Yannick Escher

11 Posts
La juste échelle : relire Schumacher dans le tumulte du présent

La juste échelle : relire Schumacher dans le tumulte du présent

Publié en 1973, Small is Beautiful – Une société à la mesure de l’homme d’E. F. Schumacher fut lu d’abord comme un manifeste écologique, écrit au lendemain des chocs pétroliers. Cinquante ans plus tard, il revient à nous comme une prophétie. Car si le décor a changé, la maladie demeure : mégaserveurs numériques qui engloutissent nos vallées d’énergie, hôpitaux régionaux réduits à des lignes budgétaires, Europe contrainte de légiférer pour que l’on puisse seulement réparer une bouilloire ou un smartphone. Une question traverse ces turbulences : à quelle échelle l’homme peut-il encore être responsable ? Le mal moderne : la démesure…
Lire plus
John Henry Newman ou la lente clarté

John Henry Newman ou la lente clarté

Je me souviens du jour où j’ai lu la dépêche : « Rome va proclamer John Henry Newman Docteur de l’Église. » Pas de bandeau en une, pas de fracas ; une phrase, simplement, entre deux brèves vouées à périmer avant la nuit. Dans un monde qui distribue des trophées à la vitesse d’un clic et oublie dès le lendemain le lauréat, le geste prenait un relief singulier : il affirmait que certains noms survivent au cycle de l’actualité parce qu’ils ont laissé le temps former leur pensée, pesée, éprouvée, fidèle au réel. Oxford : jeunesse d’un esprit déjà habité…
Lire plus
Giuliano da Empoli ou le mépris du peuple

Giuliano da Empoli ou le mépris du peuple

Giuliano da Empoli est à la mode. On le lit à gauche comme à droite, comme on consomme un produit de saison. Ses livres circulent dans les cénacles où l’on aime trembler devant les périls qu’on ne vit pas. Le mercredi 20 août, il passait à Infrarouge sur la RTS : preuve qu’il est devenu un invité obligé. Mais faut-il confondre notoriété et clairvoyance ? Un matin, en plein cours, un adolescent m’a demandé — sans provocation, mais avec cette gravité des quinze ans : — Monsieur, pourquoi les politiques parlent-ils comme s’ils savaient tout, alors qu’on voit bien qu’ils ne vivent…
Lire plus
Quand les mots s’absentent, la violence s’impose

Quand les mots s’absentent, la violence s’impose

À l’heure où la rentrée scolaire ramène élèves et enseignants dans les classes, il faut rappeler une évidence : le langage est la première digue contre la violence. Dans les couloirs comme dans la cour, un mot juste peut encore empêcher un geste de trop. Et cette digue se construit — ou s’effondre — dès l’école. Dans une salle de classe, la paix ne se mesure pas seulement au silence qui y règne. Il y a des silences qui apaisent, et d’autres qui annoncent la rupture. Ce n’est pas encore le tumulte, mais déjà l’atmosphère se tend. Les épaules se…
Lire plus