Nous avons le doigt d’y croire
La sensibilité conservatrice, dont ce journal se revendique ouvertement, souffre de cette tendance qui consiste à chercher dans l’actualité les signes d’un irrémédiable déclin. Parce qu’il a souvent le travers d’oublier que l’existence est belle, et l’absinthe délicieuse, le « droitardé » (comme disent les jeunes) se complaira dans la pose de celui qui décèle avant tout le monde les signes de l’effondrement final. Il le fait parfois avec style, souvent en se montrant relativement amusant. Le problème, avec cette disposition d’esprit, c’est qu’elle ne rend service ni à celui qui impose sa mauvaise humeur permanente, ni à l’entourage ou aux lecteurs qu’elle serait censée édifier. Une analyse lucide implique toujours de constater d’abord qu’il est bon de vivre à l’époque où nous rendons l’âme à 70 ans et non pas à 30, où le taux de mortalité infantile n’est pas d’un sur quatre, et où la guerre civile ne ravage pas le pays.