L’impensé de la gauche

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On se sent souvent bien seul, à défendre le sens commun. Généralement, les belles âmes nous reprochent de faire des montagnes pour un rien, d’être réactionnaire ou d’extrême-droite. Seulement, vient un moment où même des personnes fort éloignées des choses de la foi, ou juste attachées au minimum de règles informelles nécessaires à la vie en société, disent elles aussi stop face au scandale de trop.

Le PLR n’est pas un parti conservateur. Pourquoi aurait-il eu besoin de l’être en des temps où il ne serait jamais venu à l’idée de quiconque de chanter sa haine de la police, des bourgeois ou des assureurs dans une cathédrale ? L’époque a changé, et certains ont perdu leurs repères, enfermés dans la certitude d’incarner le progrès. Face au scandale qui éclabousse Lausanne et la gestion de sa cathédrale, il faut savoir gré au centre-droit d’avoir pris les choses en main en appelant un chat un chat. On aurait aimé que les gens qui ont pour mission de représenter les croyants en fassent autant. Sans doute ont-ils un bilan de la consommation énergétique de leurs paroisses à établir. 

Depuis plus d’une année, Le Peuple fait face aux caricatures. Qu’il n’ait jamais écrit pour dénigrer telle ou telle communauté d’origine étrangère, peu importe : beaucoup ont tenté de faire de nous l’épouvantail d’extrême-droite dont ils avaient besoin pour s’inventer des combats. Aujourd’hui, alors que des personnes parfois libérales, athées, et même souvent d’autres confessions nous rejoignent dans notre combat, le sol se dérobe sous leurs pieds. Oui, l’écrasante majorité des gens en a marre de voir l’insulte, la mauvaise humeur et le déni de démocratie érigés en vertus cardinales. 

C’est l’heure de la confidence : insulter le capitalisme, le bon Dieu et la police, nous aussi nous l’avons fait, et longtemps. Mais il ne nous serait jamais venu à l’idée de nous indigner des retombées de nos provocations. Lorsque nous étions de petits punks enragés, nihilistes et désespérés, nous savions que nous avions peu de chances de recevoir des médailles. Plutôt des coups de pied au derrière. Certains nous ont fait du bien, quelques-uns ont même sauvé nos vies.

L’affaire de cette semaine, en vérité, est éprouvante. Elle est éprouvante car elle met en lumière le degré de mollesse des grandes Églises, si longtemps soucieuses de mendier la sympathie du monde qu’elles ont fini par accepter d’accueillir l’insulte entre leurs murs. Insultes pour les capitalistes, les bourgeois et même la police qui protège les manifestations culturelles révolutionnaires organisées avec l’argent des braves gens. Elle montre aussi qu’à force de faire tout sauf leur travail central – annoncer l’évangile –, elles ont fini par se trouver remplies de n’importe quoi.

Reste une ultime question : si l’on peut se féliciter de la réaction du centre-droit, on peut aussi se demander ce qui empêche les socialistes de marquer à leur tour leur désapprobation. Pour avoir des idéaux égalitaires, ce qui n’est philosophiquement pas inconcevable, doit-on pour autant se solidariser de la haine du flic, du bourgeois et du mâle ? Il y a là un impensé qui, malheureusement, fait fuir quantité de gens tout à fait recommandables d’une gauche qui vaut mieux que cela. 

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