Pourquoi les Suisses doivent défendre la Nuit du Bien Commun

La prochaine soirée aura lieu le 8 octobre au Bâtiment des Forces Motrices. Une action de blocage est annoncée. ©Eléonore Langlois / Genève pour le Bien Commun

Trop libérale, trop catholique, trop conservatrice : l’organisation d’une soirée philanthropique genevoise est désormais dans le viseur d’une presse qui relaie les discours les plus extrêmes. Et si on revenait à nos valeurs ?

« Le droit international, il dit clairement qu’on a le droit de manifester de manière spontanée. » Au lendemain d’affrontements avec la police genevoise, un militant d’extrême-gauche justifiait ainsi – redoublement infantile du sujet compris – sur les ondes de la RTS (Forum, 3 octobre), une mobilisation pro-Gaza non autorisée en ville.

Heureux monde, en effet, où seul compte le désir de paix universelle, sans tenir compte des commerces paralysés ni des gares envahies par les militants de tout poil. Le hic, c’est qu’à Genève, des éléments de cette même extrême-gauche tiennent soudain un tout autre discours lorsqu’il s’agit d’un événement… caritatif.

Antichristianisme 2.0

La chasse aux sorcières commence fin d’été. La Tribune de Genève tire la première salve en dénonçant la soirée comme un « faux nez du conservatisme catholique ». Puis le site Renversé, fidèle à son goût morbide pour les listes, emboîte le pas. Mais qu’apprend-on au juste ? Que les Nuits du Bien Commun sont nées de trois hommes d’affaires chrétiens, désireux de redonner vie aux traditions françaises. Horreur ! Que le plus connu d’entre eux, Pierre-Édouard Stérin, se soit éloigné du projet pour le dépolitiser ne change rien : l’ombre du malin plane désormais sur tout ce qui est chrétien et échappe à l’État.

Message important !
Cet article vous est offert parce qu’une autre voix doit bien se faire entendre dans la presse romande, mais nous avons besoin de vous pour continuer à jouer notre rôle d’empêcheur de penser en rond. 
Abonnements : https://lepeuple.ch/sabonner/
Dons : https://lepeuple.ch/nous-soutenir/

Commander notre manuel de survie journalistique (9.90 CHF) : https://lepeuple.ch/librairie-du-peuple/

Et c’est là que la presse mainstream s’emmêle les pinceaux. Au lieu de s’inquiéter de la dérive antidémocratique qui consiste à appeler au blocage d’un événement privé et caritatif, elle reprend docilement les éléments de langage de la gauche la plus radicale. Blick parle d’une soirée « parrainée par l’extrême-droite ». Puis Le Temps publie une enquête fleuve, où l’on découvre, stupéfaits, que certains organisateurs genevois vont… à la messe. Plus grave encore : leurs conjoints fréquenteraient une paroisse de Plainpalais. Versailles n’est jamais loin : on a même repéré un descendant de l’empereur Charles Ier d’Autriche dans le comité de soutien. Et pour parachever le tableau, on reproche à un fondateur… d’avoir inventé une application de quête numérique. Crime de lèse-laïcité !

La dramaturgie exige un symbole ? Qu’à cela ne tienne : on exhume la villa de Jean-Marie Le Pen, jadis rachetée par Stérin, comme si la pierre de Rueil-Malmaison contaminait les repas servis aux sans-abri de Genève. On soupçonne aussi les sponsors : Trafigura, la CCIG, le Crédit Agricole. Autant dire que toute entreprise pratiquant le mécénat devient suspecte si les bénéficiaires ne plaisent pas à la gauche radicale.

À ce stade, ce n’est plus de l’investigation, c’est du cabaret. On ne parle plus de ce que l’événement accomplit – 2,5 millions de francs levés en quatre ans pour des projets sociaux – mais de la généalogie des bénévoles, des paroisses fréquentées par leurs épouses, ou des applis de paiement sans contact utilisées à l’église. Le journalisme cède la place au procès d’intention. « Ce que nous vivons est d’une violence absolue », confie un membre de l’organisation, bousculé par des partenaires qui soudain prennent froid aux pieds, imposant des réorganisations de dernière minute.

Oui, on peut passer par-dessus des différences

Qu’il y ait une part d’ombre dans le milieu qui gravite autour des Nuits du Bien Commun, comme partout, c’est certain. Des connaisseurs parlent d’un « petit entre-soi très aisé qui regarde parfois le travail des autres avec condescendance »… jusqu’au jour où il est attaqué sur ses terres. Un mépris de classe apparu spectaculairement lors de la crise des gilets jaunes, selon certains compagnons de route.

Mais il reste un fait : lorsque les associations locales montent sur scène, ce n’est pas pour disserter sur la monarchie française, les messes dominicales ou les rêves d’un libertarien exilé. C’est pour trouver l’argent qui permettra de distribuer des repas, d’ouvrir un accueil de jour, de financer des ateliers pour enfants ou de soutenir des personnes handicapées.

On peut toujours ironiser sur les réseaux mondains et les airs supérieurs de quelques mécènes. Mais au bout du compte, ceux qui profitent réellement de ces soirées ne sont ni les organisateurs ni leurs cercles. Ce sont les plus vulnérables. Et cela, aucune polémique n’y change rien.

Défendre nos valeurs

La cabale médiatique qui s’abat sur la Nuit du Bien Commun, à Genève comme ailleurs, n’est pas seulement inquiétante pour les associations concernées. Elle révèle un déclin préoccupant des valeurs helvétiques.

Diabolisation de l’adversaire, comme au bon vieux temps…

On peut ne pas être libertarien. On peut préférer les traditions du paysan à celles des châtelains. On peut se méfier des réseaux versaillais et de leurs certitudes. Mais précisément : le bien commun ne naît pas d’un seul courant, ni d’une seule classe, ni d’une seule confession. Il a besoin de la diversité de notre peuple, de ses racines populaires comme de ses élites, de ses croyants comme de ses laïcs.

Et c’est là l’aveuglement des contempteurs de la Nuit du Bien Commun : en cherchant à bloquer la soirée, ils ne frappent pas des notables en smoking. Ils frappent les associations qui nourrissent, qui accueillent, qui accompagnent. Autrement dit, ils frappent le peuple, dans un contexte où l’économie suisse tire la langue.

Notre pays s’est construit sur une valeur simple et exigeante : la liberté. Liberté de penser, de prier, de commercer, de s’associer. C’est en son nom qu’il faut défendre la Nuit du Bien Commun.

Voir aussi