Chouchoutage des soldats non-binaires : l’UDC va taper du poing sur la table

Cet article est proposé en partenariat avec Pro Suisse.

« Notre Armée manque de moyens. Elle en a assez, toutefois, pour financer un sondage sur la « non-binarité dans l’Armée suisse » ». C’est sur ce ton, un brin agacé, que débute l’interpellation concoctée par le conseiller national UDC Jean-Luc Addor après une drôle d’audace de l’Armée suisse. Alors que l’existence d’un genre dit « non-binaire » n’est pas reconnue par le droit suisse (n’en déplaise au chanteur Nemo), l’institution a lancé la semaine dernière un questionnaire visant à connaître le degré de bien-être des membres de cette communauté sous les drapeaux.

« Cela va nous permettre de mieux comprendre votre réalité et vos besoins », précise la page officielle du site de la Confédération. Les résultats, nous dit-on, « constituent une sorte de baromètre de l’interaction avec les militaires non binaires. » D’une durée de cinq à dix minutes, le sondage nous demande « quels sont les plus grands défis dans l’Armée suisse pour une personne non-binaire ? », si nous avons déjà vécu des discriminations dans ce contexte et, le cas échéant, si nous les avons dénoncées. 

Mais pourquoi écrire « nous », au fait ? Simplement parce que le sondage est ouvert à tous, une simple « information sur le sexe administratif selon la carte d’identité » étant requise à sa fin. Autant dire que pour la scientificité des résultats obtenus, des doutes sont permis. En revanche, niveau progressisme, toutes les garanties sont là.

Supprimer la diversité

C’en est de toute façon trop pour Jean-Luc Addor. Pour lui, il convient maintenant d’en savoir plus sur le budget du Service Femmes dans l’Armée et diversité (FdAD), à l’origine de cette enquête, ainsi qu’à propos du coût de l’enquête elle-même.

Proposant rien de moins que la suppression du volet « diversité » du FdAD, il livre le fond de sa pensée : « Au moment où Conseil fédéral et Parlement se retrouvent face au défi de moderniser notre Armée à temps pour faire face à des risques grandissants pour la sécurité du Pays, le moment n’est-il pas venu de revoir l’affectation de certains des moyens au demeurant insuffisants qui lui sont alloués ? »

En 2019, l’armée avait déjà fait sensation en ouvrant un bureau centré sur l’intégration des personnes transgenres. Des mesures avaient été annoncées pour « s’affranchir des règlements actuels qui discriminent les personnes transidentitaires », rapportaient Le Matin Dimanche et la SonntagsZeitung. On parlait alors de 18 personnes concernées au sein de l’armée. La ministre de la Défense Viola Amherd avait également présenté des objectifs de réduction des émissions de CO2 de son département. 

Commentaire : Soldat Bozo au rapport !

« Se soucier de ses soldats, leur montrer qu’on se préoccupe de leur bien-être et de leur moral, c’est central. Donc l’armée a en effet tout intérêt à s’y intéresser. Alors quel est le problème ? » Ainsi s’exprime un militant socialiste vaudois, Nicolas Schnorhk, sur X (ex-Twitter). Et à vrai dire, la question mérite d’être posée. Mais peut-être pas en temps de crise géopolitique majeure. 

Tandis que la guerre sévit en Europe et que la menace de terrorisme reste élevée, doit-on vraiment consacrer de l’argent public à une cause si marginale que le bien-être d’une minorité inexistante aux yeux de la loi au sein de l’armée ? Pourquoi pas, pendant qu’on y est, former les recrues au respect des accords toltèques et à l’ouverture des chakras, si le bien-être des soldats est « central » ?

Nous aurons peut-être, un jour, l’armée la plus morale du monde. Le seul problème est qu’elle servira à faire rire des enfants russes ou chinois dans des chapiteaux de cirque. 

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L’observatoire du progrès // Juillet 2024

Une comparaison qui nous fait bien Marguet

Le graphiste du peuple est encore en stage.

Peut-être ne le saviez-vous pas, mais le Requiem de Mozart est « une vraie merde ». Eh oui ! Il n’y a pas à douter de cette analyse puisqu’elle est le fait de l’humoriste Yann Marguet, fierté de Sainte-Croix, dans un entretien à Libé. On y découvre que le chroniqueur de l’émission Quotidien a des goûts autrement plus pointus puisqu’il apprécie aussi bien les rappeurs du Wu-Tang Clan que le punk rock de NOFX. Bon, petite concession de l’ancienne gloire du service public suisse : à ses funérailles, nous dit-il, il aimerait que l’on passe Le Dernier Repas de Brel, même si « certaines paroles ne sont plus vraiment en accord avec la société moderne ». Que voilà un garçon soudainement bien progressiste comme il faut ! Si ça continue, il finira par nous expliquer que Virgile ne tient pas la distance face à ses nouvelles audaces germanopratines.

