Non à la talibanisation de nos camps de ski

Dans le meilleur des mondes, les enfants ne découvriront plus la neige. Mais leurs moniteurs seront d'un puritanisme irréprochable.
Greg Rosenke/Unsplash
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Il y a une chose qui perd la gauche depuis des décennies, et qu’Orwell dénonçait déjà dans Le Quai de Wigan : « un sens de l’ordre hypertrophié » (chapitre XI). Jeudi 13 février, la politicienne verte neuchâteloise Nicole Baur, qui a longtemps occupé la riante fonction de déléguée à l’égalité, l’a une nouvelle fois démontré. Invitée par l’émission Forum sur la RTS, la présidente du comité scolaire de l’école obligatoire de la région de Neuchâtel a ainsi défendu une interdiction – ô surprise ! – visant les quelques rares enseignants et moniteurs qui se risquent encore à encadrer des enfants lors des camps de ski : leur interdire de boire un verre en présence des élèves.

Non pas que la majorité de ces professionnels de l’éducation soient alcooliques, irresponsables ou dangereux, non. Simplement, a-t-elle expliqué, des abus récents auraient entraîné un besoin de « clarifier et mettre un cadre ». Aux adultes, donc, pas aux élèves. « Nous avons estimé, a poursuivi la conseillère communale en charge des écoles de la ville de Neuchâtel, que – en termes d’exemplarité – les adultes ne doivent pas boire devant les élèves. »

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Le clou du spectacle : la politicienne a aussi précisé que les parents d’élèves n’étaient pas du tout à la manœuvre, mais que des problèmes de comportement, notamment des attitudes sexistes, avaient entraîné la directive.

La décision, jugée infantilisante par certains accompagnants, pose une question civilisationnelle : pourquoi, dans une société construite autour du pain et du vin, la consommation d’alcool serait-elle soudain devenue le signe d’un manque d’exemplarité ? Un enfant ne trouve-t-il pas un beau modèle chez ce professeur qui boit son verre avec la fondue après le ski, mais dans les limites du raisonnable ? N’est-il pas sain de montrer à des écoliers que l’alcool peut s’inscrire dans un art de vivre, lorsqu’il est consommé… en adultes ?

À ceci, Mme Baur rétorque : « L’alcool est dans tous les cas mauvais. » Nous lui répondrons que c’est le monde qu’elle nous prépare qui nous semble le plus dangereux. Un monde où les enfants n’auront plus personne pour les encadrer en camp de ski, mais où ces sorties seront en tous points exemplaires… sur le papier.

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