Par Paul Sernine - Publié le 10 avril 2025
Il y a des jours, même dans la gestion la plus locale, où quelque chose vous serre la gorge. Ce n’est pas la fatigue. Ce n’est pas la surcharge. C’est autre chose : un malaise diffus, une gêne sourde. L’impression, disons-le, de marcher à côté de ce que nous avons juré.
Je parle du serment. Celui qu’on a tous prêté, la main levée, le regard un peu grave, en présence des autres et de nous-mêmes. Ce moment où l’on a dit : je serai fidèle, je serai droit, je servirai le bien commun. Ce n’était pas un détail. Ce n’était pas un moment de théâtre. C’était un engagement, un vrai. Aujourd’hui, il faut avoir le courage de demander : est-ce qu’on le tient encore ? Est-ce qu’on le sent encore battre ?
L’affaire Dittli, qui secoue le sommet du canton de Vaud, ne fait que rendre plus criante cette interrogation. Ce n’est pas seulement le contenu de l’affaire – que la justice éclaircira – mais ce qu’elle révèle : la tentation de l’arrangement, la confusion des rôles, et surtout cette dérive où les querelles personnelles prennent le pas sur la tenue institutionnelle.
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Ce Conseil d’État qui tangue, qui tergiverse, qui s’enlise dans les arrière-pensées, ce n’est pas un spectacle, c’est un symptôme. Celui d’un abandon progressif de la parole donnée. Chacun y va de son calcul, de son irritation, de sa stratégie. On se parle par médias interposés, on se jauge, on se défie. Et pendant ce temps, la confiance publique s’effrite.
Le citoyen, lui, observe. Il n’a pas besoin de tout comprendre pour sentir que quelque chose ne tourne pas rond. Et nous, élus de terrain, nous devrions entendre ce malaise, non pas pour en tirer des conclusions hâtives, mais pour revenir à ce que nous avons promis : servir et protéger l’intérêt commun. Ne pas faire de la fonction un théâtre d’ombres.
Le serment, ce n’est pas un fétiche. C’est une ligne, une exigence. Une forme de verticalité, à l’heure où tout penche. Cela demande de ne pas céder à la facilité, de ne pas se perdre dans les jeux de rôle ou les rancunes. Cela demande, parfois, de se taire quand on a envie de répondre. De se lever quand d’autres s’affaissent.
Alors oui, la question est rude. Mais elle est juste. Ce serment que nous avons prêté, vivons-nous encore selon sa mesure ? Ou bien sommes-nous en train de le laisser glisser, lentement, dans les marges de notre conscience ?
Il est encore temps de le rattraper. De le remettre au centre. Non pas pour briller. Mais pour être dignes. Tout simplement.
À bon entendeur, salut !
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