« J’ai une part personnelle de tendresse pour Starbucks »


Plus de 140 commentaires, pas toujours amènes, des smileys très fâchés et des appels au boycott… Voilà un petit résumé des réactions suscitées par un récent post Facebook de Pierre Dessemontet célébrant l’arrivée du géant Starbucks dans sa ville. 

Mais pourquoi avoir à ce point tenté le diable ? Tel Charon embarquant les âmes vers les Enfers, l’élu socialiste nous emmène dans l’établissement pour expliquer sa démarche. 

Pierre Dessemontet, espérez-vous encore que les cafetiers d’Yverdon-les-Bains votent pour vous lors des prochaines élections municipales ?

Je ne me pose pas vraiment la question en ces termes-là. Ce qui m’importe, c’est de pouvoir faire en sorte que la grande multinationale américaine qui nous reçoit aujourd’hui, comme le petit bistrot situé deux rues plus loin, puisse avoir autant de clients que possible. En tant que responsable de l’économie de la ville au niveau politique, je suis convaincu qu’accueillir une nouvelle enseigne comme Starbucks amènera un peu plus de clients au centre-ville et qu’ils déborderont sur d’autres commerces.

Reste que cette fameuse enseigne ne colle pas exactement aux valeurs du socialisme.

Vous savez, à partir du moment où l’on entre dans un exécutif, on doit pondérer les différentes choses qu’on a envie de faire et hiérarchiser ses priorités. Qu’elle soit américaine ou suisse, la multinationale n’est certainement pas un modèle d’entreprise qui est extrêmement porté par ma formation politique. Cependant, qu’on l’apprécie ou pas, elle peut venir se développer chez nous sans que nous ayons grand-chose à dire. Dans le cas présent, cela profite à Yverdon-les-Bains.

Ce serait mentir d’affirmer que nous n’avons pas eu un plaisir coupable à découvrir le Crème Brulée Iced Brown Sugar Oat Shaken Espresso.

Je veux bien, mais vous avez montré un enthousiasme qui allait bien au-delà de la promotion des intérêts de la ville…

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J’ai une part personnelle, effectivement, de tendresse pour Starbucks qui me vient des quatre années que j’ai vécues aux Etats-Unis. Quand vous arrivez là-bas, vous perdez toute espérance du point de vue du café et le seul endroit où je pouvais avoir un latte qui correspondait à peu près à un latte au sens européen du terme, c’était chez eux. C’est dès lors devenu un stamm pour moiLe bistrot que j’ai connu il y a vingt ans dans le quartier alternatif de Houston avait aussi ceci d’agréable qu’il nous laissait lire nos bouquins sur la terrasse sans venir nous demander une nouvelle consommation toutes les vingt minutes.

Doit-on en déduire que le socialisme est soluble dans le café Starbucks ?

Le socialisme, certainement pas mais moi, Pierre Dessemontet, peut-être.

N’avez-vous pas voulu provoquer votre aile gauche en partageant cet enthousiasme sur les réseaux sociaux ?

Non, je dirais plutôt qu’il y a eu une envie d’exprimer des positions qui illustrent la part d’incohérence propre à tout responsable politique qui fait partie d’un exécutif. C’est-à-dire que dès que l’on entre dans un tel rôle, on se retrouve à arbitrer entre du gris clair et du gris foncé, à prendre des décisions entre deux mauvais choix et, surtout, à décevoir. Gouverner, c’est décevoir. 

J’avais donc envie de montrer qu’il y a une conscience politique, que je ne renie pas, et qui peut paraître en contradiction avec un objectif politique de diversité économique du centre-ville. Vous savez, à la mi-août, on a appris que Manor allait fermer à Payerne, après avoir fermé à Moudon et Estavayer-le-Lac il y a une vingtaine d’années. Après les villes de 5000 habitants, ce sont donc celles de 10’000 qui ne parviennent plus à garder leurs grands magasins. Notre grande chance est de vivre dans une ville de 30’000 habitants et de pouvoir encore faire survivre et prospérer notre tissu économique. Face à la concurrence d’internet ou de Chamard (important secteur commercial situé à proximité d’Yverdon-les-Bains), il n’y a pas cinquante solutions : cela passe par la diversité et Starbucks, qu’on le veuille ou non, fait bel et bien partie de cette diversité.

