Par Raphaël Pomey - Publié le 11 septembre 2025
Le PDG infidèle d'Astronomer et l'influenceur trumpiste Charlie Kirk, emportés par la même quête de pureté.
Toute une génération se souvient encore de la tempête médiatico-politique qui éclata quand Bill Clinton, président démocrate, se fit surprendre dans des jeux très particuliers avec une stagiaire au nom resté dans les annales : Monica Lewinsky. À la fin des années 90, cette gigantesque affaire fit frémir l’Amérique puritaine tandis que l’Europe pouffait volontiers devant le ridicule de l’Oncle Sam. Au terme de mille procédures, Clinton resta pourtant à son poste et quitta la Maison-Blanche nanti d’une belle cote de popularité. À cette époque, l’adultère n’était pas encore une condamnation à mort sociale ; il lançait même des carrières. Lewinsky, après son passage à la moulinette, devint figure médiatique et lança une ligne de sac à main. Elle devait même devenir un temps la figure d’une société spécialisée dans les régimes.
Un quart de siècle plus tard, même décor mais acteurs secondaires. À un concert de Coldplay, un patron de start-up de 350 employés est filmé, bras dessus bras dessous, avec sa DRH. Petit adultère en direct sur kiss cam. Quelques jours suffisent pour qu’il perde son fauteuil, son rang et bientôt son mariage. La société, soucieuse de montrer son haleine irréprochable, balance un communiqué sur le réseau LinkedIn : « Astronomer reste attaché aux valeurs et à la culture qui nous guident depuis notre création. Nous attendons de nos dirigeants qu’ils donnent l’exemple, tant en matière de conduite que de responsabilité, et récemment, ce standard n’a pas été respecté. » Traduction : nous sacrifions un homme aux dieux du temps.
Plus blanc que blanc
L’époque n’a qu’un mot à la bouche : pureté. Pureté dans les discours, pureté dans les vies, pureté jusque dans les draps. Hier, cela prenait la forme d’une dénonciation obsessionnelle des privilèges et d’une traque aux oppressions invisibles. Le lendemain, on réécrivait les classiques pour que pas un enfant ne s’écorche à la lecture. On élisait même parfois miss courage dans un concours labélisé miss beauté. On célébrait l’homme qui, d’un coup de tampon administratif, devenait femme — quitte à esquiver le service militaire — et chacun devait applaudir à s’en rompre les phalanges. Comme dans le prologue du Zarathoustra, tout le monde voulait la même chose, et celui qui divergeait allait de son plein gré à la maison des fous.
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