En quête d’harmonie

Au moment de la rédaction de ce numéro, une femme transgenre, Clémentine Merminod, accédait au poste de secrétaire de l’association des femmes UDC romandes. Une première qui devait susciter l’intérêt de plusieurs confrères, surpris de constater qu’un parti conservateur puisse aussi manifester son ouverture en attribuant une telle fonction à un profil inhabituel.
Cultiver la beauté, un remède pour notre époque. Unsplash
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Au Peuple, voilà un article que nous ne ferons pas. Non pas qu’une telle nomination nous déçoive, mais au contraire parce que nous considérons que ce poste a été accordé à une personne et non pas à un profil. Une personne assurément compétente, courageuse, et dont l’engagement, comme tout engagement au profit de la chose publique, mérite toute notre estime. Les parcours individuels, pour le reste, ne méritent ni commentaire ni jugement. Un journaliste n’a pas pour vocation de guider les âmes.

Alors pourquoi, nous direz-vous peut-être, consacrer autant d’attention aux questions de genre, numéro après numéro? Dans cette édition, il est en effet de nouveau question de catégories nouvelles, genderqueer (qui échapperait au «schéma binaire» homme-femme, nous explique-t-on) et bigender (qui alternerait ou correspondrait aux deux), dont on découvre avec étonnement dans un fascicule qu’elles sont désormais enseignées aux écoliers vaudois. Il s’agirait, nous explique la fondation Profa, chargée de ces cours, de renforcer l’estime personnelle d’enfants ne se sentant pas tout à fait à l’aise dans les stéréotypes de genre ou de lutter contre les discriminations. Voilà qui est fort vertueux, mais doit-on accepter que des cours de biologie (ou de français pour autant qu’on l’apprenne encore en classe) enseignent la répartition de l’espèce – sauf cas très rares de personnes intersexuées – en deux grandes catégories, tandis que des intervenants externes expliquent à nos enfants qu’il y a une infinité de genres et de possibilités de catégorisation? N’est-il pas un peu déboussolant pour des gamins de faire face à des adultes chargés de leur apprendre des choses très opposées, mais censées toutes s’appuyer sur les derniers développements de la science, présentée comme un tout homogène?

En apprenant des choses que leurs parents ne savent pas, parce qu’elles n’existent parfois tout simplement pas dans la nature, ces enfants seront incités à se penser plus avancés que leurs aînés, tristement englués dans des déterminismes biologiques. Ainsi s’évanouira l’un des commandements sur lesquels s’est construite notre civilisation: le devoir d’honorer son père et sa mère. A quoi bon montrer telle révérence puisque le monde qu’ils représentent sera toujours marqué du soupçon de quelque oppression systémique…
Notre propos n’a jamais été, et ne sera jamais, de juger des gens en raison de leurs parcours individuels, de leurs éventuelles ruptures biographiques, de la manière dont ils entendent vivre leur vie privée. En soulignant les périls d’une «éducation à la déconstruction», pour autant que cet oxymore ait un sens, nous affirmons ceci: qu’une société soucieuse d’harmonie ne peut faire l’économie de modèles dominants si elle entend garder un art de vivre encore susceptible de faire barrage à un vaste sentiment d’impiété générationnelle. Que ces cadres généraux n’étouffent pas les personnes qui ne s’y retrouveraient pas entièrement, à la bonne heure ! Mais de grâce, n’allez pas expliquer à des enfants que 5000 ans de civilisation avant eux n’avaient rien compris.

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