettes. 

Une première mondiale romande !

Étonnement, c’est en Suisse romande qu’a eu lieu une première mondiale la concernant : c’est chez nous, dès février 2022 que les saisons complètes de la série ont été projetées pour la première fois en salle !  Ces évènements sont organisés en partenariat avec la Fondation Régénération qui a comme vocation de soutenir la production de films et documentaires d’inspiration chrétienne en Suisse Romande. « Les diffuseurs Français ne croyaient pas que cela aurait marché », rappelle Christophe Hanauer. Le cinéaste Gruérien d’adoption, Alsacien d’origine et protestant de confession, est à l’origine de la  diffusion en Suisse. Il a eu le nez creux. Sa société Millenium Production, basée à Gumefens (FR), détient les droits de The Chosen pour notre pays. Avant lui, la série n’avait été diffusée que sur Netflix et à la télévision.

« La Suisse romande est le premier territoire au monde où la série a été diffusée au cinéma », Christophe Hanauer, cinéaste et producteur. 

Dans les salles obscures romandes, elle marche fort. « Certaines soirées ont charrié près de 200 personnes même si cela s’est un peu calmé depuis que la chaine française C8 diffuse tous les épisodes d’une même saison sur une période assez ramassée (ndlr : à Pâques pour la saison 4). Au total, près de 1’500 billets ont été achetés sur les deux premières saisons », récapitule Laurence Gammuto. Un score plus qu’honorable pour une poignée de soirées. Et encore, l’organisatrice des « séances d’inspiration chrétienne » chez Cinérive SA ne parle là que pour ses cinémas mais l’initiative a fait des émules ailleurs. The Chosen a ainsi été diffusé du côté de Bulle, Sainte-Croix, Morges, la Chaux-de-Fond, Neuchâtel ou encore Moutier. 

« Notons qu’il est possible aussi d’organiser gratuitement des « ciné-paroisses » des saisons antérieures », ajoute Christophe Hanauer. Pour lui, le succès de The Chosen est multifactoriel. « Le message des Évangiles est intemporel, intergénérationnel et universel. La série comporte tous les ingrédients d’un scénario parfait. Le mystère, des personnages attachants, un héros sacrificiel et même un happy end avec la résurrection. On est dans un optimum narratif avec des acteurs excellents », résume le professionnel de 43 ans qui est aussi l’auteur des 7 églises de l’Apocalypse. Cette série documentaire très remarquée a donné lieu à la commande de deux longs métrages diffusés dans 400 salles de cinéma aux Etats-Unis ! Un succès rarissime dans l’histoire du cinéma helvétique pour celui qui se dit « persuadé que la Suisse romande a un message et un héritage de foi à faire entendre dans le monde ».    

Une majorité de spectateurs évangéliques

Laurence Gammuto est conquise. Elle a vu tous les épisodes diffusés en salle. Bien que son cinéma de Vevey serve de lieu de réunion à des chrétiens chaque dimanche matin depuis 7 ans, elle a dû insister pour vaincre les réticences de certains collègues. Ces derniers redoutaient que les projections, suivie d’un temps d’échanges, ne se transforment en séances de prosélytisme. « Ce n’est pas le cas, se félicite la Vaudoise de 58 ans. Certains spectateurs se montrent parfois même très critiques comme cet homme qui estimait sans complexe que la série n’était qu’une ‘‘soupe indigeste’’. » La quinquagénaire a la Foi. Elle a été très touchée par certains épisodes. « Notamment celui dans lequel Jésus explique de manière simple et fluide à un disciple que tous les handicaps n’ont pas vocation à être guéris mais plutôt à être traversés pour s’élever. Cela m’a ému moi dont le fils est en chaise roulante », confie-t-elle avec pudeur.

Anne-Sylvie Martin et l’abbé Lafargue, co-animateurs du temps de parole sur la série lors de sa diffusion à Aigle.