Mais les gens savent tout ça, dans votre camp politique ! Je reste persuadé que le vieux mâle blanc cisgenre a aussi eu envie d’envoyer paître certains camarades.

Je ne sais pas si c’est le vieux mâle blanc cisgenre qui a envie de dire tout ça mais ça fait partie de mon travail d’affirmer des choses qui peuvent – je dis bien « peuvent » – paraître en contradiction avec mes valeurs. Quand on fait un job comme le mien au sujet de Starbucks, on met les mains dans le cambouis et on se salit, y compris au niveau de l’âme. Mais c’est juste de le faire.

Après, est-ce qu’il y a un élément de provocation (ndlr pensif) … Il y a en tout cas une façon de dire que je tiens mon terrain, que je n’ai pas honte de tenir ce discours.

Je ne suis pas psychologue, mais j’ai quand même l’impression qu’il y a une ou deux digues qui ont sauté récemment chez vous. Je me trompe ?

Disons que vient un moment dans une carrière politique où l’on se pose plus facilement la question de savoir comment on la termine que comment on la poursuit. 




Édition 37 – À marche forcée vers l’Île aux enfants

Chers amis, 

Les amateurs de notre traditionnel observatoire du progrès seront servis, ce mois, avec une cuvée… tonique, disons. Dans cette édition, nous revenons aussi sur un thème central de notre travail depuis bientôt trois ans : la transformation d’institutions comme l’école ou l’armée en jardins d’enfants où il s’agirait de veiller au bien-être émotionnel des uns et des autres quitte à ne plus rien transmettre. Un entretien choc avec Marguerite Stern, auteure du livre « Transmania », ou encore un point sur la surpopulation en Suisse viennent compléter ce numéro varié.

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L’observatoire du progrès // Août 2024

Citius, Altius, Absurdius

Grande nouvelle, les Jeux Olympiques sont devenus inclusifs à Paris ! Et là on ne vous parle pas des femmes à barbe qui ont porté la flamme avant le début des joutes ou accueilli les athlètes du monde entier lors de la cérémonie d’ouverture. Non, on vous parle d’une chose « unanimement saluée » selon BFM TV (qui parle volontiers au nom du monde entier) : la formule « Levez-vous si vous le pouvez », utilisée pour « déculpabiliser » les personnes à mobilité réduite lorsque retentissaient les hymnes nationaux. À vrai dire, on ne comprend pas en quoi ces personnes devaient ressentir de la honte à ne pas pouvoir se lever, jusqu’alors, mais qu’importe : les paralysés du monde entier applaudissent.

Une nullité olympique

Si vous voulez connaître notre vision des choses, d’ailleurs, les Jeux devraient simplement servir à préparer la guerre. Nus et huilés, les athlètes s’y livreraient à des combats de pugilat, de pancrace, lanceraient des javelots et courraient des marathons. Rien de plus, rien de moins. Reste qu’après la prestation de l’australienne Rachael Gunn, cette année, nous aurions tendance à y laisser le breakdance. Non pas que les figures de cette danseuse aient impressionné les juges. Avec ses imitations puériles de serpent ou de kangourou, c’est plutôt l’inverse. Non, si cette universitaire spécialiste des questions de genre (qui est surpris ?) a conquis nos cœurs, c’est par son audace : on savait déjà qu’on pouvait faire de sa nullité une carrière universitaire en sciences humaines, voici qu’elle nous montre qu’on peut aussi gagner un voyage à Paris avec. 

Pour le bien-être publick

À propos d’études, Blick nous rapporte un fait renversant : les enfants d’universitaires ont deux fois plus de chances que les autres de devenir universitaires à leur tour. Une trouvaille que l’on doit, cela va sans dire, à une universitaire. De quoi alarmer la rédaction qui ne dénonce rien de moins qu’une « discrimination » à l’école. Bigre ! À se demander si la réelle discrimination que pourrait subir un enfant aujourd’hui ne serait pas plutôt celle qui risquerait de le mener vers des études de journalisme.

