L’art de ne pas vouloir lire correctement

Ma compagne étant originaire de France, je vais vous parler – courtement je vous le promets – de ma vie à l’étranger durant la période des fêtes de fin d’année. La famille de ma meilleure moitié vit dans une superbe région remplie de terroirs, gorgée de saveurs et de savoir-vivre, que je tiendrai secrète. Bien entendu, pour rejoindre cette terre encore préservée du progressisme fou, il nous est nécessaire de passer par une très grande ville gauloise, que je ne révélerai pas dans ces lignes non plus. Cette cité est superbe à tout point de vue, mais force est de constater que la transition démographique (le terme utilisé par Macron pour ne pas employer «grand remplacement», affreux concept de l’über-méga-droite) y est bien présente. Manifestations kurdes, échoppe de poulet, marché aux épices, mineurs isolés en survêtements américains… tout y est.

Après avoir traversé la cité, direction la campagne, le confort d’un âtre et l’odeur carnée et sucrée de la côte de bœuf saisie à quelques millimètres de la braise incandescente. Quand soudain: BFMTV! Sur le plateau, on palabre, on s’offusque, on s’indigne, on crie au padamalgam. Le méchant du jour, c’est Michel Houellebecq. L’écrivain s’est entretenu avec Michel Onfray dans sa revue Front Populaire. Les deux auteurs ont pris le temps, touché de nombreux sujets sur près de 50 pages, achetées et lues par votre serviteur. Mais une phrase de Houellebecq a engendré des petites coliques chez nos confrères de BFM et donné envie de porter plainte à Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris. La phrase incriminée? «Le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n’est pas que les musulmans s’assimilent, mais qu’ils cessent de les voler et de les agresser. Ou bien, autre solution, qu’ils s’en aillent». Aïe, patatras, ouh là là.

Un historique complexe

Comme le répètent à la façon de perroquets tous les médias subventionnés français depuis quelques jours, l’auteur a déjà, par le passé, «parlé en mal de l’islam.» Il me semble que ce constat manque un peu de nuance. Certes, Houellebecq est allé très loin en 2001. «L’islam ne pouvait naître que dans un désert stupide, au milieu de bédouins crasseux qui n’avaient rien d’autre à faire – pardonnez-moi – que d’enculer leurs chameaux», ose-t-il dans son ouvrage Plateforme. Ou encore «La religion la plus con, c’est quand même l’islam. Quand on lit le Coran, on est effondré… effondré!», dans le magazine Lire lors de la sortie du même livre.

Seulement, il y a eu Soumission (la signification exacte du mot islam) en 2015. Et là, c’est plus compliqué. Florilège: «L’islamisation: c’est un processus spirituel, un changement de paradigme, un retour du religieux.» (L’ Obs, 5 janvier 2015). «Il y a plus d’opposition foncière entre un musulman et un athée laïc qu’entre un musulman et un catholique.» (Le Dauphiné libéré, 5 janvier 2015). «Que peut bien faire un musulman qui veut voter? Il est dans une situation impossible, en fait. Il n’est pas représenté du tout […]. Donc, à mon avis, un parti musulman est une idée qui s’impose.» (Mediapart, 2 janvier 2015). Et enfin: «Si on est religieux, on se dit que cette remontée du religieux est un signe de renouveau.» (sur le plateau de France 2, 6 janvier 2015). Comme l’avait décrit Bruno Viard, universitaire spécialiste du romancier, au moment de la parution de Soumission, «la question religieuse est présente depuis le début» dans l’œuvre de Michel Houellebecq: «Il est hanté par le spectre de la disparition de la religion. Houellebecq ne croit pas en Dieu. Mais il affirme qu’aucune société ne peut survivre sans religion sous peine de suicide car, avec la famille, la religion répond à une nécessité sociologique essentielle qui est de relier les hommes et de donner un sens à leur existence. D’où son désespoir: l’idée d’un grand vide…»
On peut donc constater, une nouvelle fois, que les «experts», «spécialistes», et «chroniqueurs» en tout genre font feu de tout bois sans s’attarder réellement sur ce qu’est, ce que pense un auteur complexe et nuancé comme Houellebecq. Durant tout l’entretien avec Michel Onfray, de nombreux sujets sont abordés dont un, bien plus intéressant pour un libéral comme moi. On sait que Houellebecq est un virulent critique du libéralisme. Il admet néanmoins par-ci, par-là, que c’est le seul système juridique (le libéralisme n’est pas une théorie économique, politique ou philosophique, seulement un système juridique) viable.

