La haine de la police s’invite au Festival de la Cité

Un concert déjanté s'est terminé sur une note particulièrement abrupte, mercredi soir devant la cathédrale de Lausanne. Acceptable dans un cadre subventionné?
Le groupe "Crème Solaire" propose un "univers sonore et visuel à grand coups de mix improbable au rendu electro punk absurde pop", selon le Festival de la Cité. DR/Crème Solaire
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Président de la Ligue vaudoise et avocat, Félicien Monnier est un réac assumé qui ne crache pas sur une bonne bière. Habitant du quartier de la Cité, à Lausanne, il s’est rendu mercredi au festival du même nom, qui fête cette année ces cinquante ans. Un festival qui, à ses yeux, fait partie des incontournables de la vie culturelle du Canton.

Au menu, du “glitch hop électro punk” avec les Fribourgeois de Crème Solaire. “Au début, c’était totalement déjanté et assez rigolo, témoigne l’avocat. La chanteuse avait une énergie folle”. Seul problème, le second degré ravageur du duo a basculé vers tout autre chose à la fin du concert, avec un refrain anti-flics qui a largement déplu à notre festivalier. De quoi le pousser à dénoncer la situation sur Twitter.

“Tout le monde déteste la police”, vraiment?

En tout cas pas Félicien Monnier, qui s’étonne que de tels messages, scandés à la manière caractéristique des Gilets Jaunes, puissent avoir droit de citer dans un festival largement subventionné. “Certains me rétorquent qu’il s’agit de second degré, d’autres invoquent la liberté artistique. Mais qu’adviendrait-il si, par exemple, 250 personnes criaient leur haine des enseignants?” Pour lui, ce qui s’est exprimé devant la vénérable cathédrale de Lausanne n’est rien d’autre qu’un “marqueur de coolitude”. Soit quelque chose de “très superficiel”, mais qui se déploie “sur la base d’un message haineux”. D’autant plus absurde, selon lui, que le reste du spectacle n’était pas du tout dans cette veine.

Il y avait une ambiance de feu

Gilles Valet, programmateur

Présent sur les lieux, les programmateur Gilles Valet ne regrette en tout cas pas d’avoir fait venir le duo déjanté sur scène. Il se réjouit d’avoir vécu un concert incroyable avec “une ambiance de feu”. Les artistes, à ses yeux, “ont le droit d’avoir un côté militant” et ce n’est “pas le rôle du festival de leur mettre des barrières”. Reste que les organisateurs de l’événement, au ton très inclusif, ne feraient pas venir des artistes aux messages haineux envers d’autres groupes. “Crème Solaire” ont un côté punk décalé, rétorque Gilles Valet. C’est le rôle des artistes de choquer et d’interpeller.” L’organisation du festival précise néanmoins que la collaboration avec les services de la Ville sollicités est saine.

Une période difficile pour les agents

Contactée, la Police municipale de Lausanne ne souhaite pas faire de commentaire sur le concert. Elle confirme néanmoins que la période n’est pas simple pour elle: “En raison de la multiplicité des manifestations, en sus du Tour de France, la période s’avère chargée pour le Corps de police.” Autant dire que se faire houspiller dans un tel contexte ne doit pas être des plus agréables.
Et le service de presse de souligner, un brin chafouin, qu’un “récent sondage auprès de la population suisse place la police en première position des institutions dans lesquelles elle a confiance.”



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