Le Roi est nu

Montage sur une illustration de Vilhelm Pedersen, Les Habits neufs de l'empereur.

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On nous martèle que les caisses sont vides. C’est faux. C’est mensonger. Les chiffres, eux, ne mentent pas : le canton de Vaud affiche un déficit budgétaire de 331 millions et conserve une fortune mobilisée de 493 millions sous forme de revenus extraordinaires. Voilà la vérité nue. Et malgré cela, le Conseil d’État taille, rogne, coupe, étrangle. On croirait voir ces riches qui, la bouche encore pleine, se plaignent de famine pour imposer à leurs domestiques la soupe claire et le pain sec.

Un État riche qui se déguise en pauvre pour châtier ses pauvres : voilà le scandale. On parade en haillons tout en dormant sur un coffre d’or. Comme ce propriétaire, campé sur ses sacs, traversant la salle à pas lents pour annoncer à ses serviteurs : « Je n’ai plus rien à vous donner, la maison est en crise. »

Et voici la trouvaille : une « contribution de crise » de 0,7 % sur le salaire brut, qui frappera tous les employés de l’État — enseignants, infirmières, policiers, personnel administratif — à l’exception des plus bas échelons. Le mot fait croire à un effort partagé ; la réalité, c’est une dîme. Des millions d’économies arrachés indistinctement. Pas aux puissants, bien sûr — jamais eux. Aux humbles. Et comme si cela ne suffisait pas, on supprime l’indexation des salaires en 2026. Voilà donc leur « génie » : confondre rigueur et rapine.

Regardez les enseignants : classes chargées, heures innombrables, santé usée à force de tenir debout pour les enfants. On leur arrache leurs dernières décharges de fin de carrière : 1 million « économisé ». Radinerie sordide. Puis on rabaisse encore la rétribution des enseignants sans titre pédagogique : 2 millions pris sur le dos de jeunes remplaçants, qui enseignent le jour et étudient la nuit. Voilà l’économie des comptables arrogants : humilier ceux qui sauvent l’école.

Et les hôpitaux ? 24 millions en moins, dont 5 millions pour les hôpitaux de la FHV et 5 millions pour le maintien à domicile. Dans les colonnes, on écrit « optimisation ». Dans les couloirs, ce sont des lits fermés, des malades renvoyés, des soignants à bout. Voilà ce que vaut la santé quand on ne sait plus gouverner.

L’UNIL et les hautes écoles ? –22 millions. On coupe dans l’intelligence, on hypothèque l recherche, on sacrifie l’avenir. On applaudit le présent de la comptabilité, on assassine le futur du savoir. C’est le triomphe — oui — du crétinisme budgétaire.

Et les crèches (FAJE) ? –10 millions. Dans un canton où les parents attendent déjà deux ans pour une place, on frappe les familles, on serre la gorge des foyers. On appelle cela rigueur. En vérité : une mutilation. On coupe là où la vie commence.

Les communes aussi sont frappées : 39 millions de contribution de solidarité leur sont confisqués, et leur part dans l’impôt sur les gains immobiliers est réduite. C’est l’accord de confiance Canton-Communes qu’on piétine.

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