Un courage bon marché

Un chroniqueur quelconque, remplaçant quelconque d’un autre chroniqueur quelconque montre qu’il en a dans le pantalon et jette sa sentence, courageuse, sans concession: «Houellebecq est abject. Vous êtes ici chez vous, chers musulmans.» L’assemblée est à deux doigts d’applaudir, émue, conquise. Un autre invité lui emboite le pas et tente la surenchère: «Un Français de souche, ça n’existe pas. Nous sommes tous des bactéries.» Le constat qui saute aux yeux, qui agace, à la fin de toutes ces palabres: aucun chroniqueur ne semble avoir lu quoi que ce soit de ou sur Houellebecq et certainement pas l’entretien incriminé. Les deux Michel passent le plus clair de leur temps à aborder des questions bien plus pertinentes sur le transhumanisme, l’euthanasie, leurs rapports à la nature, à la mort. Le marché y est abordé aussi, assez maladroitement, surtout par Onfray. Les échanges sont réellement vivants, nourris, emportés aussi parfois. Ce qui laisse, bien entendu, les deux protagonistes se rapprocher dangereusement des «dérapages». Mais dans le monde du journalisme aux ordres, la spontanéité et la liberté de pensée sont toujours «proches du fascisme».

Quelques jours après la tornade Houellebecq, le calme s’est à nouveau installé. Et les toutous de BFM se lançaient dans de nouvelles analyses de haut vol: qu’allait être la teneur du discours de nouvel an de leur idole Macron? Tous misaient sur l’«espoir» ou la «confiance». On est passé à deux doigts de la «bienveillance».

C’est Houellebecq qui parle le mieux de l’état de déliquescence actuelle de l’Hexagone, en tout début d’échange: «La France ne décline pas davantage que les autres pays européens, mais elle a une conscience exceptionnellement élevée de son propre déclin.»




Impressions macronesques

Le sport, c’est la joie et la joie est communicative, voire communicante? Ce dimanche 18 décembre 2022, nous aurions voulu être une mouche pour assister au briefing du Roi avant son entrée dans le stade. Le Roi, entendez Macron. Enfin, vous aviez compris car vous ne l’avez pas raté jour-là. Vous ne pouviez pas le rater.

Or donc, nanti des conseils d’une armada de Nadine, Hortensia, Jérôme, Hadrian, Alibert, Isée, Garance, Alceste pour ne citer qu’eux, Emmanuel se retrouve face à l’inattendu: son équipe n’existe pas. Il ne peut donc pas appliquer le plan de communication. Drame. Le voilà congelé, transi, peureux, ignorant. Le voilà face à lui-même. Tiens, bonne nouvelle, durant de longues minutes, il va même penser seul.

Et puis soudain la France se réveille et le match devient fou. Macron aussi. Perdus les conseils de l’armada. Il entre en fusion, en fission, en sublimation et… s’oublie! Il a posé la veste, relevé les manches. Sa cravate ne ressemble à rien. Le voilà hurlant, sautillant, gesticulant. Il est redevenu un enfant. Médusés mais polis, les émirs qui l’entourent – peu concernés dans le fond – respectent poliment le Président et se demandent en leur for intérieur s’il est comme cela à la maison. Peut-être oui dans le fond. Brigitte doit bien rigoler.

Question: un Président de la République peut-il faire cela? Réponse: non. Quand on est Président, on se tient bien, Punkt Schluss. On peut manifester sa joie, mais sans gesticulation. On ne crie pas. On représente la République et on se doit d’être un modèle. On lui pardonnera sur ce coup-là, puisque, encore une fois, il avait sans aucun doute oublié les conseils de l’armada.
Ce qu’on ne lui pardonne absolument pas en revanche, c’est son attitude d’après défaite. Et là, on devient franchement inquiets. Comment peut-on manquer à tel point de sensibilité, de pudeur, de tact, d’humanité, pour s’attaquer de la sorte à Mbappé? Kylian, effondré, en fait lui aussi un peu trop (il ne sourira pas une seule fois), mais sa tristesse lui appartient et il n’a pas besoin d’un clown qui s’accroche désespérément à lui et lui crache dans l’oreille de longues minutes.