Ça sent le sapin pour Musk

Alain Delon est décédé mais bonne nouvelle : son digne héritier (au niveau de l’ego) se porte bien. Alexis Favre, sémillant producteur-présentateur d’Infrarouge vient cependant d’annoncer une décision qui plonge la Suisse entière dans l’effroi : son départ du réseau X (ex-Twitter), « bouillie globale de plateforme » livrée à l’infâmie de débats trop libres. Entre trolls anonymes, réflexions peu sourcées et invectives, il est vrai que le réseau social ne fait pas toujours rêver. Et la star (selon Watson) de la RTS de tonner : « Elon Musk nous dit que nous ne pouvons débattre que dans son salon : tu n’es pas indispensable mon cher Elon. » Pan dans les dents ! Dieu que c’est bien envoyé ! Nul doute que d’ici peu, nous finirons nous aussi par comprendre combien Alexis Favre était, lui, indispensable à Twitter.

Un parfum de délire

On reste dans le musc, mais combiné aux odeurs d’ylang-ylang et de bois de santal, concernant la dernière création de Dolce & Gabbana : un parfum pour chien qui coûtera tout de même près de cent francs la bouteille. Si on fait les calculs, une telle somme permettrait de rassasier une dizaine de nécessiteux au kebab du coin (qui offrirait d’ailleurs sans doute le thé), mais peu importe. D’ailleurs c’est par l’association de défense PETA et non pas par Caritas que vient l’opposition, nous explique l’agence AFP. En effet, les toutous sont hypersensibles aux odeurs et un tel flacon pourrait les stresser et nuire à leurs interactions sociales. Difficile de leur donner tort. Un peu de botox et d’implants mammaires pour nos amis à quatre pattes, passe encore, mais du parfum…

Un shoot de PLR s’il vous plaît

Il fut un temps pas si lointain où nous étions jeunes. Cachés derrière quelque buisson, nos amis fumaient discrètement du cannabis avant d’entrer en cours, supportant ainsi plus facilement la lecture de Jean-Paul Sartre. L’objectif que la consommation de drogue douce soit un jour dépénalisée paraissait fort lointain et n’était guère défendu que très à gauche. C’était avant l’invention des Jeunes PLR. Il y a quelques semaines, ces derniers se sont distingués en demandant la légalisation de toutes les drogues (rien que ça) pour faire face aux produits de mauvaise qualité qui inondaient une fête techno, la Street Parade. Et le président des JLR, Jonas Lüthy, d’expliquer chez 20 minutes : « Le marché noir prive l’État de recettes fiscales qui pourraient être utilisées pour couvrir les coûts consécutifs à la consommation de drogues. » En clair, laissons se produire un drame sanitaire que l’État aura ensuite les moyens financiers de résoudre. Venant de grands contempteurs de la bureaucratie, voilà une logique qui met plus mal à la tête que toutes les drogues du monde réunies.

Libérafion

Le progrès a fait des ravages gigantesques cet été chez nos amis de Libération ! Au sommet du hit-parade, deux tribunes proposant de « s’exiler de son propre pronom et tendre vers l’objectif iel » ou encore de « retisser le lien entre sexualité, émancipation et imagination ». Mais que l’on ne s’y méprenne pas, les grandes enquêtes ont encore la cote : ainsi la série consacrée au « Silence des anus », explorant les raisons du désamour trop fréquent des hommes hétéros pour le plaisir prostatique. Les esprits désabusés se lamentent parfois que les civilisations se terminent en farces. Ils ont tort. Elles se terminent en fist.