Le Château de mammaire

On a dit et écrit beaucoup de choses, l’an dernier, à propos du fameux concert Ejaculate de la cathédrale de Lausanne, dans le cadre du Festival de la Cité. Rien de tel, cette année, et nous n’avions d’ailleurs pas la tête à chercher la petite bête. Reste que le concert Friction, de Sophia Rodriguez, mérite quand même une petite mention pour ses tétages généreux. Répétons-le goulûment : à Lausanne, l’art contemporain s’apprécie comme du petit lait.

La création contemporaine se porte bien.

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La cancel culture nous fait une fleur

Très belle entreprise d’épuration éthique dans le domaine des sciences naturelles ! Le Parisien nous apprend que le mois dernier, des experts réunis en congrès « ont voté pour l’abolition de plus de 200 noms d’espèces de plantes, de champignons et d’algues jugés racistes ». En cause, des appellations comme Erythrina Caffra ou Dovyalis Caffra ou encore Protea Caffra. Oui, le problème n’est pas évident pour nous mais il faut savoir que dans le contexte sud-africain, le mot « Caffra » a longtemps été utilisé pour désigner péjorativement les Noirs. Le mot incriminé sera désormais remplacé par « Affra » afin de rappeler les origines de ces espèces. Le coup sera assurément très dur à supporter pour les hordes de crânes rasés férus de botanique.

Vraiment beaucoup döner

Attention ça chauffe entre l’Allemagne et la Turquie ! Et pas à propos de n’importe quoi, mais à propos de la paternité du döner kebab. Alors pour ceux qui ne nourrissent pas de passion particulière pour la Street Food (à la différence sans doute de Yann Marguet), cette précision : le kebab désigne à l’origine la viande grillée, et le döner est sa variante, hyper populaire en Allemagne, consommée en sandwich. Mais là où ça se corse – même sans sauce piquante – c’est que « des producteurs turcs ont déposé à Bruxelles une demande pour faire du döner kebab une marque protégée », nous apprend le correspondant à Berlin du journal Le Soir. La chose est carrément perçue comme « une attaque contre la culture gastronomique nationale » en Allemagne, selon le journaliste. Diantre ! Admettons que ça ouvre des perspectives intéressantes : d’ici quelques décennies, verra-t-on la France se battre pour qu’on reconnaisse qu’elle est à l’origine de la burka ?

La France arrivée à bon porc

Gastronomie toujours, mais cette fois en France : « Mantes-la-Jolie : au Val-Fourré, le dernier commerce qui vendait du porc et de l’alcool a fermé. » Voilà le titre d’un article du Parisien consacré à la fermeture d’une supérette causée, nous dit-on, à un ras-le-bol général et à l’inflation. Ras-le-bol de qui ? De quoi ? en tout cas pas des produits proposés puisque l’enseigne était la seule du coin à vendre encore du cochon et de la gnôle. Mais le journal ne nous prend pas pour des imbéciles et admet pudiquement que cette disparition « marque aussi un changement dans les habitudes culinaires du quartier ». La faute à cette obsession pour le summer body, très certainement. 

Le jour le plus con

Voilà que le stagiaire nosu massacre des photos des troupes britanniques.

« Nous incarnons une rébellion nécessaire face au fascisme ». Voici le titre de la tribune signée par pas moins de mille artistes drag queens dans les colonnes de Libération. On n’entrera pas beaucoup plus avant dans le contenu de leur prose. Suffit d’imaginer les hauts talons et les faux cils de La Briochée, Paloma ou Minima Gesté sur les plages de Normandie en 44 pour comprendre qu’en matière de résistance au totalitarisme, ces créatures de boîtes de nuit ont effectivement tout à nous apprendre.




La violente crise Miss.Tic d’Avignon

Elle voulait « la France au Maliens », ne croyait qu’en « un Éternel féminin » et partageait volontiers les dernières nouvelles de ses organes reproductifs avec le monde entier. « Elle », c’est Miss.Tic, Radhia Anouallah de son vrai nom, dont l’œuvre est à l’honneur tout au long du parcours de visite du palais des papes d’Avignon jusqu’en janvier 2025. C’est ici, dans ce bâtiment somptueux que la tête de l’Église catholique avait fui l’instabilité politique de Rome entre le XIVème et le premier quart du XVème siècle. 

