En ce début de lundi après-midi, ce n’est ni du bord d’une piscine luxueuse, ni d’une voiture surpuissante, mais depuis un appartement situé au 29ème étage d’une tour de Dubaï que Ruben Ramchurn nous appelle. Si l’énergie caractéristique du personnage est au rendez-vous, quelque chose de nouveau se dégage : de la sérénité sans doute, comme souvent lorsque l’on a pris une décision après avoir trop longtemps tergiversé.
Il faut dire que ces derniers temps, les nuages s’accumulent au-dessus de la tête du « trublion » de la politique yverdonnoise. Citons par exemple une condamnation pour son combat contre les mesures Covid, ou un premier désaveu de la justice dans le cadre d’une plainte pour diffamation déposée par la municipale PS Brenda Tuosto. Mentionnons enfin un mandat de comparution pour rencontrer ces fameux dealers présumés qu’il attaque depuis des mois dans des vidéos.
Ruben Ramchurn, ces différentes affaires ont-elles fini par avoir raison de vous ?
Je ne veux pas revenir dans le détail sur chacune d’entre elles, mais pensez à ceci : on m’interdit de nommer la personne responsable du projet d’agglomération de 4e génération à la Municipalité d’Yverdon-les-Bains. Comment voulez-vous que je fasse de la politique dans ces conditions ? Est-ce que je dois faire comme tout le monde, venir prendre mes jetons de présence pour bénir l’action d’un exécutif qui dysfonctionne ? Cette décision, en outre, me semble avoir été prise avec un certain amateurisme : elle mentionne par exemple que j’ai près de 5000 abonnements sur « X » (ndlr. ex-Twitter) alors que le chiffre important pour évaluer la portée de mes publications aurait été celui de ceux qui suivent mes publications sur ce réseau social, à savoir mes abonnés (ndlr, 1149, hier).
Vous diriez-vous fatigué de la politique, également ?
En tout cas j’en suis arrivé à la conclusion que cela ne servait à rien de faire un travail de conseiller communal. Cela me coûte cher, me bouffe du temps et de l’énergie, et ne m’apporte rien. Au bout du compte, je me retrouve toujours seul avec mes frais de justice. Souvent au PLR ou même à l’UDC, les gens me disent qu’ils sont d’accord avec moi sur le fond, mais me laissent aller seul au casse-pipe pour des idées qu’ils prétendent partager.
C’est donc fini pour vous, le Conseil communal ?
Pour l’instant, oui. De toute manière sous cette législature, il n’y pas de rôle possible pour moi. Si je ne peux plus parler de mobilité sans me prendre des procès, cela signifie qu’on est entré dans une situation soviétique. Après, est-ce que je reviendrai un jour ? Je ne peux pas complètement l’exclure, mais ça me semble très hypothétique.
Vous ne voyez plus votre futur à Yverdon-les-Bains ?
Le monde est grand, plus grand qu’un village rupestre où les gens pensent qu’ils vont sauver la planète en cessant de manger de la viande ou de rouler en voiture. Alors autant laisser mon siège à quelqu’un de plus docile que moi, tandis que je me concentre sur des projets professionnels. En revanche, je suis membre de l’UDC depuis plus de vingt ans, bien avant mon engagement dans un législatif donc, et je vais le rester. De même, j’ai un attachement pour ma ville qui ne va pas s’éteindre en claquant des doigts, mais je ne veux plus rien avoir affaire avec le Canton de Vaud.
Concrètement, vous voulez déménager ces prochains mois ?
Oui, je veux officiellement déplacer mes papiers sur l’Île Maurice. Cela rendra plus compliquées les poursuites envers moi, et ça m’évitera de continuer plus longtemps à financer un État de Vaud qui me persécute. En fait, mon erreur a été de croire trop longtemps à la justice. J’aurais dû écouter mon ancienne compagne (ndlr. l’ex-directrice du parc technologique Y-Parc, mystérieusement agressée en 2021) qui a compris avant moi qu’il fallait partir pour voir plus grand.
Le président de l’UDC yverdonnoise, Christophe Loperetti, est actuellement votre colocataire. Est-ce que votre décision changera quelque chose pour lui ?
Il restera mon colocataire et mon meilleur ami. J’ai confiance en lui pour mener à bien ce qui peut l’être au niveau politique, mais je l’inciterai aussi à ne pas s’attirer autant d’ennuis que moi. Notez que nous remportons parfois des victoires, comme pour sauver la mobilité sur la rue de la Plaine, mais à quel prix ! Autant me concentrer sur ma vie.
Vous « concentrer sur votre vie », si l’on en croit vos réseaux sociaux, ça veut dire faire la fête et de la plongée. Y a-t-il un peu plus que ça ?
Oui je lance un business et je passe la plus grande partie de mon temps à travailler ou à mener des rendez-vous d’affaires. Simplement, ce n’est pas ce qu’on montre sur les réseaux sociaux pour faire rêver. La grande leçon que j’ai retenue durant la période Covid est la suivante : pour vivre libre, il faut devenir un pirate, vivre au-delà des frontières, s’affranchir d’un enracinement forcé. Ce constat est le fruit d’une longue réflexion amorcée avec La Grève de l’écrivain Ayn Rand : quand on a face à soi un système qui devient complètement fou, on peut le combattre, mais on peut aussi le fuir au moins sur le plan fiscal.
Qu’est-ce que vous pouvez nous dire du projet que vous lancez ?
Je monte une compagnie dans le domaine de l’écologie. Vous savez, je ne nie pas les défis environnementaux, d’autant plus que je me passionne pour l’océan depuis longtemps. Simplement, le débat sur ce thème est pourri en Suisse. Plutôt que de l’utiliser pour attaquer les libertés individuelles, on devrait mener des combats écologiques à travers les mécanismes libéraux.
Poseidon-C, le projet sur lequel je travaille entre l’Île Maurice et Dubaï, sera actif dans la compensation carbone maritime. Le cœur de son activité consistera à restocker du carbone dans l’océan. Je présenterai cela en détails quand le site poseidon.earth sera lancé, ce qui est imminent.