À moins d’avoir vécu sur mars ce week-end, ou à moins de suivre l’actualité uniquement grâce au service public, vous n’avez pas pu passer à côté de l’affaire impliquant une starlette vert’libérale zurichoise nommée Sanija Ameti. « Patriote 2.0 », « étoile montante de la politique en Suisse alémanique », selon un portrait de PME Magazine en 2022, cette experte en cybersécurité a jugé bon de publier sur Instagram des photos où on la voit tirer sur une représentation du Christ et de la Vierge. « Pour décompresser », selon elle.
Silence radio
Les réactions ont rapidement fusé à l’internationale et au sein de son parti, mais sur le service public, le suivi de l’affaire est resté léger. Il faut dire qu’hier, à Forum, des sujets plus explosifs allaient être traités, comme la vie sexuelle du philosophe Alexandre Jollien ou le succès des jeux paralympiques. Quant au 19h30, on aurait certes pu imaginer qu’il fasse une petite place à cette affaire qui blesse les chrétiens culturels qui forment la majorité de la population suisse. Mais non, même un sujet sur le « body positive » a tenu le coup face aux frasques de la politicienne originaire de Bosnie-Herzégovine, qui se décrit comme une « musulmane agnostique ».
Parmi les gens discrets depuis ce week-end, il y a aussi le mouvement Opération Libero, dont Sanija Ameti est co-présidente. Pour rappel, cette joyeuse équipe pro-UE se propose de défendre « une société ouverte et progressiste, libérale et juste, dans laquelle chaque être humain est libre de se développer et est égal en dignité et en droits. » Il est aussi question, sur son site, de renforcer les libertés et d’agacer les populistes. À vrai dire, tirer sur des représentations de femmes et d’enfants « agace » assurément les populistes, même athées, mais on saisit moins bien quelle liberté cela défend. Bien qu’ayant contacté le mouvement et plusieurs de ses militants, nous n’avons malheureusement pas été renseigné sur ce point.
Un double standard
Imaginons, maintenant, ce qui se serait passé si un élu populiste, défendant une société souveraine et conservatrice, avait eu la bêtise de tirer sur une représentation d’une autre religion que la sienne : aurait-on encore beaucoup parlé de la vie sexuelle d’Alexandre Jollien ou de « Body Positive » à Forum ou au téléjournal, selon vous ? Les excuses de Sanija Ameti, dont la sincérité n’apparaît pas désarmante, n’auraient-elles pas été dénoncées comme hypocrites ? La réponse est oui, bien sûr. Et le silence actuel de tant de ceux qui se seraient rués sur les frasques d’un UDC quelconque en dit long sur la réalité du rôle de « contre-pouvoir » dans lequel se drapent tant de promoteurs de la pensée dominante.