Monsieur le Directeur,
Permettez-moi de m’adresser à vous comme j’avais l’habitude de le faire lorsque je travaillais pour la police que vous dirigiez. Je le fais respectueusement, car j’ai toujours eu de l’estime pour vous. Vous m’êtes toujours apparu comme un honnête homme, cultivé et élégant — ce qui, dans le paysage actuel, relève déjà de la rareté zoologique.
Le 23 septembre, vous avez été enfariné. Non pas par un boulanger, mais par un « collectif de feu et de love », qui a trouvé spirituel de gâcher l’inauguration de onze bancs peints aux couleurs LGBT et trans. Ces bancs devaient symboliser, nous dit-on, des « espaces accueillants et non discriminants ». Miracle de la performativité contemporaine : sitôt installés, sitôt scandaleux pour une poignée d’activistes anonymes. Voilà donc l’éternel destin des symboles, dans une époque qui ne vit plus que de ça : ils attirent les projectiles.
Message important !
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Car enfin, nous savons tous quel est le grief de vos censeurs : vous dirigez la police. La police honnie, celle qui protège leurs rassemblements illégaux avec un professionnalisme désespérant. Cette fameuse police dont vous avez hérité la charge, mais seulement quand le syndic consent à vous en laisser l’usage.
Cette attaque m’attriste, parce que je ne doute pas de votre sincérité. Vous avez fait du combat contre les discriminations un axe majeur de votre action : le 17 mai 2019, préavis pour la Journée internationale contre l’homophobie ; le 14 décembre 2021, plan stratégique pour « une ville ouverte à la diversité » ; le 28 mai 2025, deuxième édition du « Mois d’actions et de visibilité LGBTIQ+ » — le tout ponctué de vernissages sur la visibilité de toutes et touxtes, d’expositions, de commémorations, bref : de la liturgie arc-en-ciel que Lausanne célèbre avec ferveur. Votre constance est admirable.
Mais pendant ce temps-là, Lausanne tangue. Les chantiers prolifèrent comme des champignons après la pluie, les zones 30 s’étendent à la vitesse de la tache d’huile, les radars poussent comme des marronniers, dealers et mendiants tiennent le pavé. Et la police, supposée pacifier ce chaos, est elle-même entrée en crise. Dans cette grande fresque de la Ville inclusive, la sécurité et le commerce — vos deux compétences principales, tout de même — font figure de reliques honteuses.
Alors permettez-moi une suggestion : redevenez de droite. Vous vous êtes épuisé à donner des gages à la gauche, et que vous en reste-t-il ? Une dilution dans la coalition rose-verte, quelques hommages polis dans des communiqués officiels, et une poignée de farine au visage. Vos adversaires ne vous aimeront jamais, même si vous repeignez toute la ville aux couleurs de l’arc-en-ciel.
Cher Monsieur Hildbrand, cessez de raser les murs. Cessez de vous cacher derrière des gadgets symboliques qui ne trompent plus personne. Vous avez le cœur à la défense des minorités ? Tant mieux. Mais défendez aussi les convictions de votre électorat, celles qui concernent réellement la vie des Lausannois.
Redevenez de droite : non pas par nostalgie, mais parce que c’est le seul moyen de retrouver un cap dans ce désastre municipal.
Avec mon respect,
Raphaël