Anne-Sylvie Martin, qui co-anime ce soir le temps de parole à Aigle, est conquise également. « Cette série dresse un portrait touchant des apôtres et c’est à travers leurs regards que l’on découvre un Jésus tendre, proche et avec même pas mal d’humour. Ces gens n’avaient pas grand-chose en commun et chacun leurs blessures. On est touché de les découvrir si humains ! » La diacre de l’Église évangélique réformée vaudoise constate que le public est en grande majorité constitué de croyants. La plupart ont plus de 50 ans. Ce sont des évangéliques mais une grosse minorité est catholique ou protestante. Un public de convaincus donc qui tendrait à laisser penser que l’objectif d’évangélisation initial ne prend guère… «  Ces personnes ne sont pas forcément de grands habitués des cinémas car nombre de grosses productions peuvent venir heurter leurs valeurs et elles les évitent donc », souligne quoi qu’il en soit Laurence Gammuto. 

5% de bible et 95% de talents

À l’heure du micro-trottoir, par contraste, plusieurs d’entre elles en tous cas, nous font part spontanément de la révolte et du dégoût que leur avait inspiré « La vie de J.C. » (2021), série parodique, il est vrai assez médiocre, de la RTS. « Cette production, financé avec de l’argent public, tirait les gens vers le bas dans les rires gras. Avec The Chosen, au contraire, le spectateur est susceptible de s’élever en questionnant ou approfondissant sa Foi et sa vision de Jésus », explique le couple de retraité Dominique et Jean-Marie Etter, qui furent pourtant journalistes à la… RTS. Dominique confie apprécier le regard et le visage de Jonathan Roumie, l’acteur catholique interprétant avec beaucoup de charisme Jésus, mais s’en trouver aussi tiraillée. « Car je ne m’imaginais pas le Christ ainsi… », précise-t-elle. D’autres s’étonnent un peu de voir un Joseph chevelu arborer des sortes de dreadlocks un brin anachroniques…

Marie Meyer et sa maman Marie-Anne sont venues ensemble déguster ces épisodes 3 et 4 de la saison 3. Lors du premier, Jésus révèle sa nature divine à ceux qui l’ont vu grandir et a la confirmation que nul n’est prophète et encore moins Messie en son pays sous peine d’encourir la mort… Cette séquence est le point d’orgue de la soirée pour beaucoup. Mère et filles ont été touchées. Mais la première est une évangélique convaincue pour qui « le Christ est le centre, le chemin, la vérité et la vie ». Alors que la seconde a pris ses distances avec cette vision même si sa Foi a grandement contribué à la guérir de sa toxicomanie dans la vingtaine. « On a l’impression d’y être. Tout est assez crédible », s’émerveille-t-elle. La projection est prétexte pour les deux femmes d’échanger sur leur spiritualité respectives et de se rapprocher.

Lors du temps d’échange, qu’une dizaine de spectateurs esquivent en sortant de la salle pendant le long générique, ceux qui le souhaitent sont invités à répondre à trois questions rituelles : Qu’est-ce que je retiens de ces épisodes  ? Qu’est ce qui m’a touché ? En quoi cela nourrit ma Foi ?  Une personne explique ainsi avoir été émue par la scène dans laquelle Jésus enfant échange avec son père. Une autre se demande ce qui est fidèle au texte et ce qui est romancé. Le théologien Shafique Keshavjee, qui co-anime certaines de ces soirées, rappelle que la trame narrative se base principalement sur l’Evangile de Saint Jean. « Au final, 5% est grosso modo basé sur les textes et le reste est habilement brodé autour », ajoute l’Abbé Lafargue. L’ensemble donne en tous cas une impression de grande cohérence. Puis tout le monde prend rendez-vous pour la suite le mois suivant. Quelques bonnes graines semblent avoir à nouveau été semées ce soir dans les cœurs… 

www.millenium-production.ch

  • Des épisodes de la saison 3 de la série The Chosen seront encore diffusés le 17 avril à 20h30 au Rex 1 de Vevey, le 24 avril à 20h30 au Cosmo I d’Aigle, le 2 mai à 19h30 l’Urba I d’Orbe et les 10 avril et 8 mai à 18h au Corso de Martigny.