À marche forcée vers l’Île aux enfants

Jusqu’à la récente transformation de notre civilisation en parc d’attractions géant, les enseignants avaient pour mission de transmettre aux enfants l’art de lire, écrire et compter. Ce temps semble définitivement révolu. Dans le Canton de Vaud, malgré un département tenu par ce qu’il est convenu d’appeler la droite, des membres du corps professoral nous ont rapporté un ordre nouveau : leur mission, ont appris certains la semaine dernière, consiste aussi et surtout à « œuvrer au bien-être émotionnel des enfants » désormais. Mieux, pour « fluidifier la communication avec les familles », pour se montrer « efficace et efficient » (propos authentiques rapportés par l’agence ATS), les huiles vaudoises ont mené de puissantes réflexions qui ont entre autres abouti à la mise en place de « congés joker ». Entendre par là : la possibilité pour les parents de poser des demi-journées de congé à la carte, sans justification, deux jours avant l’absence en question. Pas certain que cela résolve les problèmes qui inquiètent réellement les profs, comme le peu de moyens à disposition pour transformer en réalité le grand rêve d’une école inclusive.

La dénaturation festive du réel

Il ne nous appartient pas de livrer des verdicts à l’emporte-pièces sur des décisions qui comportent leur part d’utilité. Par exemple : un « congé joker » bien placé permettra d’éviter quelque leçon de catéchisme sur les questions de genre. Ce qui nous intéresse, ici, est un mouvement de société qui, dans le fond, constitue la matière première de notre réflexion : comment réagir face à la multiplication des approches ludiques et infantilisantes des questions complexes ? Comment rester équilibré, pour dire les choses plus simplement, quand notre environnement prend les allures d’une vaste farce ? Aurait-on imaginé, il y a encore dix ans, qu’un jour l’armée suisse mènerait un sondage au sujet du bien-être de ses incorporés non-binaires ? Aurait-on cru qu’un jour, aux Jeux Olympiques, un speaker demanderait aux spectateurs de se lever « s’ils le peuvent » (comme si les tétraplégiques avaient besoin qu’on leur rappelle leur condition) ? N’aurait-on pas rigolé à l’idée que Libération, un média censé porter des idéaux égalitaires, finirait par multiplier les articles au sujet du plaisir prostatique chez les messieurs ?

Le problème de l’autoritarisme

Ces différents exemples pourraient simplement susciter des haussements d’épaules. Il y a bien pire, après tout. Mais c’est négliger un fait essentiel : à savoir que le voyage vers l’Île aux enfants comporte un versant inévitable, qui est l’autoritarisme. Ainsi, en même temps qu’il imposait sa métaphore du jeu de cartes pour nous parler de congés scolaires, le Canton de Vaud annonçait sa volonté très claire de serrer la vis aux personnes susceptibles de se trouver hors de son orbite. Dans le texte, « le Conseil d’État veut mieux encadrer les écoles privées et l’enseignement à la maison dans un souci de qualité ». Ceux qui possèdent un minimum de culture historique – par exemple parce qu’ils se sont intéressés à l’histoire soviétique – sauront traduire : « Il faut surveiller et imposer ses idées, même lorsqu’elles mènent à la médiocrité pour tous ». Cette réalité a maintes fois été évoquée dans nos réflexions, mais les Églises sont aussi des exemples absolus d’institutions où l’autoritarisme et les pires déviances ont accompagné l’introduction de chants gnangnans et un sentimentalisme digne de La Petite maison dans la prairie.

Un remède pour notre temps.

On peut vouloir remédier à tout cela à travers l’engagement politique. Mais pour nous, qui n’avons pour vocation ni de déposer des motions, ni de guider les âmes, une autre exigence s’impose : faire la paix avec une forme d’anarchisme. Non pas l’anarchisme stérile du révolté de 17 ans, mais celui qui n’entend pas renoncer au réel pour plaire aux puissances du moment, même lorsqu’elles jouent la carte cool (ou joker). Comme l’écrivait Ernst Jünger dans son Traité du rebelle, « Quand toutes les institutions deviennent équivoques, voire suspectes, et que dans les églises même on entend prier publiquement, non pour les persécutés, mais pour les persécuteurs, c’est alors que la responsabilité morale passe à l’individu ou, pour mieux dire, à l’individu qui ne s’est pas encore laissé abattre. »

Restons rebelles. Restons inclassables. 




L’anticonformisme, le vrai

Et s’il était excessif de hurler au blasphème 
à propos de la fameuse cérémonie des JO ?