Spectaculaire collision, cette première exposition post-mortem de l’artiste parisienne est présentée comme son « ultime provocation » sur un panneau disposé au début de la visite, à quelques pa(pe)s de la machine à café Lavazza. Mieux, l’obligation de se coltiner l’œuvre de cette « enragée » nous est même assénée comme « un dernier pied-de-nez à l’histoire et au pouvoir dans un lieu de la puissance masculine ».  Preuves indubitables du caractère sulfureux du programme : les logos de soutiens étatiques de l’exposition, ainsi que celui de la FNAC.

Quand le misérable rencontre le colossal.

Face à un menu si peu alléchant, le visiteur un brin délicat se décidera peut-être à contourner les créations de cette « poétesse de la ville et artiste dans la cité ». Espoir rapidement déçu : dès la première chapelle, sublime, une vidéo tourne en boucle où la nouvelle maîtresse des lieux explique puiser son inspiration « dans son vécu ».  Quelle audace ! Comment se concentrer sur des fresques qui ont traversé les siècles quand une artiste au nom de sorcière (le pseudo de l’artiste est tiré des aventures de Picsou) nous dit cent fois que son œuvre est éminemment subjective et qu’elle fait la part belle à quelque synergie ? Alors on se force, et on se dit que l’on pourra faire abstraction de l’écran pour se noyer dans la beauté des lieux. Mais si la beauté sauvera le monde (d’après Dostoïevski et beaucoup de tatouages de ceux qui ne l’ont pas lu), elle ne nous libèrera pas de Miss.Tic. Au vrai, l’artiste n’est de toute façon pas la seule nuisance de l’endroit, qu’il convient de visiter en portant un histopad, sorte d’iPad encombrant et reproduisant la réalité médiévale des pièces grâce à des QR codes situés sur des bornes.

L’histopad porte l’estocade

Remarquable, ce travail de restitution n’en a pas moins pour effet de rendre les visiteurs totalement étrangers à la réalité qui les entoure, particulièrement les plus jeunes. Ainsi la figure de cet enfant, dans un minuscule escalier médiéval, qui s’engage sans prêter attention à l’endroit où se poseront ses pas – sans doute dans le vide. Mourir pour des idées, ironisait Brassens, l’idée est excellente, mais mourir pour un histopad, voilà qui jetterai un froid chez les modernes. 

Rien que ça.

Et modernes, nos jeunes visiteurs le sont assurément, à croire ce garçon de huit ou neuf ans qui demande à sa génitrice « il porte quoi le monsieur » devant une représentation du Portement de la Croix. Plus facile, en effet, de comprendre la prose de Miss.Tic qui, avec ses pochoirs, nous indique sur un mur voisin qu’on n’est « ni de droite ni de gauche » mais bel et bien « dans la merde ». Qu’en termes élégants ces choses-là sont dites ! Les plus politisés apprécieront aussi à sa juste valeur l’affirmation selon laquelle « nous sommes tous en situation irrégulière ». On regrettera simplement que la glorieuse épopée créatrice de la dame, décédée en 2022, ait eu lieu à une période où le masculin générique sévissait encore librement. Mais peu importe puisqu’une touriste aux cuisses de dinosaure s’enthousiasme pour tant de vista, au point de discuter de la portée philosophique de chaque slogan avec un mari à moustache dépassé par les événements. Lui qui espérait une ambiance Da Vinci Code, quelle douleur de se retrouver face à sa moitié désormais investie d’une mission de rééducation ! 

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De quoi se souviendront les hommes…

Il est temps de nous diriger vers la grande chapelle, non sans avoir appris en route que le sexe est « au cœur de la vie » et l’amour « au cul de l’existence ». Le ton reste cru, mais c’est qu’à l’époque où elle réalisait cette nouvelle série, Miss.Tic exposait en galerie, mais en ayant abandonné « ni la rue, ni la révolte », comme l’indique un nouveau panneau. 