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Le Berbère et le temple de Salomon

Dans ma lointaine enfance, cela ne faisait aucun doute. Ce Sésac, c’était Sheshonq Ier, pharaon berbère de la tribu des Mashawash, originaire de l’actuelle république de Libye, qui avait régné vers 950 avant Jésus-Christ. Il y eut deux dynasties de pharaons berbères (les XXIIe et XXIIIe dynasties) comme il y eut une dynastie de pharaons nubiens (la XXVe dynastie). Pour le reste, cet ethnonyme de Mashawash n’indique rien de précis, si ce n’est qu’il était bien Amazigh, Berbère :

 « Il s’agit en fait du nom que les Berbères se donnent eux-mêmes Imazighen (au singulier Amazigh). Ce nom a été transcrit par les étrangers sous des formes variées : Meshwesh par les Egyptiens, Mazyes et Maxyes par les Grecs, Mazices et Madices par les Latins. Au XIVe siècle, le grand historien Ibn Khaldoun explique qu’une branche des Berbères, les Branès, descend de Mazigh. Que certains habitants de l’Afrique antique aient déjà placé quelque ancêtre Mazigh ou Madigh en tête de leur généalogie ne saurait étonner puisqu’ils se sont, de tout temps, donné ce nom. » (Gabriel Camps, « L’origine des Berbères », in Ernest Gellner, Islam : société et communauté. Anthropologie du Maghreb, Les Cahiers CRESM, CNRS, Paris 1981 ; cité in Bernard Lugan, Histoire de l’Afrique, Editions Ellipses, Paris 2008, note 2, page 98.) 

La nouvelle carrière de Sheshonq

Il se trouve que, près de trois mille ans après ses exploits supposés, ce Sheshonq a connu une nouvelle carrière. En effet, les nouveaux États du Maghreb ne se sont pas contentés d’être musulmans, après s’être débarrassé de leurs minorités chrétienne (issue de la colonisation, puisque les chrétientés autochtones s’étaient éteintes au XIIe siècle) et juive (présente depuis des siècles).  (Processus qui s’est étalé sur un quart de siècle au Maroc, mais qui a été réalisé en Algérie en six mois, avec une rare violence). Les nouvelles autorités n’ont pas tenu compte de ce que les Berbères avaient été en pointe du combat contre les Français. Elles ont voulu bâtir des États non seulement musulmans, mais arabes. Comme si le Pakistan, la Turquie, l’Iran ou l’Indonésie n’étaient pas des États musulmans, bien qu’ils ne soient pas arabes, et comme si les Berbères n’étaient pas aussi musulmans que les Arabes. Il en a résulté une certaine frustration chez les Berbères, qui se sont mis en quête d’ancêtres prestigieux.

En 1980, Ammar Negadi publia le premier calendrier amazigh, basé sur une nouvelle ère servant au comput des années d’une manière indépendante du calendrier occidental (chrétien) ou du calendrier islamique. Ainsi naquit l’ère de Sheshonq, ou de Chachnak, dont on fixa le début au 14 janvier ~950, date supposée à laquelle Sheshonq Ier (désormais appelé Chachnak par les berbérophones) serait monté sur le trône d’Égypte. On commença donc directement avec l’année 2930. Ce n’est pas sans rappeler le principe de la période julienne de Scaliger.

Pourquoi faire démarrer une ère un 14 janvier ? Parce que les Berbères ont l’habitude de fêter Yennayer, leur Nouvel An, le 14 janvier. Il s’agit bien entendu d’une trace du calendrier julien, mis en place par Jules César et Sosigène en ~46 et officiel à partir du 1er janvier ~45, qui a aujourd’hui treize jours de décalage avec le calendrier grégorien, et qui en aura quatorze au XXIIe siècle. Cette survivance de la fête, et son nom même qui rappelle le mois latin de januarius, sont probablement les dernières reliques de la longue présence romaine en Afrique du Nord avant la conquête arabe. L’article « Calendrier » de l’Encyclopédie berbère (E.B., M. Gast et J. Delheur, 1992) confirme que le calendrier julien reste usité au Maghreb pour les travaux agricoles.

Ce n’est pas la seule relique calendaire qui existe dans le monde arabe. Ainsi, au Machrek, les noms donnés au mois du calendrier grégorien sont en fait issus de l’ancien calendrier syro-babylonien (cf. Rita Nammour-Wardini et Daniel Krasa, Grammaire de l’arabe, Assimil, Chennevières-sur-Marne 2020, pp. 192-193). Le mois d’avril se dit ainsi نيسان  naysân en Syrie, qui est bien entendu le mois de nisan au cours duquel le Christ fut crucifié. Il se dit  أبريل ‘abrîl au Maroc, qui est un emprunt au français.   

