C’est pas “Bros” à voir

Pas pour faire plaisir à une moitié plus ou moins douce, mais pour prouver que vous n’êtes pas homophobes. C’est ce qu’il faut retenir des déclarations de Billy Eichner, scénariste et acteur de la comédie romantique au casting 100% LGBT Bros (22 millions de budget), évidemment encensée par la critique mais qui fait un flop réjouissant au box-office. «Malheureusement, c’est le monde dans lequel nous vivons. Même avec d’élogieuses critiques (…), le public hétérosexuel, surtout dans certaines parties du pays, n’est simplement pas venu voir Bros», pleurniche l’artiste. Visiblement peu disposé à remettre en question la logique marketing d’un produit communautariste destiné au grand public, notre homme préfère jouer la carte du chantage moral: «Tous ceux qui ne sont pas des cinglés homophobes devraient aller voir Bros». Et l’on imagine toutes les daubes mettant en scène Hugh Grant ou Richard Gere qu’il nous faudra bientôt nous farcir pour montrer qu’on n’a rien non plus contre les hétéros. RP

Ta mère la nageuse!

Le monde est quand même bien fait. Tandis que le canton asphyxie certains pour qu’il construisent des toilettes non mixtes dans leur cabane à la montagne (voir page 2), d’autres «dégenrent» à grands frais à Lausanne. 24 heures nous apprend ainsi que le Conseil communal de Boboland a voté un crédit de 3,1 millions de francs pour rénover et rendre «universels» les sanitaires, les vestiaires et les douches de la piscine de Mon-Repos. Des frais importants, certes, mais qu’une ville en situation financière aussi remarquable que la Capitale olympique peut se permettre. Surtout, gageons que ces travaux permettront de créer ce fameux lien social auquel tiennent tant les zélites lausannoises, à l’image de nos chères têtes blondes qui auront tout loisir de comparer les qualités anatomiques de leurs génitrices à la récré. RP

La cause de la quinzaine

Un nouveau (?) révolutionnaire de chez Blick a tenté la provocation dans son article sur l’«afro-véganisme». Toute première phrase: «En plus de filer de l’urticaire aux vieux réacs, qui découvrent ce mot-valise, ce mouvement culinaire va bien au-delà du régime alimentaire…». Effectivement le «vieux réac» que je suis ressens de l’urticaire. Non pas parce que son papier traite d’un mouvement particulier, mais bien parce que l’auteur admet lui-même qu’il utilise un mot-valise. Ou plutôt un mot fourre-tout. Le mot fourre-tout est certainement le mal le plus pernicieux de notre société. Il ne sert à rien, ne veut rien dire, mais véhicule toujours une nouvelle idéologie, une nouvelle mode sociétale. Le mot fourre-tout qui m’irrite le plus, qui me rend même franchement colère? Sobriété. Parions que le nouveau Che Guevara de Blick se fendra tantôt d’un article vantant les bienfaits d’une sobriété (une pauvreté généralisée, en vérité) digne de Fidel Castro devant un magasin de cigares. FL

Il n’y a pas que les savants qui sont fous

Grosse poussée du progrès à Genève où le rectorat de l’université a décidé de changer le nom du bâtiment Uni Carl Vogt, inauguré en 2015. Recommandée par un «groupe de réflexion pluridisciplinaire», cette mesure s’inscrit dans la très nécessaire lutte contre «les thèses détestables sur la hiérarchie des races et l’infériorité du sexe féminin» défendues en son temps (le XIXe siècle) par le naturaliste, dont un buste «fera aussi l’objet d’une réflexion» en concertation avec une ville dont on connaît le goût du marteau piqueur. Alors bien sûr, les esprits grincheux dénoncent les ravages du wokisme, mais c’est parce qu’ils ignorent la poésie future de nos cités. Traverser le boulevard Thomas Wiesel pour rejoindre l’Université Léonore Porchet en dégustant son sandwich vegan sous le monument Massimo Lorenzi, ne nous dites pas que vous n’en rêvez pas? RP




Les riches recommandations des autorités fédérales

L’ eau ça mouille, le feu ça brûle, et un grand nombre de voitures présentes simultanément sur la chaussée occasionne parfois des bouchons. Soyez heureux parce que l’on vous transmet ces précieuses informations sans les financer avec vos impôts, à la différence de l’Office fédéral des route (OFROU). Depuis quelques jours, ce dernier suscite des réactions que l’on dira pudiquement contrastées, avec un texte affiché sur les «panneaux à messages variables», comme l’on dit dans le jargon, situés au-dessus des voies autoroutières: «Évitez les heures de pointe pour échapper aux bouchons».

«Du pur génie, du foutage de gueule, de l’humour suisse allemand ou de l’incompétence totale?»

Un automobiliste vaudois

D’un côté, difficile de ne pas reconnaître une certaine logique à ce message, mais est-il vraiment utile ? Pas aux yeux de cet automobiliste vaudois qui l’a repéré à la fin du mois de mai près de la Cité de Calvin: «Du pur génie, du foutage de gueule, de l’humour suisse allemand ou de l’incompétence totale? Génie cela se saurait. Foutage de gueule peut-être. Humour? Impossible, c’est l’OFROU. Reste donc l’incompétence. Alors, bien sûr, cher OFROU, j’ai pris le panneau en photo et, ni une ni deux, lundi, je suis allé voir mon patron et je lui ai dit: «Patron, dès demain, je suis les conseils – les ordres? – de l’Autorité et j’évite les heures de bouchon. Je participe au Bien commun cher à Aristote. Donc je viendrai désormais travailler vers 10h30 et je repartirai à 15h au plus tard, 13h le vendredi.» Sur Facebook, où circule la photo d’un des panneaux assortis du message, certains évoquent encore «une connerie sans nom» ou, ironiquement, «l’œuvre de vrais génies».

Contacté, un communiquant du Touring Club Suisse (TCS) admet avoir également été surpris en découvrant cette recommandation alors qu’il était au volant: «D’habitude, ces moyens de communication sont utilisés à bon escient, pour annoncer un danger immédiat. Dans le cas présent, il est peut-être un peu trop générique.» La priorité, avec ce genre d’outils, est de diffuser des informations qui ne prêtent pas à confusion, précise le TCS. Gageons que cet écueil aura été évité dans le cas présent.

Alors, communication loupée? Benno Schmidt, de l’Office fédéral des routes, ne s’exprimera pas. En nous renvoyant à un communiqué de 2017, il souligne uniquement que «les messages directs aux conducteurs sont une des mesures de l’OFROU pour fluidifier le trafic.»
On l’aura compris, en évitant l’heure des bouchons.