Nous découvrons l’espace rituel principal du palais des papes, immense vaisseau de pierre débarrassé des symboles de l’ancienne religion. Tout autour de nous, des pièces reproduites sur de faux murs recréent une ambiance de Street Art. Dans une sacristie, des enfants regardent une vidéo de l’artiste en train de réaliser des découpages de sa seule main valide tandis que, réduits au silence pour l’éternité, des gisants de papes se trouvent à quelques centimètres. L’un d’eux – un enfant, donc, pas un pape – se réjouit soudain : sur son histopad, il vient de remporter un trophée d’enquêteur en herbe. Non pas pour avoir bien observé les fresques ou l’architecture des lieux, mais parce qu’il a trouvé des éléments cachés dans la recomposition 3D des pièces qu’il a visitées par écran interposé. 

Le monde comme il ne va pas.

Anesthésiés par la transformation de l’histoire en jeux vidéo, abreuvés de révolte conformiste, de quoi se souviendront les plus jeunes ? Sauront-ils qu’à une époque, des hommes affreusement cisgenres sont morts sur les chantiers d’édifices religieux aujourd’hui colonisés par les poncifs contre la domination masculine de Miss.Tic ? Comprendront-ils que notre civilisation était plus belle lorsque les artistes croyaient toucher le Ciel avec le pinceau ou la truelle ? Sauront-ils encore rêver de temps où des tableaux commandés avec de l’argent public ne servaient pas à appeler à la « turlutte générale » et à « arrêter de tout avaler » ?  Toute époque, sans doute, s’achève en carnaval. Mais le nôtre est triste. 

La visite, saccagée par l’acouphène Miss.Tic, touche à sa fin. Les enfants, trois par trois, sont encore invités à perdre un peu de leur part de rêve sur l’autel de la rébellion ludique.  Une dernière pièce est consacrée à une œuvre collaborative. L’expérience se déroule sous la férule d’une jeune collaboratrice – une saisonnière sans doute – certaine de participer à l’avènement d’un monde meilleur en portant plus loin le message d’une Miss.Tic sans réaliser qu’il est aujourd’hui le discours dominant des castes lettrées. Un message boboïsant, sans frontièriste, sans passé et sans futur. Un message que l’on aimerait jeter dans la même benne que l’ histopad qui vient de nous cogner deux heures contre les genoux.

Tuer le réel ne suffisait pas

Une fois sortis de la boutique souvenirs, nous regardons vers le sommet des murs de l’édifice, en quête de nuages bien absents en cette fin juillet. Et l’on se dit qu’aux dimensions colossales des réalisations de nos ancêtres, notre époque n’a de cesse d’opposer l’intime, le minuscule, quand ce n’est pas le misérable. Quelque part, une commissaire d’exposition s’est-elle dit « On va leur faire payer leur machin hétéronormé, à ces touristes » ? Nul doute en tout cas que quelque tête pensante à anneau dans le nez a dû trouver un tel projet « disruptif » lors d’une discussion de café avec son collègue vegan.

L’écrivain Philippe Muray, dès les années 1990, avait annoncé la « festivisation du réel », c’est-à-dire sa colonisation par un mélange de régression enfantine et de judiciarisation des rapports sociaux pour les réfractaires. À ce virage dans une hyperréalité de substitution s’ajoute aujourd’hui un processus de destruction systématique et quasiment industriel de la longue mémoire des peuples. Alors que les autres civilisations se refusent à entrer dans un tel processus suicidaire, la permanence d’un fond culturel commun semble pourtant seule à même de permettre aux Européens de traverser les temps d’épreuves auxquels ils semblent destinés. 

La culture comme entreprise de démolition.

À la Révolution française, les nihilistes arrachaient les têtes des saints pour se faire quelques sous et souiller les Églises de leurs pas. C’était encore bien artisanal. Désormais, des expositions parallèles et des écrans effectuent un travail remarquable pour que jamais plus un enfant sache où ceux qui l’ont précédé avaient placé leurs espérances. On peut bien sûr juger ces espérances absurdes, quand on n’a pas la foi, mais elles avaient fait traverser des océans, peindre la chapelle Sixtine et bâtir des cathédrales.   

Ce n’est donc pas à une exposition un peu audacieuse que nous avons été soumis. Elle est le symptôme des moyens colossaux dont disposent aujourd’hui les rebelles subventionnés pour qu’à la sortie d’un édifice religieux, les enfants en sachent davantage sur le sexe oral que sur la figure fondatrice de leur civilisation, un homme qu’on appelle le Christ.  