Et là, le doute, le souci se font jour. A-t-il écouté sur ce scénario l’armada? «Président, si on perd, vous foncez sur Mbappé et vous le serrez tout fort dans vos bras.» Alors là, Macron, il a pas oublié. Il a fait, refait, encore fait et encore refait. Et à partir de là, on a confiné au pathétique.

Si ces étreintes déplacées sont le seul fait de Macron, alors c’est un autiste de l’attitude et un homme qui ne connaît rien, mais alors rien au sport d’élite. Si c’est le fait de l’armada, alors il peut toutes et tous les virer. Et si c’est une combinaison des deux, alors faut vite organiser des élections. Ah mais c’est juste, en France, on ne coupe plus la tête aux Rois. Dommage. DP

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Analyse

Un conseiller fédéral ne devrait pas faire cela

Verra-t-on, un jour, un de nos élus fédéraux troquer son costume de souris grise pour singer les poses avantageuses du président français devant une compétition quelconque? Pas de risque, nous répond un haut fonctionnaire: «Les conseillers fédéraux se montreraient bien plus mesurés et surtout courtois. Manifester sa joie quand on est en tribune est légitime. Un peu de chauvinisme ne fait jamais de mal. Et c’est de bonne guerre. Nos ministres portent d’ailleurs volontiers les vestes de la délégation, comme Guy Parmelin à Pyeongchang. Mais se transformer en supporter très ʻpremier degréʼ est plus délicat. Les règles du fair-play sont d’une certaine manière la version sportive de la courtoisie diplomatique. Il faut bien doser. Et dans le cas du président Macron, on brise tous les codes. Il se sent seul au monde, comme s’il était dans son salon. A ceci près qu’il est président d’une puissance nucléaire! Cela manque de retenue, voire de courtoisie.»

Ce ne sont toutefois pas les gesticulations de Jupiter durant le match qui ont semblé le plus inconvenantes à ce connaisseur du Palais fédéral: «Le plus problématique c’est son comportement après le match. Il s’approprie l’événement. Il prend l’événement en otage pour son image. Il va sur la pelouse consoler des joueurs qui n’ont rien demandé! Ce moment appartient aux sportifs, à l’encadrement, à leurs proches. Le sommet, ou plutôt le fond, est atteint lors du discours dans les vestiaires. S’il s’intéressait sincèrement aux joueurs, il ne se filmerait pas. On est dans la pire mise en scène. Cela ne fait que remettre une pièce dans le juke-box du ʻtous pourris, tous opportunistesʼ. D’ailleurs cette mascarade s’est retournée contre lui.» RP




Au boulot mesdames!

Ces riches recommandations accompagnaient, dans un entretien à la NZZ am Sonntag, un message de soutien au relèvement de l’âge de la retraite des femmes, sur lequel la population s’exprimera le 25 septembre prochain. Travaillez plus, et plus longtemps, et le bonheur vous ouvrira les bras entre la fin du boulot et les plats prémâchés de l’EMS! A moins de faire un cancer entre-temps.
Alors on ne va pas jouer la lutte des classes quand on aspire essentiellement à boire des bières fraîches sur une plage de Thaïlande, à l’approche du troisième âge. Gageons cependant qu’il est relativement agréable de travailler à 70% quand on passe d’une carrière de haute fonctionnaire à une carrière de directrice de Pro Senectute, comme la Grisonne. Quand on traîne une épicondylite depuis vingt ans, parquée à la caisse d’un grand magasin, c’est parfois plus délicat. Surtout, on comprend mal de quel libéralisme la native de Felsberg se fait l’apôtre. Certainement pas le nôtre, tant le fait de se terrer dans une cabane près d’un lac, comme jadis Henry David Thoreau, nous paraît un destin plus enviable que la soumission aux injonctions de quelque politicien de carrière.

