J’ai croisé une femme politique, qui selon la presse de gauche – laquelle faisait toujours montre d’une étrange complaisance à son égard -, était une féministe d’extrême droite. Féministe, certes. D’extrême droite, il eût d’abord fallu qu’elle fût de droite. Elle avait une réponse toute faite lorsqu’un militant se plaignait d’une avanie subie de son fait : « J’ai appris que vous dites du mal de moi. » Comme si elle avait été au-dessus de toute critique. Mais surtout moyen efficace de noyer le poisson et de ne pas s’excuser. Pour qui était témoin ou victime de ces méthodes, cela ressortait surtout de la dialectique à l’usage des semi-illettrés ou d’un cours d’agit-prop marxiste pour starlettes « conservatrices ». Gardons cette anecdote à l’esprit avant de faire du « gramscisme de droite ». Arrivées dans les eaux stagnantes d’une certaine droite, les méthodes de combat issues de la gauche deviennent inopérantes. Ce qui ne nous dispense pas de lire Gramsci.
Un petit rappel : Antonio Gramsci (1891-1937), provincial sarde devenu journaliste à Turin, passant ainsi de la province la plus arriérée à la ville la plus moderne d’Italie, participe en 1921 à la fondation du Parti communiste d’Italie. Arrêté le 8 novembre 1926 par la police de Mussolini, il va passer le reste de sa vie entre la prison et l’hôpital, avant d’être emporté par la tuberculose. Le fascisme italien avait à ce moment-là pour ses prisonniers politiques des mansuétudes dont on n’aurait pas osé rêver en Union soviétique ou en Allemagne nazie. Tout au long de sa détention, Gramsci pourra donc se faire expédier des livres et des revues, qui ne manqueront pas de nourrir de riches réflexions. Il en sortira les Cahiers de prison (Quaderni del carcere), sauvés par sa belle-sœur Tatiana Schucht et son ami Piero Sraffa, et dont la publication à partir de 1948 assurera à Gramsci une renommée universelle.
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