Trump, les balles et le déclin de la culture civique

« Un des hommes les plus dangereux du monde à l’heure actuelle » : le 11 avril dernier, voici comment l’émission de la RTS Temps Présent présentait Donald Trump dans un reportage. Décrivant l’Amérique à venir en cas de réélection du républicain, le reportage ne faisait pas dans la dentelle et comparait même le politicien à Hitler ! Un parallèle assumé dans nos colonnes par la présentatrice et co-productrice de l’émission Élisabeth Logean. Mais aujourd’hui, un autre détail du reportage mérite qu’on y revienne : des bruits de coups de feu ajoutés en illustration sonore à la deuxième minute, tandis qu’un acteur grimé en Trump se trouvait en plein écran. 

Ces coups de feu devaient illustrer la dangerosité de l’ancien locataire de la Maison Blanche mais ils sont devenus une réalité en Pennsylvanie. À cela près qu’ils n’ont pas visé de pauvres progressistes traqués par le nouveau régime, mais le candidat Trump lui-même. Ils ont aussi tué un de ses partisans et grièvement blessé deux autres. Oui, dans une puissante démocratie, des quidams ont été touchés par des balles cet été pour s’être déplacés afin d’écouter parler un politicien. La symbolique de l’événement est immense.

Une élection gagnée, une démocratie perdue.

Au commencement était le Verbe, à la fin les balles

Nous vivons dans une civilisation fondée sur la parole. Au commencement, croient les chrétiens, « était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu » (Évangile de Jean). Orateur remarquable – quoique l’on pense de ses options politiques – Trump s’inscrit lui-même dans cet héritage. Mais au Verbe fondateur s’oppose la parole qui diabolise l’adversaire, la fake news et, ultimement, le bruit des balles. À ce titre, les événements de Butler illustrent en accéléré le déclin de la démocratie moderne : au commencement, un discours – corrosif – et à la fin la boucherie. Qu’il semble loin, aujourd’hui, l’art de la controverse argumentée qui a fait la grandeur passée de la culture civique américaine !

Quel enseignement pour nous autres Helvètes ? Que la stabilité de notre système politique passe par le respect, toujours et en tous lieux, de l’adversaire, quel qu’il soit. Revendiquer le conservatisme, aujourd’hui, c’est d’abord cela : défendre des institutions fondées sur la recherche du compromis et du bien commun. 

Face aux bruits des balles, nous osons croire que le Verbe peut encore triompher.

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Le TF a tranché : pas de procession pour la Fraternité Saint-Pie X

Pas de baptêmes dans le lac pour les uns, pas de procession de la Fête-Dieu pour les autres : Les expressions de la foi et les théologies diffèrent fortement, mais le verdict est le même. Faute de soumission totale à l’État, concrétisée par la signature d’une déclaration d’engagement aux accents progressistes, de modestes expressions de la foi dans l’espace public sont définitivement interdites à Genève. « Christian pride », la procession n’avait pourtant jamais suscité de difficulté depuis 1993… Jusqu’à ce que la nouvelle loi genevoise sur la laïcité produise ses effets

« La religion est désormais a priori suspecte », s’indigne l’Abbé Jean de Loÿe, de l’oratoire Saint-Joseph de la Fraternité Saint-Pie X (FSSPX). Peu coutumier du fait, le jeune prêtre n’y va pas avec le dos de la cuillère pour dénoncer la décision du TF dans un courrier envoyé aux médias. Dans son message, il dénonce une déclaration d’engagement qui empêcherait, de facto, l’Église catholique de faire état de ses positions au sujet des « actes homosexuels » ou de l’avortement. L’affirmation de la « primauté de l’ordre juridique suisse », sans précision ni nuance, est également attaquée dans son texte, une juste désobéissance civile motivée par la foi ayant parfois constitué un rempart précieux à la barbarie. Un argument pas très éloigné de ceux du pasteur Jean-René Moret dans nos colonnes encore récemment.

La FFSPX fera-t-elle recours auprès de la cour européenne des droits de l’homme ? Non, car en Suisse c’est au TF d’avoir le dernier mot au niveau juridique, à ses yeux, et pas une instance plus lointaine. Quant à la prochaine procession, elle se fera sur le parking de l’oratoire, comme depuis 2022. « Nous revendiquons une certaine filiation avec les catholiques genevois qui ont souffert durant le Kulturkampf au 19ème siècle, avec d’ailleurs une continuité des positions. »

Qui aurait cru que le triomphe du progrès s’accompagnerait de la destruction des libertés religieuses minimales…

Sur le même thème:
Visite à « Tradiland » : https://lepeuple.ch/visite-a-tradiland-reportage/
Le pèlerinage de Chartres fait un petit en Suisse : https://lepeuple.ch/le-pelerinage-de-chartres-fait-un-petit-en-suisse/




Une maladie médiatique

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La droite a bien raison d’attaquer l’Eurovision


La bête immonde bouge encore ! Si, si, on l’a vue cette semaine, à Berne et à Zurich. Elle y menace le financement massif (respectivement 30 et 20 millions de francs) de l’organisation du concours remporté par l’activiste non-binaire suisse Nemo en mai dernier. Comment ? En proposant de soumettre au vote des citoyens ce déluge de gros sous pour un événement qui, il faut bien le dire, ne fait pas l’unanimité. L’UDC n’est d’ailleurs pas seule à monter au front puisque le parti de droite évangélique UDF se joint à l’action.