C’est en tout cas que ce que soutient Claude Laporte, auteur au Peuple, orthodoxe engagé et avocat, dans la dernier vidéo mise en ligne sur notre chaîne YouTube. Tournée en studio, cette discussion est la première d’un cycle de trois. Les prochaines aborderont le réalité de la démocratie directe en Suisse, puis l’état de crise du système politique de nos voisins français.

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Des marcheurs du Jeûne fédéral vont prendre possession de la cathédrale de Lausanne 

« Est-ce trop demander que sur les 365 jours de l’année, un jour soit mis à part pour exprimer notre reconnaissance à Dieu et pour vivre un temps de réflexion et d’écoute, pour que le Roi de gloire fasse Son entrée ? » Le ton est assez clair : le Comité Vaudois de Prière pour la Suisse n’est pas là pour raser les murs avec son appel à le rejoindre pour prier pour la Suisse dimanche 15 septembre. 

Alors bien sûr, de l’eau a coulé sous les ponts depuis que la Diète fédérale a fait du Jeûne fédéral une « Journée d’action de grâces, de pénitence et de prière » pour tout le pays en 1832. Reste que chaque année, l’appel des autorités est renouvelé. L’an dernier, l’exécutif vaudois affirmait par exemple que « le Jeûne fédéral rappelle l’importance de l’unité fédérale et de la diversité des cultures et des croyances qui composent la Suisse. » Pas d’évocation des racines chrétiennes de la Suisse, mais au moins apprenait-on que « les églises et les communautés religieuses, unies dans leurs messages de respect et d’amour pour le prochain », peuvent contribuer à répondre à la quête de sens de nos sociétés. Un couplet écologique était aussi ajouté puisque le message relevait que « le jeûne, au-delà de l’abstention volontaire de se nourrir, nous rappelle en effet l’importance d’une gestion responsable des ressources. »

Le ton est évidemment plus tranchant du côté du Comité Vaudois du mouvement de Prière pour la Suisse. « C’est notre privilège de chrétiens d’apporter notre reconnaissance à Dieu, de confesser nos péchés et les choix de société, parfois iniques, que nous avons faits, tout en priant pour notre peuple, pour notre pays et ses autorités au Nom de notre Seigneur Jésus-Christ. » 

Pas d’événements particuliers du côté des Églises officielles

Techniquement, quatre marches partiront à 13h30, depuis la station métro du CHUV, au Tribunal fédéral à Mont-Repos, au bas du Petit-Chêne, et au Palais de justice de Montbenon pour converger vers la cathédrale où se vivra une célébration à 15h00. Habituellement desservis par l’Église évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), les lieux seront donc momentanément aux mains de croyants de sensibilité plus évangélique. Mais la responsable communication Carole Delamuraz précise : « Le jeûne et la prière sont des éléments de la spiritualité réformée », même si aucun événement particulier n’est prévu. Son Église n’émet d’ailleurs pas de recommandation particulière de jeûne mais un appel général – sous la forme d’un message de l’EERV – sera diffusé, et de façon usuelle, il accompagne le message du Conseil d’État que l’Église réformée vaudoise diffuse également. 

S’agissant de l’autorisation de célébrer à la cathédrale le 15 septembre, Carole Delamuraz souligne : « La discussion a eu lieu, les responsabilités clarifiées et des garanties obtenues pour le groupe voulant organiser un événement lors du Jeûne fédéral. Il a été prévenu de la nécessaire cohabitation compliquée avec le festival de musique sur l’esplanade, festival prévu, lui, de longue date. Et comme de coutume, un membre du nouveau Conseil synodal y sera. »

Du côté catholique, l’adjoint du représentant de l’évêque pour la région diocésaine Vaud Philippe Becquart affirme aussi que « cette journée reste un évènement important pour inscrire la Cité dans le temps chrétien et permettre à chacune et à chacun de se rappeler la place que les confessions chrétiennes occupent dans l’histoire de la Suisse et de notre canton. » Et de préciser : « Des initiatives locales peuvent avoir lieu, mais il n’y a pas à cette heure de proposition particulière au niveau de la région diocésaine. Des initiatives sont prises au niveau diocésain, en particulier la quête du jeûne fédéral, qui est au bénéfice de la Mission intérieure. » 

Des prises de contacts entre les organisateurs et les différentes Églises sont en cours. Aucune inscription n’est nécessaire pour participer à l’événement, chacun se rendant directement là où il désire rejoindre une équipe d’intercesseurs, muni uniquement du drapeau de sa commune, du drapeau du canton de Vaud ou d’un drapeau suisse.

