« Le Général Guisan est-il suspecté d’être un radicalisé par l’administration vaudoise ? »

Par Raphaël Pomey - Publié le 24 juin 2025

Coordinateur romand de Pro Suisse, l’ancien président de l’UDC Vaud Kevin Grangier est très remonté. En juin, le Canton de Vaud a associé le souverainisme à un danger pour la sécurité publique dans une communication officielle, avant de plaider l’erreur. Alors que le débat fait rage sur le paquet d’accords Suisse-UE, une telle faute mérite plus qu’une simple réécriture de communiqués, estime le Vaudois.

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Rappel des faits : Retour en 2018 : la menace terroriste pèse sur l’Europe, et les départs vers les territoires tenus par Daech inquiètent les autorités. Le Canton de Vaud réagit en créant un « dispositif de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent », avec une permanence téléphonique et des spécialistes pluridisciplinaires à disposition. Proches, parents, collègues… tous sont invités à signaler les situations préoccupantes. L’outil, présenté comme l’une des priorités du Conseil d’État vaudois, entre en fonction.Sept ans plus tard, près de 300 situations ont été suivies, a annoncé le Département de la jeunesse, de l’environnement et de la sécurité (DJES). Et les signalements augmentent, notamment chez les mineurs. Pour pérenniser ce dispositif, le gouvernement cantonal vient donc d’adopter un nouveau cadre légal, la LPREV, qui fonde une Unité de prévention des radicalisations (UPRAD). À sa tête, Serge Terribilini, actuel préfet de Lausanne.

Pour justifier son inquiétude, l’État a cité le 16 juin dernier « la montée en puissance de certains phénomènes comme le masculinisme, le complotisme ou le souverainisme. » Oui, vous avez bien lu : pendant plusieurs jours, on a pu lire (dans une information reprise par exemple par Le Temps) que le souverainisme causait au Gouvernement la même inquiétude que la haine des femmes ou l’obsession de pouvoirs occultes censés manipuler le monde. 

Après un article du Peuple questionnant cette mise en parallèle, le département de Vassilis Venizelos a modifié son communiqué en ligne et a nous demandé de réécrire ses citations : ce n’est pas le souverainisme en tant que tel, qu’il voulait désigner, mais une obscure « problématique des citoyens souverains ».


Image: montage X/@EtatdeVaud et extrait de la première version du communiqué officiel.




Kevin Grangier, à la mi-juin, le Canton de Vaud a mentionné le souverainisme parmi les idéologies susceptibles de conduire à la radicalisation. Après la parution d’un article dans Le Peuple, il a fait machine arrière, évoquant une « erreur de formulation ». Pourtant, vous ne décolérez pas. Pourquoi ?

Parce que l’administration vaudoise commet un amalgame scandaleux entre les gens qui, comme les membres de Pro Suisse, s’engagent pour la défense de la souveraineté populaire et les terrorismes islamistes qui tuent au nom de Dieu. Cette association d’idées est une insulte et l’administration doit la corriger sans délai.


Pensez-vous que le Canton prend à la légère la cause de l’indépendance helvétique, en l’associant à des idéologies extrêmes ?

J’ignore ce qui explique cette insulte de l’administration cantonale. Maladresse de communication ou volonté politique d’associer les défenseurs de la souveraineté à des extrémistes ou encore autre chose.

Au lieu de fustiger les défenseurs de la souveraineté, le Canton devrait plutôt s’alarmer pour garantir sa propre souveraineté contre les nombreuses limitations qui sont prévues par le nouvel accord-cadre auquel l’UE veut nous soumettre.

Selon vous, y avait-il une intention sous-jacente de discréditer les milieux critiques d’un alignement complet sur la politique de Bruxelles ?

La défense de la souveraineté suisse contre la volonté de soumettre notre pays aux juges de l’UE sera le vote le plus important depuis le refus d’adhérer à l’EEE en 1992. C’est la mère de toutes les batailles pour notre génération. Les cantons seront gravement atteints dans leur souveraineté.

Chaque conseiller d’Etat et chaque député vaudois devrait se rappeler son serment qui l’enjoint à défendre la Constitution cantonale. Apparemment le serment est vite oublié une fois prononcé.

Le mouvement des citoyens souverains, que le Canton semble avoir voulu évoquer, est peu connu en Suisse romande, mais il existe. Faut-il, selon vous, censurer toute référence à ce mouvement, de peur de froisser les souverainistes « classiques » ?

Défendre la souveraineté du peuple et des cantons – soit l’article 1 de la Constitution fédérale – revient à affirmer que le peuple a le dernier mot pour toute décision.

On peut discuter au Conseil fédéral, au Parlement et dans les médias. On peut interpréter les sondages et enquêtes d’opinion, mais, à la fin, ce qui est définitif, c’est la parole du souverain. En Suisse, c’est le peuple. Or, cela semble désormais être un danger pour l’administration vaudoise.

Cette affaire pourrait-elle rebondir au Grand Conseil ? Avez-vous des relais politiques prêts à s’en saisir ?

Je l’espère, oui ! Chaque député de gauche et de droite devrait se lever contre cet amalgame insultant. Si on estime qu’en dernier recours, le vote du peuple est déterminant, alors on ne devrait pas admettre – même passivement – qu’une administration puisse jeter l’opprobre sur la souveraineté du peuple en démocratie.

Enfin, l’UDC a soutenu la majorité actuelle au Conseil d’État vaudois. Comment expliquer que de telles dérives soient possibles malgré cette alliance à droite ?

L’UDC est affectée, car elle revendique justement son attachement à la souveraineté du peuple et des cantons, notamment face aux dangers que représentent l’accord-cadre qui soumet la Suisse et les Suisses aux juges de l’UE. Mais ce n’est pas le monopole de l’UDC. J’attends de tous les partis de gauche comme de droite qu’ils rejettent ces amalgames scandaleux.

Le Général Guisan s’est battu pour que notre pays et son peuple demeurent souverains. Est-il désormais suspecté d’être un radicalisé par l’administration vaudoise ? Le fait de posséder sa biographie chez soi nous rend-il suspects ? Non, bien sûr ! Alors il faut corriger immédiatement cet amalgame insultant.