Il n’en fallait pas plus pour que toutes les bonnes âmes, comme le président du Parti Socialiste vaudois Romain Pilloud, fassent connaître leur indignation. « L’UDC refuse qu’on lui colle l’étiquette « d’extrême droite », explique ce dernier sur X (ex-Twitter). Pourtant, un des éléments centraux qui permet de la définir est le contrôle de la culture : définir la culture considérée comme légitime, et censurer celle qui ne va pas dans son sens. » 

Intéressante analyse : n’est-ce pourtant pas la gauche, dans les principales villes du canton de Romain Pilloud ainsi qu’à l’échelon fédéral, qui tient la culture ? Et pourquoi, dès lors qu’il s’agit de culture, le peuple ne devrait pas avoir le droit de s’exprimer sur la manière dont on utilise l’argent qu’il ramène à l’État ? La censure ne serait-elle pas plutôt dans son camp ?

Bambie Thug, visage de l’Irlande à l’Eurovision 2024. (Crédit photo : Pedro J Pacheco)

On nous dira peut-être que l’Eurovision est un moment de grande communion pacifique entre les peuples. En mai dernier, toutes ces vertus du concours de l’Eurovision ne sautaient pas aux yeux. En plein week-end de l’Ascension, il fallait voir déferler sur nos écrans une délégation irlandaise conjuguant activisme pro-Gaza, non-binarité et intérêt pour la sorcellerie ! Il fallait voir une candidate de vingt ans chanter sous les huées parce qu’elle avait le tort d’être née en Israël. Il fallait subir, enfin, le catéchisme politique incessant de notre Nemo national. 

Oui la droite a raison de taper du poing sur la table. Et l’on regrette que les seules formations qui osent s’engager dans le combat culturel – avec des armes pourtant parfaitement démocratiques ! – soient les plus à droite. Aura-t-on un jour un centre-droit qui, lui aussi, ne prenne pas froid aux pieds au moment de dire qu’un spectacle qui coûte des millions d’argent public doit convenir au plus grand nombre ? Pourquoi tant de pudeur ?




Édition 35 – À déguster comme un cigare cubain

Chers amis,

Pour vous accompagner en vacances, nous sommes heureux de vous proposer une édition qui nous plaît. Elle nous plaît car elle est à la fois irrévérencieuse, drôle parfois, et sérieuse sur les sujets sérieux.

Nous espérons qu’elle vous permettra de regarder les choses d’en haut.

Bonne découverte à tous et, pour nos anciens clients en ligne sur la plateforme partager.io, n’oubliez pas : vos abonnements n’étant plus automatiquement reconduits, il est temps de passer dans notre nouveau système

Consultez la nouvelle édition numérique




Un 1er août de la division à Lausanne

Cet article est publié en partenariat avec l’organisation Pro Suisse.

« Célébrer l’engagement et la tradition humanitaire de la Suisse ». C’est avec cette volonté que la Ville de Lausanne a annoncé ce mercredi la personnalité de son invité d’honneur pour les festivités du 1er août : Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). « Personnalité́ suisse incontournable sur la scène diplomatique internationale », il est décrit comme incarnant « parfaitement l’engagement pour la paix et la tradition humanitaire de notre pays, partie intégrante de notre histoire et de notre cohésion nationale. » 

« De l’huile sur le feu »

À peine annoncé, ce choix a fait tousser. Sur les réseaux sociaux d’abord, avec près de 8000 vues sur X (ex-Twitter) et des commentaires virulents : « Aviez-vous vraiment besoin de jeter de l’huile sur le feu et d’attiser les divisions entre Lausannois un jour de fête nationale ? », tonnait un internaute le jour-même. Et un autre d’enchaîner : « Mes pensées vont à la communauté Juive de Lausanne qui appréciera votre initiative à sa juste valeur. » Il faut dire que depuis plusieurs mois, la neutralité de l’UNRWA dans le conflit au Proche-Orient fait débat. À tel point que le renouvellement du soutien de la Suisse à l’agence onusienne a suscité d’âpres débats au niveau fédéral, pour finalement déboucher sur une solution de compromis à dix millions. 