La fraction de seconde de trop

Depuis quelques semaines, difficile d’y échapper: des panneaux en langue inclusive nous invitent, à travers la Suisse romande, à ne pas écraser les «ÉCOLIER-RES». Heureusement, d’ailleurs, parce que sans mention explicite des élèves de sexe féminin, les chauffards avaient la fâcheuse tendance de choisir leurs victimes en fonction de leur sexe… Désormais, plus d’excuse, donc, et tant pis si les automobilistes peu familiers de la novlangue perdent des fractions de secondes précieuses à tenter de déchiffrer ce sabir abscons: au moins ils seront dangereux pour la bonne cause.

La fin de l’abondance s’annonce sympathique

La France est ce beau pays dont le président peut annoncer les mois difficiles à venir, tandis que lui-même fait le zouave sur un jet-ski. Alors pas de haine du succès dans nos rangs: tant mieux si Jupiter peut se détendre entre deux téléphones durant ses vacances. Après tout, un président aussi a le droit de s’amuser. On ne comprend juste pas ce désir de faire ça au milieu de la mer, alors qu’il y a des programmes d’occupation si rigolos (voir ci-dessous) dans les prisons de l’Hexagone.

Dans les prisons de Fresnes, l’ann didou didou d’ann

Les amateurs de chansons bretonnes se souviennent sans doute qu’il fallut jadis une «jeunette» pour délier les pieds d’un prisonnier «dans les prisons de Nantes». Dans celles de Fresnes, c’est plus simple: un «moment d’engagement fraternel» (dixit le directeur des lieux, Jimmy Delliste) suffit. Cet été, la France ébahie a ainsi eu l’occasion de découvrir «Kohlantess», un «Koh-Lanta des cités», organisé entre quatre murs. Au menu de cette déclinaison de la fameuse émission de télé-réalité de TF1, des épreuves comme le karting, le mime ou le tir à la corde au-dessus d’une piscine. Le tout, au lendemain d’une pièce de théâtre mettant en scène le rappeur Stomy Bugsy, qui en son temps prônait le «sacrifice de poulets».
Mais pas de mauvais esprit: le karting pour la réinsertion, pourquoi pas, après tout. On pourrait même imaginer qu’une visite au Grand Prix de Monaco transformerait tout ce joli monde en citoyens modèles. L’ann didou didou d’ann…




Le boss des zemmouriens de Suisse dégomme Macron

Qui êtes-vous?

Je suis un pied-noir né en Algérie en 1962. Mon père s’y était rendu pour fuir le Service du Travail Obligatoire institué par le régime de Vichy lors de l’occupation allemande, et pour combattre avec les Forces Françaises d’Afrique du Nord pour libérer la France de son envahisseur. Nous y sommes restés jusqu’au pillage de notre maison le 14 juillet 1962. En retournant en France, ma famille n’avait plus rien, hormis son amour pour le pays. Nous avons dû tout reconstruire. Professionnellement, j’ai notamment fondé une entreprise en 1999, spécialisée dans les services pour les conférences et les salons internationaux, dont les activités se sont étendues dans plus de 50 pays. Depuis 2018, je vis en Suisse et suis le fondateur et président d’un cabinet de conseil aux banques centrales. Je vis à Lutry dans le canton de Vaud, suis marié et père de quatre enfants.

Quel est votre parcours politique ?

Ma première campagne politique est une sorte de révolte intellectuelle. Je l’ai menée avec Charles Million (ndlr : ancien ministre de la défense sous Jacques Chirac) avec La Droite, le parti qu’il a fondé et présidé. Je suis allé jusqu’aux législatives de 2002. Par la suite, je me suis consacré à ma carrière professionnelle. En 2014, j’écoutais Nicolas Dupont-Aignan et j’ai décidé d’intégrer son mouvement, Debout La France. Je me suis rapidement rendu compte qu’il était incapable de faire grandir son mouvement. Il a de bonnes idées mais ne sait pas organiser une équipe, ni monter un financement. J’ai tout de même été colistier avec lui aux élections régionales en Ile-de-France, en 2015. Je suis ensuite passé par Oser la France dès 2018, en tant que membre du Bureau National. Puis Eric Zemmour est arrivé. Comme la plupart des personnes qui le suivent, j’ai approuvé ses diagnostics.