Informations complémentaires et documents sur le site de l’événement : https://www.gebet.ch/fr/manifestations/jeune-federal




Édition 36 – La laideur ne vaincra pas

Chers amis, 

Le récent débat houleux sur le service public ne nous détournera pas de notre mission : sortir, mois après mois, une édition intelligente, variée et parsemée de mauvais esprit. Ce mois, la matière ne manquait pas !

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Cette laideur ne vaincra pas

Qu’on y défile au pas de l’oie ou qu’on y mette en scène des drag queens jouant les apôtres, les cérémonies officielles nous ennuient. Parce qu’elles sont l’expression d’un pouvoir et parce que rares sont les œuvres artistiques qui nous font toucher le Ciel en même temps qu’elles cochent toutes les cases de l’idéologie dominante.

Dans les sociétés occidentales actuelles, une particularité du pouvoir – qu’il soit médiatique, intellectuel ou artistique – réside dans sa tendance à intégrer une multitude d’éléments des contestations des générations précédentes. Ainsi, pour se présenter en tant que moderne, le roitelet du moment veillera à salir toute l’histoire sur laquelle s’appuie son autorité. C’est la figure d’un pape qui combat la tradition de l’Église. C’est le cocon d’ironie protectrice de l’humoriste (Yann Marguet, pour être précis) qui nous explique que le Requiem de Mozart est « une vraie merde » dans Libération. Et c’est le cas, vous l’avez vu venir, de la cérémonie d’ouverture des JO avec son détournement de la Sainte Cène qui a vu le Christ remplacé par une DJ obèse. 

Les évêques français ont « déploré » le blasphème. C’est faible mais à leur échelle, c’est beaucoup, tant ils sont habituellement soucieux de se démarquer des aspirations de leur fidèles et de tous ceux qui souhaitent que survive une culture chrétienne. Mais qu’on n’attende rien de plus d’adeptes d’un christianisme serpillère.

Dans cette édition se trouve un assez long reportage sur une exposition consacrée à une figure du Street Art au Palais des papes d’Avignon. Sans le savoir, il annonçait ce qu’allaient découvrir, médusés, tous ceux qui ne savaient plus s’ils se trouvaient devant la cérémonie d’ouverture des JO ou dans un festival intersectionnel LGBT : abaissement de tout ce qui est grand, ironie sur tout ce qui a fait le génie passé de notre civilisation suicidaire, surreprésentation de l’intimité et en particulier des questions liées à la sexualité. Car telles sont les marottes du pouvoir actuel, tel est le sésame qui mène à toutes les subventions. N’est-il pas piquant que les pays d’autres cultures (qui ont bloqué la rediffusion des moments les plus antichrétiens) sont bien plus prompts que nous à se détourner des spectacles qui nous offensent ? N’y a-t-il pas là matière à réfléchir aux nouveaux contours que doit prendre le conservatisme d’aujourd’hui ?

On peut ironiser sur la Sainte Cène, on peut blasphémer et insulter le Dieu des chrétiens. Tout cela a déjà été fait lors de la bienheureuse Passion. Mais la laideur ne vaincra pas, la laideur ne peut pas vaincre. Car même au milieu des outrages, le beau reste la splendeur du vrai.




Chouchoutage des soldats non-binaires : l’UDC va taper du poing sur la table

Cet article est proposé en partenariat avec Pro Suisse.