Yennayer est un jour férié officiel en Algérie depuis le 27 décembre 2017 et au Maroc depuis le 14 janvier 2023. En outre, il est inscrit au patrimoine immatériel de la France (au titre de la région Île-de-France) depuis 2020.

Célébrations de Yennayer. en Algérie. (Photo : Koukoumani)

Mais voici qu’en 1991, un groupe d’archéologues britanniques (Peter James, I.J. Thorpe, Robert Morkot et John Frankish) et grec (Nikos Kokkinos) a contesté l’identification traditionnelle entre le pharaon berbère Sheshonq Ier et le pharaon שישק / Σουσακιμ de la Bible. Ces auteurs montrent à quel point la chronologie de la fin de l’Âge du Bronze dans le bassin méditerranéen est fragile et sujette à caution. En effet, on a décidé que les listes des dynasties égyptiennes établies par Manéthon au IIIe siècle BCE étaient un cadre dans lequel devait s’inscrire la chronologie de toutes les civilisations voisines. Ces auteurs considèrent par conséquent qu’il faut remettre en cause toute la datation des dynasties égyptiennes, ce qui bouscule toute la chronologie des civilisations grecque, hittite, assyrienne, etc., et entraîne surtout la disparition des quatre « siècles obscurs » (1200-800 av. Jésus-Christ) pendant lesquels il est censé ne rien s’être passé dans l’histoire grecque. Il convient avant tout de réduire la durée de la troisième période intermédiaire entre la chute du Nouvel Empire égyptien et la période finale de l’Antiquité égyptienne : la fin du Nouvel Empire ne se situerait pas vers ~1069, date traditionnelle, mais vers ~825.

Quelle est la conséquence de cette théorie quant à l’identité du « roi d’Égypte » ( מלך מצרים , βασιλεὺς Αἰγύπτου) des saintes Écritures ?

Nos archéologues contestataires acceptent la chronologie biblique qui fixe la mort du roi Salomon, et la division subséquente de son royaume, vers 930 avant notre ère. La prise de Jérusalem par Sésac, dans la 5année du règne de Roboam, se situerait donc vers ~925. En revanche, James et ses collègues retardent d’environ un siècle l’avènement du pharaon berbère Sheshonq / Chachnak sur le trône. Ils démontrent comment l’identification Sésac / Sheshonq, adoptée par les égyptologues depuis les années 1820, a permis d’utiliser les données bibliques pour corroborer les listes de Manéthon, l’avènement de Sheshonq étant fixé d’autorité en ~945 et devenant la première date de la chronologie égyptienne à reposer sur des « faits » (p. 230). Il semblerait pourtant que l’archéologie ne corrobore pas l’Histoire officielle, puisqu’on a trouvé à Byblos, dans l’actuel Liban, un fragment de statue portant le cartouche de Sheshonq Ier et une inscription phénicienne selon laquelle le roi Abibaal de Byblos avait fait venir la statue depuis l’Égypte (p. 248). Or, Abibaal semble avoir régné peu de temps avant l’an 800 avant NSJC. Il s’ensuit donc que l’avènement de Sheshonq Ierse serait produit en ~820 plutôt qu’en ~945.

Même si cette constatation dérange la chronologie traditionnelle, elle a le mérite de réconcilier le récit biblique au moyen duquel les égyptologues prétendent corroborer les listes de Manéthon avec ce que l’archéologie nous apprend de Sheshonq Ier. En effet, les vestiges retrouvés à Karnak font bien état d’une campagne de Sheshonq Ier en Palestine, mais Jérusalem ne figure pas parmi les villes conquises, alors qu’elle est l’objectif principal du raid égyptien dans la Bible. Au contraire, la campagne de Sheshonq apparaît dirigée contre le royaume d’Israël (le royaume du Nord), alors que, dans le récit biblique, la campagne de Sésac est dirigée contre le royaume de Juda (le royaume du Sud). Jéroboam, le premier roi du Nord, était un allié de l’Égypte selon la Bible hébraïque (cf. I Rois 11,40 et I Rois 12,2), qui plus est marié à la princesse égyptienne Ano (fille de Sousakim !) selon la Bible grecque (cf. III Rois 12, 24e dans la Septante). Conclusion : les égyptologues veulent faire coïncider Sheshonq Ier avec le Sésac biblique sur la base d’un récit biblique qui dit le contraire des hauts faits revendiqués par Sheshonq Ier. Les partisans de la chronologie officielle balaient la contradiction en émettant l’hypothèse que Pharaon aurait souhaité frapper son protégé Jéroboam aussi bien que son ennemi Roboam (note 34 p. 379). Nos contestataires préfèrent, quant à eux, en tirer la conclusion que Sheshonq Ier n’était pas le Sésac de la Bible. Alors, dans ce cas, qui était-il ?