Reconquête!, à sa fondation, semblait très solide. Les meetings d’Eric Zemmour réunissaient des foules impressionnantes. Mais le premier tour s’est terminé avec un score assez faible de 7%. N’est-ce pas décourageant ?

Absolument pas. Je m’oppose aux termes que vous employez : faible et décourageant. Beaucoup de gens pensaient qu’Eric Zemmour allait être au second tour, voire qu’il serait élu président. Un tel cas de figure relevait du rêve éveillé. Les élections sont simplement venues nous ramener à la réalité. Par contre, si l’on se penche sur le chemin parcouru par Eric Zemmour, le résultat est extraordinaire. En décembre, il n’avait pas de parti, pas d’organisation, pas de militants. En six mois, il a réussi à construire un programme autour de valeurs et de convictions de droite et un parti politique présent partout en France et à l’étranger. Reconquête! est un mouvement qui attire les jeunes et qui a des finances saines. C’est déjà un énorme succès. Eric Zemmour a posé les bases de la reconquête.

Qu’est-ce qui a manqué pour aller plus loin ?

Selon moi, rien. Ce qui aurait, peut-être, pu être fait était d’arrondir les angles et dire aux électeurs ce qu’ils voulaient entendre. Mais dans ce cas, Eric Zemmour serait devenu un politicien comme les autres. Cela n’aurait eu aucun sens vu qu’il a dénoncé ces pratiques. Si l’on veut construire des bases solides, il faut établir un corpus d’idées et de valeurs et ne faire aucun compromis là-dessus. On peut, par contre, s’entendre ensuite sur leur mise en œuvre. Prenons l’exemple des retraités : il faut qu’ils puissent avoir un revenu digne, c’est une valeur forte et non-négociable chez Reconquête!.  Après, on peut en discuter les modalités.

46% des électeurs français en Suisse ont voté pour Emmanuel Macron au premier tour. Est-ce un terrain difficile pour Reconquête! lors de ces législatives ?

Je ne peux pas dire le contraire. Mais je crois que beaucoup d’électeurs ont choisi Macron, non pas par conviction mais par résignation. Il n’a pas fait de campagne, n’a pas présenté son bilan, il y a eu la guerre en Ukraine. Finalement, beaucoup se sont résignés à repartir pour 5 ans avec lui. Je ne peux pas leur en vouloir. Ce qui m’a surpris, par contre, ce sont les scores de Yannick Jadot, à 15% et Jean-Luc Mélenchon, à 20%.

Avez-vous également un engagement politique en Suisse ?

J’ai rejoint l’UDC du canton de Vaud en janvier dernier. J’ai choisi de m’impliquer en politique suisse pour des raisons d’intégration.

Une grande partie du programme d’Eric Zemmour est inspiré par la politique suisse.

Philippe Tissot

Reconquête et l’UDC représentent-elles la même droite à vos yeux ?

Je ne connais pas entièrement le corpus idéologique de l’UDC. Mais quand je regarde ce qui se passe en Suisse en matière de sécurité ou de contrôle de l’immigration, c’est exactement ce que demande Eric Zemmour. Une grande partie de son programme est inspiré par la politique suisse.  S’ils s’en rendaient compte, les Français qui vivent ici voteraient pour Eric Zemmour.

Quand on vit en Suisse, pourquoi voter et appeler à voter Zemmour ?

Parce que je suis français, que j’aime mon pays et que je veux le meilleur pour lui. Certains de mes enfants habitent encore en France, je vais y passer ma retraite. C’est une raison de plus de proposer aux Français de trouver la bonne solution pour améliorer leur quotidien.

Les partis de droite militent, souvent, pour un abandon de la double nationalité. Est-ce un combat auquel vous vous associez ?

Je n’ai pas encore tranché la question. J’ai une fille binationale franco-canadienne et je trouve que c’est un avantage pour elle. A vrai dire, je ne sais pas si la question porte plus sur la nationalité ou sur la capacité d’intégration. La France a tendance à donner trop facilement et rapidement la nationalité à un ressortissant étranger, sans chercher à savoir si c’est un bon citoyen.

