Par Raphaël Pomey - Publié le 19 septembre 2025
Nous avons profité de notre entretien pour faire un petit retour aux sources.
Michel Pont, plume politique de 24 heures dans les années 2000, publie un livre où il revient sur ses années de combats éditoriaux. L’affaire Éthenoz, les inimitiés durables, l’appui de Jacques Poget mais aussi les pressions du pouvoir : l’ancien journaliste raconte une époque où l’on pouvait encore fâcher tout le monde en même temps – au nom de l’indépendance. Et il dénonce, derrière les éditos enflammés consacrés à Trump, l’abandon progressif du terrain local, là où se joue pourtant le vrai courage journalistique.
– Dans votre livre, vous évoquez de nombreuses affaires. Laquelle vous a le plus marqué ?
L’affaire Ethenoz, sans aucun doute.
(NDLR – Au début des années 2000, le contrôleur financier de l’État de Vaud, Pierre Ethenoz, met au jour de graves dysfonctionnements dans les services sociaux de Lausanne. Ses révélations déclenchent une crise politique entre la Municipalité et le Conseil d’État. Malgré la véracité de nombreux constats, Ethenoz est finalement écarté de son poste et publiquement mis en cause, dans une affaire qui a marqué la presse romande et durablement tendu les relations politiques.)
Ça a représenté quinze mois de travail, avec beaucoup de révélations, d’enquêtes, et une colère énorme du Conseil d’État. Et puis il y a eu un moment exceptionnel : son avocat avait mis en ligne toutes les pièces du dossier, ce qui avait confirmé beaucoup de nos soupçons. Autre souvenir fort : ce soir où nous appelions en même temps des conseillers d’État qui, chacun, racontait une version différente…
Avant ça, je dirigeais la rubrique de politique vaudoise depuis deux ans et je n’avais jamais rencontré Pierre Ethenoz. Mon travail sur cette affaire n’était donc pas lié à une question de sympathie personnelle, contrairement à ce qu’on a dit. Au départ, je m’étais d’ailleurs contenté d’un édito assez soft, rappelant qu’il fallait protéger le contrôleur financier des pressions politiques. C’était un collègue qui avait rédigé le premier article sur la réaction de Lausanne.
– Avec le recul, comment analysez-vous cette affaire ?
Il y avait un gentleman agreement entre une partie du Conseil d’État – Pascal Broulis notamment – et la Municipalité. Je n’ai jamais compris pourquoi, mais c’était un fait. Charles-Louis Rochat (Ndlr. conseiller d’État PLR de 1998 à 2012), lui, était très critique de la gestion des services sociaux lausannois, mais les autres restaient très hésitants à l’idée d’y remettre de l’ordre.
– Est-ce l’affaire qui vous a valu les inimitiés les plus durables ?
Oui, sans aucun doute.
– Aujourd’hui, si vous croisez Pascal Broulis dans la rue ?
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