Cette semaine, cette défiance vis-à-vis de la posture de l’UNRWA a suscité un élan pétitionnaire. Diffusée par des milieux pro-Israël, chrétiens ou en encore laïcs, une lettre demande à la Ville de revenir sur un choix « désastreux », la neutralité suisse étant carrément « bafouée » un jour de la fête nationale. Parmi ses relais politiques, Patrizia Mori, de l’UDC Lausanne : conseillère communale « qui tient à sa ville et à la neutralité », elle dit s’être sentie « révoltée » à la lecture du communiqué de la Ville. « J’ai trouvé ça complètement incompréhensible. Il y a un lieu et un temps pour tout… »

Aurait-on assisté à une « faute morale » de Lausanne ? Le député Vert’libéral David Vogel n’ira pas jusque-là. Ces derniers mois, cet élu est souvent monté au front contre les occupations d’université ou la hausse des actes antisémites, mais il tempère « Les pratiques de l’UNRWA ont été et sont critiquées par certains et sont louées par d’autres. Libre à la Municipalité d’inviter qui elle veut et d’être de ceux qui la supporte, c’est son droit. »

Pas la bonne année

Le problème, à ses yeux, est de faire un tel choix cette année en particulier : « Dans un tel contexte très « chaud » sur la question israélo-palestinienne, vu les évènements à l’UNIL et à l’EPFL, vu les dérapages antisémites en hausse, c’est importer en terre vaudoise un conflit et créer des tensions dont on aurait largement pu se passer. Résultat ? Des partisans chauffés à blanc des deux bords vont venir avec des drapeaux israéliens et palestiniens pour soutenir leurs idées et on va oublier de parler de ce qui nous réunit. Le 1er août est et doit être une fête qui rassemble, qui unit. Là, la Municipalité fait le choix politique de diviser et de créer des tensions. C’est d’une rare sottise que de ne pas prendre cet élément en compte dans son choix des invitations. » 

Et de préciser qu’il aurait réagi de la même manière si Lausanne avait invité l’ambassadrice israélienne ou un représentant de l’Autorité palestinienne.

Le syndic de Lausanne maintient de la choix de la Ville: « Un message de paix et de dialogue ». (Photo: Ville de Lausanne)

Le syndic de Lausanne, Grégoire Junod, réagit aux critiques

– Ces réactions surprennent-elles la Ville ?

Nous vivons une époque où l’actualité internationale, souvent tragique, nous préoccupe et occupe une place importante dans le débat politique en Suisse. C’est donc normal qu’il y ait des réactions. Philippe Lazzarini est suisse et a suivi une partie de ses études à Lausanne.

Engagé depuis trente ans dans l’aide humanitaire dans des zones de conflit, il est aujourd’hui commissaire général de l’UNRWA, poste auquel il a été nommé par le secrétaire général des Nations Unies. Il fait donc partie des citoyens suisses qui occupent parmi les plus hautes fonctions au niveau international. C’est dire s’il est légitime à être notre invité d’honneur à l’occasion de la fête nationale. Son engagement symbolise parfaitement la tradition humanitaire de la Suisse, constitutive de ce qu’est la Suisse. C’est un message fort de paix, de solidarité à l’égard de toutes les victimes civiles sur un terrain de conflit armé qui pourra être entendu le 1er août prochain.

Enfin, il convient de rappeler que la Suisse, comme de très nombreux États, a rétabli son soutien à l’UNRWA, après que l’organisation a été lavée de tout soupçon de complicité dans les atroces massacres commis par le Hamas le 7 octobre dernier.

– Depuis combien de temps cet invité était-il prévu ?

Les premiers contacts ont été pris il y a quelques semaines.

– Sur le fond, une telle invitation est-elle prudente dans la foulée des tensions qui ont notamment marqué les esprits à l’UNIL sur fond de conflit au Proche-Orient ?

Ne mélangeons pas tout. Philippe Lazzarini est un haut fonctionnaire de l’ONU, une des personnalités suisses les plus en vue sur la scène internationale et un acteur majeur de la solidarité avec les victimes civiles dans un conflit armé. C’est une figure dont l’engagement fait honneur à la Suisse et à sa tradition humanitaire. La Suisse a d’ailleurs été un acteur important de la paix au Proche-Orient avec son soutien à l’initiative de Genève en 2003.

