Qu’en termes élégants ces choses-là sont dites!

Pour marquer le retrait du Conseil fédéral d’Ueli Maurer, les jeunes socialistes (JUSO) ont de nouveau tapé très fort sur leur cible préférée. Certains membres de l’organisation prennent leurs distances.
Les adieux remarqués des jeunes socialistes à Ueli Maurer (en haut à gauche) ne sont pas les premiers tacles visuels adressés au ministre UDC. En 2015, déjà, une série de détournements avait marqué les esprits, dont un qui dépassait difficilement le niveau des cuvettes WC. Ldd
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«à plus Ueli! Franchement, on n’a jamais eu envie de se taper ta politique de merde.» Cette prose délicate ne provient pas du commentaire d’un internaute alcoolisé sur une page Facebook de tabloïd, mais de la section jeune d’un parti gouvernemental. Des JUSO, plus exactement, qui tenaient à saluer à leur manière l’annonce du départ du conseiller fédéral UDC Ueli Maurer. Pourquoi tant de haine? Simplement parce que l’élu, par ailleurs ancien président du parti agrarien, représentait l’aile la plus droitière du collège gouvernemental, ami des «imbéciles réactionnaires» selon les jeunes socialistes, et au service du «pour cent le plus riche». Et les roses en herbe de conclure leur message en beauté: «Franchement, tu ne nous manqueras pas. Par ailleurs, un parti qui bafoue aussi violemment les principes démocratiques que l’UDC ne devrait pas avoir deux sièges au Conseil fédéral.»

Des JUSO en colère

Ce type de publications, avec son cortège de références fécales, est-il validé par la base de l’organisation? Pas selon nos informations. Divers contacts socialistes jugent même ces provocations «contre-productives», bien qu’eux-mêmes se disent fortement opposés à la ligne politique de l’ancien président de l’UDC. Reste que les différents partis jeunes rivalisent souvent d’originalité lorsqu’il s’agit d’attaquer frontalement les usages politiques suisses, dont le respect d’une certaine étiquette.
Ainsi, il y a quelques mois, les jeunes UDC vaudois n’avaient pas hésité non plus à se mettre en scène en train de tirer sur des militants écologistes dans un clip parodique. Mais pour la présidente du parti Emmylou Ziehli-Maillard, la comparaison s’arrête là. «Que l’on soit d’accord ou non avec ses idées, il faut traiter un conseiller fédéral avec respect.» Elle regrette également que les commentaires aient été bloqués sous la publication des JUSO, là où sa formation avait accepté la critique. «En rompant le débat comme ça, ils montrent qu’il n’y a qu’une seule idéologie tolérable, la leur. Je trouve cette manière de procéder petite et antidémocratique».

Un hommage, loin des affres de la communication provoc’, mérite d’être relevé au milieu de ce marasme: celui d’Ada Marra. La conseillère nationale socialiste vaudoise, pourtant jamais épargnée par les échanges de tirs entre partis, a ainsi eu le courage d’évoquer un homme «avec beaucoup d’humour et toujours égal à lui-même.» Alors certes, «politiquement un ultralibéral éloigné des besoins de la population», mais admettons que des bilans nuancés de ce type contribuent davantage à nous faire aimer la démocratie que des montages grossiers portraiturant des ministres au lit ou aux WC.

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