« Notre Armée manque de moyens. Elle en a assez, toutefois, pour financer un sondage sur la « non-binarité dans l’Armée suisse » ». C’est sur ce ton, un brin agacé, que débute l’interpellation concoctée par le conseiller national UDC Jean-Luc Addor après une drôle d’audace de l’Armée suisse. Alors que l’existence d’un genre dit « non-binaire » n’est pas reconnue par le droit suisse (n’en déplaise au chanteur Nemo), l’institution a lancé la semaine dernière un questionnaire visant à connaître le degré de bien-être des membres de cette communauté sous les drapeaux.

« Cela va nous permettre de mieux comprendre votre réalité et vos besoins », précise la page officielle du site de la Confédération. Les résultats, nous dit-on, « constituent une sorte de baromètre de l’interaction avec les militaires non binaires. » D’une durée de cinq à dix minutes, le sondage nous demande « quels sont les plus grands défis dans l’Armée suisse pour une personne non-binaire ? », si nous avons déjà vécu des discriminations dans ce contexte et, le cas échéant, si nous les avons dénoncées. 

Mais pourquoi écrire « nous », au fait ? Simplement parce que le sondage est ouvert à tous, une simple « information sur le sexe administratif selon la carte d’identité » étant requise à sa fin. Autant dire que pour la scientificité des résultats obtenus, des doutes sont permis. En revanche, niveau progressisme, toutes les garanties sont là.

Supprimer la diversité

C’en est de toute façon trop pour Jean-Luc Addor. Pour lui, il convient maintenant d’en savoir plus sur le budget du Service Femmes dans l’Armée et diversité (FdAD), à l’origine de cette enquête, ainsi qu’à propos du coût de l’enquête elle-même.

Proposant rien de moins que la suppression du volet « diversité » du FdAD, il livre le fond de sa pensée : « Au moment où Conseil fédéral et Parlement se retrouvent face au défi de moderniser notre Armée à temps pour faire face à des risques grandissants pour la sécurité du Pays, le moment n’est-il pas venu de revoir l’affectation de certains des moyens au demeurant insuffisants qui lui sont alloués ? »

En 2019, l’armée avait déjà fait sensation en ouvrant un bureau centré sur l’intégration des personnes transgenres. Des mesures avaient été annoncées pour « s’affranchir des règlements actuels qui discriminent les personnes transidentitaires », rapportaient Le Matin Dimanche et la SonntagsZeitung. On parlait alors de 18 personnes concernées au sein de l’armée. La ministre de la Défense Viola Amherd avait également présenté des objectifs de réduction des émissions de CO2 de son département. 

Commentaire : Soldat Bozo au rapport !

« Se soucier de ses soldats, leur montrer qu’on se préoccupe de leur bien-être et de leur moral, c’est central. Donc l’armée a en effet tout intérêt à s’y intéresser. Alors quel est le problème ? » Ainsi s’exprime un militant socialiste vaudois, Nicolas Schnorhk, sur X (ex-Twitter). Et à vrai dire, la question mérite d’être posée. Mais peut-être pas en temps de crise géopolitique majeure. 

Tandis que la guerre sévit en Europe et que la menace de terrorisme reste élevée, doit-on vraiment consacrer de l’argent public à une cause si marginale que le bien-être d’une minorité inexistante aux yeux de la loi au sein de l’armée ? Pourquoi pas, pendant qu’on y est, former les recrues au respect des accords toltèques et à l’ouverture des chakras, si le bien-être des soldats est « central » ?

Nous aurons peut-être, un jour, l’armée la plus morale du monde. Le seul problème est qu’elle servira à faire rire des enfants russes ou chinois dans des chapiteaux de cirque. 

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L’observatoire du progrès // Juillet 2024

Une comparaison qui nous fait bien Marguet

Le graphiste du peuple est encore en stage.

Peut-être ne le saviez-vous pas, mais le Requiem de Mozart est « une vraie merde ». Eh oui ! Il n’y a pas à douter de cette analyse puisqu’elle est le fait de l’humoriste Yann Marguet, fierté de Sainte-Croix, dans un entretien à Libé. On y découvre que le chroniqueur de l’émission Quotidien a des goûts autrement plus pointus puisqu’il apprécie aussi bien les rappeurs du Wu-Tang Clan que le punk rock de NOFX. Bon, petite concession de l’ancienne gloire du service public suisse : à ses funérailles, nous dit-il, il aimerait que l’on passe Le Dernier Repas de Brel, même si « certaines paroles ne sont plus vraiment en accord avec la société moderne ». Que voilà un garçon soudainement bien progressiste comme il faut ! Si ça continue, il finira par nous expliquer que Virgile ne tient pas la distance face à ses nouvelles audaces germanopratines.