 La fête nationale est un moment de rassemblement et de communion. C’est un message de paix et de dialogue qui sera porté le 1er août prochain, dans la tradition de notre pays.




Le pèlerinage de Chartres fait un petit en Suisse

15’000, puis 16’000 puis 18’000… Chaque année depuis la fin de la pandémie, le pèlerinage de Chrétienté, plus communément connu sous le nom de pèlerinage de Chartes, mobilise des foules de jeunes catholiques en France. Entièrement réservé à la liturgie tradionaliste (la fameuse « messe en latin ») et marqué par l’omniprésence de drapeaux régionaux, cet événement très patriotique a connu un coup de projecteur inespéré cette année : une rediffusion de sa messe de clôture sur CNews !

Le pélerinage de Chartres, rassemblement d’une jeunesse avide de transmission. (Photo: Eichthus)

Quoique très ancré dans l’histoire française, l’événement attire aussi chaque année des pèlerins venus du monde entier, dont de Suisse. Mais pour certains, il était temps d’en proposer une déclinaison couleur locale à l’intérieur de nos frontières. C’est chose faite avec une première édition, les 21 et 22 septembre prochains, qui se déroulera entre la Basilique Notre-Dame de Fribourg, et le sanctuaire de Notre-Dame des Marches, du côté de Broc. Au programme, beaucoup de prières, quelque 42 kilomètres de marche et une nuit en bivouac « pour vivre un moment spirituel fort sous le regard de la Sainte Vierge », comme le promettent les organisateurs.

Une occasion de découvrir le rite « tradi »

Parmi ceux-ci, Colombe Ackermann, jeune paroissienne jurassienne : « Nous sommes attachés à l’unité de l’église, précise-t-elle d’emblée. L’événement vise à rassembler des chrétiens de tous bords et tant mieux s’il y a des habitués du rite ordinaire. Ce sera pour eux l’occasion de découvrir la beauté de la liturgie traditionnelle. » Les croyants évangéliques ou réformés qui voudraient mieux comprendre cette expression de la foi seront également les bienvenus. Outre une veillée d’adoration, Colombe ne cache pas que la nuit pourrait être marquée par quelques bouteilles qui sortent des sacs à dos, comme souvent dans ce type de cadres. 

Le logo de l’association aux manettes.

« J’étais à Chartres et je me suis dit qu’il nous fallait organiser quelque chose de similaire en Suisse », renchérit Théophane Gaillard , président de l’association organisatrice, Notre-Dame de la Foi. Habitué d’une paroisse « tradi » de Lausanne – la Chapelle Saint-Augustin, sur l’avenue de Béthusy – il en a alors parlé à son curé et s’est rapidement retrouvé à présenter son projet à l’évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, Mgr Morerod. « Il s’est tout de suite montré très ouvert et a même manifesté son désir de marcher avec nous », se souvient le jeune militaire. Malheureusement, le calendrier ne permettra pas de concrétiser cet objectif, du moins pas cette année. « L’évêque nous a dit que ce n’était en tout cas pas lui qui allait décourager les jeunes qui veulent lancer des pèlerinages », se réjouit néanmoins le président, qui a monté son projet avec des amis dont plusieurs sont Gardes Suisses.

Un exemple d’unité

Alors que les tensions entre conservateurs et libéraux remontent à un niveau particulièrement élevé dans l’Église, sur fond de craintes d’interdiction quasi-totale de la liturgie traditionnelle, un bel exemple d’unité viendra-t-il à nouveau de Suisse ? Peut-être, à écouter Théophane qui rappelle que la priorité « n’est pas la politique, mais bel et bien Jésus-Christ. » Il ne cache toutefois pas sa volonté de « dédiaboliser le monde tradi » et d’œuvrer, par la prière, à la « conversion de la Suisse, comme le faisaient nos ancêtres ».

Recteur du sanctuaire où s’achèvera le pèlerinage, l’abbé Joseph Gay ne boude en tout cas pas son plaisir. Du moment où il a appris que l’événement se déroulerait avec l’accord de l’évêché (ndlr. Évêché qui n’a toutefois pas répondu à nos questions après une semaine), le jeune prêtre n’a pas hésité à donner sa bénédiction à la manifestation. Même s’il sera lui aussi absent à la fin du mois de septembre, il prédit que les habitués des lieux ne seront pas déboussolés par cette jeunesse avide de liturgie traditionaliste… et d’identité !

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