Transmission

John Henry Newman ou la lente clarté

John Henry Newman ou la lente clarté

Je me souviens du jour où j’ai lu la dépêche : « Rome va proclamer John Henry Newman Docteur de l’Église. » Pas de bandeau en une, pas de fracas ; une phrase, simplement, entre deux brèves vouées à périmer avant la nuit. Dans un monde qui distribue des trophées à la vitesse d’un clic et oublie dès le lendemain le lauréat, le geste prenait un relief singulier : il affirmait que certains noms survivent au cycle de l’actualité parce qu’ils ont laissé le temps former leur pensée, pesée, éprouvée, fidèle au réel. Oxford : jeunesse d’un esprit déjà habité…
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Notre nouveau manuel est sorti

Notre nouveau manuel est sorti

Les médias sont une réalité incontournable. Qu’on les aime ou non, ils occupent le terrain, imposent leurs rythmes, et conditionnent largement ce qui existe dans le débat public. Même à notre humble niveau, impossible de nier qu'un coup de projecteur dans tel ou tel magazine, telle ou telle émission nous vaut généralement une augmentation des abonnements. La différence entre un mois avec une exposition médiatique importante et un mois lambda de 20204. Beaucoup d’associations, de clubs, de partis ou de collectifs ont pourtant des choses essentielles à dire. Mais combien de fois leurs communiqués finissent-ils à la poubelle ? Combien…
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A-t-on lu Gramsci ?

A-t-on lu Gramsci ?

J’ai croisé une femme politique, qui selon la presse de gauche – laquelle faisait toujours montre d’une étrange complaisance à son égard -, était une féministe d’extrême droite. Féministe, certes. D’extrême droite, il eût d’abord fallu qu’elle fût de droite. Elle avait une réponse toute faite lorsqu’un militant se plaignait d’une avanie subie de son fait : « J’ai appris que vous dites du mal de moi. » Comme si elle avait été au-dessus de toute critique. Mais surtout moyen efficace de noyer le poisson et de ne pas s’excuser. Pour qui était témoin ou victime de ces méthodes, cela ressortait surtout de…
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Giuliano da Empoli ou le mépris du peuple

Giuliano da Empoli ou le mépris du peuple

Giuliano da Empoli est à la mode. On le lit à gauche comme à droite, comme on consomme un produit de saison. Ses livres circulent dans les cénacles où l’on aime trembler devant les périls qu’on ne vit pas. Le mercredi 20 août, il passait à Infrarouge sur la RTS : preuve qu’il est devenu un invité obligé. Mais faut-il confondre notoriété et clairvoyance ? Un matin, en plein cours, un adolescent m’a demandé — sans provocation, mais avec cette gravité des quinze ans : — Monsieur, pourquoi les politiques parlent-ils comme s’ils savaient tout, alors qu’on voit bien qu’ils ne vivent…
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1975

1975

C’était il y a cinquante ans. Une éternité. Et pourtant. « Un demi-siècle que je vis ; or, il me semble que je commence à peine. » (Francis Ponge, Pour un Malherbe.) L’autre siècle avait septante-cinq ans ;  Déjà pointait la revanche de l’Orient. (J’écris septante-cinq parce que je suis Suisse. J’ai très envie d’écrire soixante-quinze, parce que la difficulté de ce chiffre est l’excuse classique de l’abruti du pays X ou Y qui a eu dix ans de cours de français à l’école et n’en parle pas un mot, et que je les défie en permanence.) En 1975, l’Albanie et l’Italie avaient encore le…
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Quand les mots s’absentent, la violence s’impose

Quand les mots s’absentent, la violence s’impose

À l’heure où la rentrée scolaire ramène élèves et enseignants dans les classes, il faut rappeler une évidence : le langage est la première digue contre la violence. Dans les couloirs comme dans la cour, un mot juste peut encore empêcher un geste de trop. Et cette digue se construit — ou s’effondre — dès l’école. Dans une salle de classe, la paix ne se mesure pas seulement au silence qui y règne. Il y a des silences qui apaisent, et d’autres qui annoncent la rupture. Ce n’est pas encore le tumulte, mais déjà l’atmosphère se tend. Les épaules se…
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