Quelles sont vos revendications politiques pour les Français de l’étranger vivant en Suisse ?

Ce sont quasiment tout le temps les mêmes thématiques, chez Reconquête ou dans un autre parti. Il y a les retraites. Quand un Français la passe en Suisse, il doit se rendre chaque année au consulat pour obtenir un certificat de vie afin de toucher sa rente. Il faut faciliter tout ça. Ensuite, les personnes qui étudient à l’étranger sont une richesse pour la France, mais il est parfois difficile pour les parents de faire scolariser leurs enfants dans une école française. Il faut les aider financièrement, car ce n’est pas une dépense mais un investissement. La santé pose aussi des problèmes. Un Français qui revient au pays subit six mois de carence pour réintégrer le système de santé, alors que certains étrangers qui arrivent en France bénéficient immédiatement de soins, sans jamais avoir travaillé. Cela doit changer. Il y a également du travail à faire sur l’immobilier, les héritiers sont pénalisés par de trop lourdes taxes.

« Être un ami de Macron ne transforme pas un âne en cheval de course. »

Philippe Tissot

Vous avez attaqué Marc Ferracci, le candidat macroniste des Français de l’étranger vivant en Suisse, qui n’aurait « jamais mis les pieds en Suisse ». Est-ce un problème qu’un candidat se présente alors qu’il ne vit pas sur le territoire?

Non. Je suis un légaliste: la loi en France autorise n’importe quel citoyen à se présenter dans n’importe quelle circonscription. Il a donc la légalité de se présenter en Suisse. Cependant, prétendre que l’on va représenter les Français de Suisse, quand on ne les connaît pas, c’est un mensonge. Mon opposition féroce et farouche contre Marc Ferracci tourne précisément autour de ce mensonge qui est la marque de fabrique du macronisme et dont les Français ne veulent plus. En outre nous savons tous très bien, qu’il ne vient pas par conviction mais pour la simple raison que c’est un copain d’Emmanuel Macron. Le Président lui a probablement conseillé de se présenter en Suisse pour être facilement élu, pensant que personne en Suisse ne s’y opposerait. Il y a ensuite un autre problème : il se dit économiste et a conseillé Emmanuel Macron et le premier ministre. Quand on voit à quel niveau la dette s’est envolée et à quel point s’élève le déficit du commerce extérieur de la France, on peut douter des compétences en économie de Marc Ferracci. Si on me dit qu’il est économiste et copain de Macron, je le crois. J’ai de plus gros doutes quand j’entends que c’est un bon économiste. Être un ami de Macron ne transforme pas un âne en cheval de course.

Quel est votre vision de l’avenir de la France avec Macron et le gouvernement Borne aux commandes?

Macron fait du Macron je ne suis pas surpris par sa politique de boutiquier. Par exemple, Pap Ndiaye est totalement instrumentalisé quand il se voit confier le poste de ministre de l’Éducation. Macron le présente à la fois pour aller piquer des voix à gauche et exciter la droite sur la question clivante de la racialisation. Le plus grave dans cette histoire, c’est que le véritable racisme est du côté de Macron qui exploite ce garçon durant un mois, et le remplacera certainement après les élections législatives.

Ces derniers jours, le gouvernement français ne cesse de parler de revalorisation du pouvoir d’achat. Est-ce là, un pas vers une économie planifiée ? J’ai été chef d’entreprise, je sais comment se construit le salaire d’un collaborateur. La rémunération va dépendre de sa capacité à dégager de la valeur pour l’entreprise. Quand Élisabeth Borne dit vouloir obliger les patrons à augmenter les salaires, elle contribue directement à faire grimper l’inflation. Par contre, comme le propose Eric Zemmour, certaines méthodes peuvent générer du pouvoir d’achat: en réduisant l’immigration immédiatement de manière drastique, on dégage rapidement des montants phénoménaux en économisant sur les charges salariales et patronales dédiés au logement, à la famille et à la santé. C’est sûrement trop simple pour qu’un macroniste puisse le comprendre.