Quelques livres d’un écrivain nommé François Mitterrand

Michel Onfray, philosophe reconnu par les radios et les télévisions, ne s’efforce pas seulement de « démontrer » que Jésus n’a jamais existé. Il a aussi noirci du papier pour contester les états de service de François Mitterrand (1916-1996) dans la Résistance française au nazisme et la qualité d’écrivain du quatrième président de la Ve République française.
Mitterrand en 1988. (Crédit: Nationaal Archief)
image_pdfimage_print

Au cours de l’été 2022, je prenais un café en contemplant le beau paysage de Crans-Montana, lorsqu’un fou rire irrésistible s’empara de moi à la lecture du pamphlet de Michel Onfray contre François Mitterrand. (La cible est morte depuis un quart de siècle ; j’ignore ce qu’Onfray écrivait du vivant du personnage.) Une telle mauvaise foi confinait au talent.

Onfray exécutait en quelques lignes l’œuvre littéraire de François Mitterrand et exaltait celle du général de Gaulle au motif que celui-ci était publié dans La Pléiade : « Sauf Le Coup d’État permanent, son œuvre est en effet essentiellement constituée de bric et de broc avec des livres d’entretien ou des articles. Il y a loin de ces livres d’occasion à la Pléiade » (Onfray, page 280). 

Certes, mais la prestigieuse collection de la Pléiade n’est qu’une marque d’une entreprise privée qui s’appelle Gallimard. De même que le Prix Nobel reste une récompense décernée par l’Académie suédoise, qui récompense des personnalités selon des obsessions propres à la Suède – pangermanisme jusqu’en 1918, gauchisme depuis 1945.  Rien de tout ceci ne présage du jugement de la postérité. Onfray me pousse aussi à souligner que les œuvres de son idole Charles de Gaulle sont aussi des « livres d’occasion » : sans la deuxième Guerre mondiale, pas de Mémoires de guerre

Au demeurant, Onfray, qui s’enorgueillit de ce que le général de Gaulle soit entré dans la Pléiade, a-t-il lu cette édition ? On y trouve, page 432, la réfutation de sa thèse, lorsque le Général énumère François Mitterrand au nombre des chargés de mission qui faisaient la liaison entre le gouvernement français d’Alger et la France occupée. Le jugement de Charles de Gaulle sur l’action de Mitterrand dans la Résistance m’importe plus que celui de Michel Onfray.

Le travail d’un agent publicitaire qui s’ignore.

Onfray aura réussi à être le meilleur agent publicitaire de feu le leader de l’Union de la gauche, puisque cette attaque en règle m’a donné une envie que je n’avais jamais eue auparavant : lire François Mitterrand dans le texte. J’aime juger sur pièces.

Pour découvrir notre analyse de l’œuvre, merci de vous connecter ou de prendre un abonnement.

Pour accéder à ce contenu, vous devez souscrire à un abonnement (Abonnement en ligne + papier, Abonnement de soutien ou Abonnement en ligne) ou vous connecter à votre compte (log in).

Voir aussi

  • Édition 35 – À déguster comme un cigare cubain

  • Réservé aux abonnés Le facteur sonne toujours deux fois

  • Un 1er août de la division à Lausanne

  • Comprendre la décadence