Le Château de mammaire

On a dit et écrit beaucoup de choses, l’an dernier, à propos du fameux concert Ejaculate de la cathédrale de Lausanne, dans le cadre du Festival de la Cité. Rien de tel, cette année, et nous n’avions d’ailleurs pas la tête à chercher la petite bête. Reste que le concert Friction, de Sophia Rodriguez, mérite quand même une petite mention pour ses tétages généreux. Répétons-le goulûment : à Lausanne, l’art contemporain s’apprécie comme du petit lait.

La création contemporaine se porte bien.

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La cancel culture nous fait une fleur

Très belle entreprise d’épuration éthique dans le domaine des sciences naturelles ! Le Parisien nous apprend que le mois dernier, des experts réunis en congrès « ont voté pour l’abolition de plus de 200 noms d’espèces de plantes, de champignons et d’algues jugés racistes ». En cause, des appellations comme Erythrina Caffra ou Dovyalis Caffra ou encore Protea Caffra. Oui, le problème n’est pas évident pour nous mais il faut savoir que dans le contexte sud-africain, le mot « Caffra » a longtemps été utilisé pour désigner péjorativement les Noirs. Le mot incriminé sera désormais remplacé par « Affra » afin de rappeler les origines de ces espèces. Le coup sera assurément très dur à supporter pour les hordes de crânes rasés férus de botanique.

Vraiment beaucoup döner

Attention ça chauffe entre l’Allemagne et la Turquie ! Et pas à propos de n’importe quoi, mais à propos de la paternité du döner kebab. Alors pour ceux qui ne nourrissent pas de passion particulière pour la Street Food (à la différence sans doute de Yann Marguet), cette précision : le kebab désigne à l’origine la viande grillée, et le döner est sa variante, hyper populaire en Allemagne, consommée en sandwich. Mais là où ça se corse – même sans sauce piquante – c’est que « des producteurs turcs ont déposé à Bruxelles une demande pour faire du döner kebab une marque protégée », nous apprend le correspondant à Berlin du journal Le Soir. La chose est carrément perçue comme « une attaque contre la culture gastronomique nationale » en Allemagne, selon le journaliste. Diantre ! Admettons que ça ouvre des perspectives intéressantes : d’ici quelques décennies, verra-t-on la France se battre pour qu’on reconnaisse qu’elle est à l’origine de la burka ?

La France arrivée à bon porc

Gastronomie toujours, mais cette fois en France : « Mantes-la-Jolie : au Val-Fourré, le dernier commerce qui vendait du porc et de l’alcool a fermé. » Voilà le titre d’un article du Parisien consacré à la fermeture d’une supérette causée, nous dit-on, à un ras-le-bol général et à l’inflation. Ras-le-bol de qui ? De quoi ? en tout cas pas des produits proposés puisque l’enseigne était la seule du coin à vendre encore du cochon et de la gnôle. Mais le journal ne nous prend pas pour des imbéciles et admet pudiquement que cette disparition « marque aussi un changement dans les habitudes culinaires du quartier ». La faute à cette obsession pour le summer body, très certainement. 

Le jour le plus con

Voilà que le stagiaire nosu massacre des photos des troupes britanniques.

« Nous incarnons une rébellion nécessaire face au fascisme ». Voici le titre de la tribune signée par pas moins de mille artistes drag queens dans les colonnes de Libération. On n’entrera pas beaucoup plus avant dans le contenu de leur prose. Suffit d’imaginer les hauts talons et les faux cils de La Briochée, Paloma ou Minima Gesté sur les plages de Normandie en 44 pour comprendre qu’en matière de résistance au totalitarisme, ces créatures de boîtes de nuit ont effectivement tout à nous apprendre.