Le PS s’essaie à la communication punk

Quand la communication politique se prend pour un vieux fanzine photocopié entre deux sessions de skate, et qu’elle mélange l’esthétique des égouts avec la tension des films catastrophes, ça donne ça.
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Toute une génération biberonnée à la musique punk à roulettes se souvient du fameux t-shirt vendu par le groupe californien NOFX au temps de George W. Bush : le visage d’un président américain imprimé en noir et blanc, granuleux comme un photocopieur fatigué, auréolé de cette esthétique des égouts chère aux adolescents rebelles de l’époque, barré d’un superbe « Not my president ». Ironie sublime d’un temps où, des écoles professionnelles du Valais aux skateparks de Bienne, on voyait fleurir ce slogan en anglais chez des gamins qui, pour la plupart, ignoraient le nom de leur propre président, mais savaient tout du plus célèbre consommateur de bretzel de l’histoire. Qu’importe, après tout : il suffisait de dénoncer le président — même un président lointain — pour se sentir du bon côté de l’Histoire.

Le retour du punk de poche

Heureuse nouvelle, la subversion d’hier finit souvent par devenir le marketing politique d’aujourd’hui. Cette rébellion low cost est en effet de retour avec le Parti socialiste suisse qui exhume exactement l’esthétique de nos vingt ans, agrémentée d’un rouge colérique pour s’opposer aux accords conclus entre la Suisse et les États-Unis. Accords qui, pour l’essentiel, prévoient surtout une baisse très terre-à-terre des taxes douanières, de 39 à 15 %.

Vintage, comme on dit, mais d’une influence certaine sur le PS.

On se serait attendu à un débat technique, prudent, suisse, avec ses chiffres, ses commissions et ses objections raisonnables. Mais non : le PS préfère ressusciter la panique façon t-shirt punk — « Not our president » — comme si la Confédération venait soudain d’être annexée. Selon la lecture du parti, il y aurait derrière cet accord un catalogue caché de concessions : poulets au chlore, dérégulations diverses, et tout un lot d’importations dont personne ne rêve vraiment. Bref, des choses pas plus sympathiques que le visage qui traverse en pointillé leur affiche dramatique.

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