« Je veux bien transmettre mes condoléances à la famille des vitrines cassées. » Au micro de Forum, la militante de gauche radicale Mathilde Mottet assumait l’ironie sèche, au lendemain de la manifestation pour Gaza du 11 octobre à Berne. Des millions de dégâts, selon la police ? Cinquante-sept bâtiments endommagés ? Des blessés à l’hôpital ? Peu importe : pour l’ancienne co-présidente des Femmes socialistes, seul compte le martyre palestinien, pour lequel s’étaient rassemblées 5000 personnes, sans autorisation. Comparer la « cause des causes » aux menues difficultés du quotidien : un mode d’argumentation déjà rodé lors des Grèves pour le climat, avec les résultats que l’on sait dans les urnes…
Une glorification qui interpelle
Comme à Lausanne ou à Genève lors d’autres mobilisations émaillées de heurts – ou même d’un chauffard traversant la foule – un mot nouveau surgit dans le débat public : « spontané ». Peu importe que ces défilés réunissent plusieurs milliers de personnes : ils ne sont plus « non autorisés », encore moins « sauvages » comme on disait hier. Ils sont désormais « spontanés » et, nous répète-t-on, protégés par le droit international.
Le site d’Amnesty International, cité en référence par la RTS, fournit d’ailleurs un petit manuel du parfait militant. On y apprend que la police doit « faciliter » ces mobilisations « et les protéger de la même façon que les manifestations non spontanées ». Et le service public de renchérir : « En Suisse, manifester est un droit fondamental qui découle directement de la Constitution fédérale. Il est garant du bon fonctionnement d’une démocratie. »
Que le droit à manifester soit fondamental, nul ne le conteste. Mais quid des tiers ?
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