Gravure d’un relief de Sheshonq Ier trouvé au temple de Karnak. (George Rawlinson, 1886)

Nos auteurs proposent une nouvelle datation de l’histoire égyptienne, en rallongeant considérablement la durée du Nouvel Empire et en réduisant celle de la troisième période intermédiaire. Ils fixent le règne de Ramsès III vers le dernier tiers du Xe siècle plutôt que dans les années 1186-1155 de la datation officielle – donc 250 ans plus tard. Le nom biblique Chichak serait une déformation de l’égyptien Sessi (Ssysw), diminutif de Ramsès (p. 257, et note 135 p. 385).

Après tout, n’oublions pas que le texte biblique n’était pas vocalisé à l’origine. La graphie שׁישׁק, lue aujourd’hui Shishaq, était peut-être un Chichk, un Chichek, un Chichak, voire un Sissek. Il me paraît en tout cas intéressant que le nom français traditionnel de ce personnage, Sésac, ainsi que le nom de la Bible grecque, Σουσακιμ, n’excluent pas des lectures penchant vers une déformation de Sessi. Il ne faut pas non plus oublier que nous ne savons pas comment on vocalisait l’égyptien hiéroglyphique, l’écriture hiéroglyphique ne notant pas les voyelles (cf. Jean-Pierre Guglielmi, L’Égyptien hiéroglyphique, Assimil, Chennevières-sur-Marne 2010, p. XV).

Une révision déchirante

Ainsi, admettre la thèse de James et de ses co-auteurs, thèse jamais réfutée mais jamais acceptée non plus, reviendrait à identifier le Sésac biblique, qui s’empara du Temple de Jérusalem vers ~925, avec Ramsès III. Le raid de Sheshonq Ier, lui, ne serait pas expressément mentionné dans la Bible et se situerait vers ~810, à l’époque du règne de Joachaz en Israël et de Joas en Juda. Pas expressément mentionné, car nos archéologues expriment l’hypothèse que l’expédition de Sheshonq Ier aurait pu avoir pour but, non pas de frapper le royaume d’Israël, mais, au contraire, de l’aider à récupérer des villes conquises par les Araméens. En effet, la Bible décrit des relations cordiales entre l’Égypte et le royaume d’Israël jusqu’à la fin (cf. l’ambassade envoyée en Égypte par Osée, dernier souverain du royaume du Nord, pour demander de l’aide contre les Assyriens, in II Rois 17,4). Or, d’après la Bible, il y eut bien, sous le règne de Joachaz, une aide extérieure, celle d’un « sauveur » (מושׁיע ; σωτηρίαν), au secours du royaume d’Israël face aux Araméens (II Rois 13, 1-5). 

Si l’on admet que, lors d’une expédition qui serait intervenue vers ~810 et non plus vers ~925, Sheshonq Ier aurait en fait repris des villes arrachées par les Araméens Hazaël et Ben-Hadad au royaume d’Israël, alors ce pharaon ne serait rien d’autre que le mystérieux et anonyme « sauveur » de la Bible.

Ainsi, si les thèses de James, Thorpe, Morkot, Frankish et Kokkinos étaient exactes, les militants berbéristes n’auraient plus qu’à faire partir l’ère amazighe de l’an ~835 plutôt que de l’an ~950.  Cette révision déchirante serait sans doute plus que largement compensée, pour les Berbères, par le fait que la Bible nomme « sauveur » celui dont ils ont fait leur héros national sous le nom de Chachnak.

Pour aller plus loin

Peter James, I.J. Thorpe, Robert Morkot, John Frankish et Nikos Kokkinos, Centuries of Darkness, Pimlico, Londres 1992, 426 pages.