Sol invictus

Le conseiller national valaisan PLR Philippe Nantermod n’est à l’évidence pas de cette race. L’entretien, dûment pesé et validé, qu’il nous livre en pages deux et trois ne retranche en effet rien du fond de sa pensée. Non, il ne regrette absolument pas les mesures qu’il a prônées en temps de crise Covid, même si elles pouvaient paraître autoritaires. Non, il n’aime vraiment pas l’idéologie écologiste et, à contre-courant du discours médiatique dominant, le voilà même qui affirme, décomplexé, que «la logique de la décroissance, c’est du bullshit.» Est-on tenu de goûter chacune de ses saillies ? Pas nécessairement. On peut se considérer de droite et juger, par exemple, que le style de campagne politique «à l’américaine» qu’il vante dans nos colonnes n’a rien à faire en Suisse. On peut se reconnaître dans des valeurs libérales, ou conservatrices, ou un peu des deux, et mépriser allégrement la vulgarité de tel ou tel éléphant peroxydé parachuté dans un bureau ovale, tel ou tel inculte pérorant de l’Elysée. Reste que nous avons à cœur, avec Le Peuple, d’en finir avec le crime de pensée, cet ultime blasphème des démocraties avancées. Ce qui mine le débat public, ce ne sont pas les «provocations de trop» qu’on nous jette au visage édition après édition dans les médias installés, mais la perte d’un discours authentique, viril oserons-nous même, dans le champ politique, voire scientifique. Aussi avons-nous le plaisir de diffuser la chronique, en page sept, d’un livre qui dénonce une «crise climatique par anticipation» et tacle sans complexes ces «éco-anxieux» qui font de leur hyper-sensibilité une justification pour aller saloper des toiles de maîtres dans des musées, se coller la main sur les routes et ruiner un peu plus l’école publique. Et pourtant, là encore… Nous croirez-vous si nous écrivons ici qu’il y a, dans le milieu qui gravite autour de ce titre, autant d’optimistes qui voient des «opportunités» dans le réchauffement climatique que de pessimistes qui estiment que l’humanité va dans le mur avec son mépris de la maison commune?

Autrefois, la célébration de la naissance du Christ avait remplacé celle de Sol Invictus, le Soleil invaincu jusque-là vénéré au sein de l’armée romaine. Tandis que s’effondre paisiblement l’héritage chrétien, sans que ceux qui ont la charge de le défendre semblent s’en émouvoir plus que cela, peut-être le soleil nous montre-t-il à nouveau sa nature profonde, à jamais invaincue. Que notre mode de vie survive ou non aux bouleversements climatiques qui s’annoncent, qu’il puisse même en tirer des bénéfices comme l’affirment certains, n’est pas une question de notre ressort. Ce qui ne change pas, c’est le tragique de notre condition, décrite en son temps par le livre de l’Ecclésiaste, avec sa résignation caractéristique: «Une génération s’en va, une autre vient, et la terre subsiste toujours. Le soleil se lève, le soleil se couche; il soupire après le lieu d’où il se lève de nouveau».




Vivre à l’abri de l’État

On a souvent, en Suisse, cette sensation diffuse que la montagne nous dépasse et que, peut-être, la partition que nous sommes amenés à jouer sur cette terre n’a guère de sens si elle ne sait pas laisser la place à la convivialité. La Casba, cabane-refuge du Balcon du Jura, fait partie de ces lieux où la simplicité s’impose, où le miracle suisse apparaît saison après saison, loin des vains bruits de la plaine. Elle est un minuscule bout de Suisse, mais représente bien notre art de vivre.

L’idéal que nous prônons, avec Le Peuple, n’est pas uniquement de nature esthétique. Nous défendons également un sens farouche de la propriété privée. Or, nous jugeons cette dernière en grand danger, parce que l’inflation étatique implique des chicanes inutiles aussi sûrement que la peste implique le bubon, pour reprendre une image de Saint-Exupéry. Imaginez une cabane isolée où les sept nains se tiendront plus facilement debout que Blanche-Neige: y a-t-il vraiment un sens, alors qu’elle croule déjà sous les exigences de rénovation, à venir lui demander de mettre en place des toilettes hommes et femmes, alors que chaque client sait bien qu’un exploitant, en ces lieux, fait déjà ce qu’il peut avec des moyens limités? N’est-on pas dans le ridicule achevé lorsque de modestes refuges doivent veiller à cocher toutes les cases de la non-mixité au milieu des alpages tandis que des drag queens font la lecture à nos écoliers en plaine?

Ce contraste illustre le décalage grandissant entre la réalité des juristes de l’État de Vaud, et de tous les États sans doute, et celle des braves gens désireux de faire vivre leur coin de pays. Car le respect de la propriété ne signifie plus grand-chose lorsque le sport national consiste à couvrir son autorité de tutelle, au cas où quelqu’un viendrait dénoncer des réalités qui n’ont jamais posé de problème jusque-là. Une administration publique est, par nature, une machine à débiter des limitations. Certaines sont justifiées, par exemple pour éviter qu’un exploitant ne pollue le champ de son voisin ou ne mette ses clients en danger en cas d’incendie. D’autres relèvent simplement du mépris de la liberté d’entreprendre.

A plusieurs reprises, ces dernières semaines, des restaurateurs ont été tancés pour n’avoir pas voulu servir un tel ou un tel, militaire ou UDC, ou refusé de laisser jouer des musiciens blancs férus de reggae. La solution que nous proposons, là encore, est le respect de la propriété privée, et non la moraline ambiante. Nous semble-t-il judicieux de demander à des recrues de cacher leur uniforme pour pouvoir boire une bière? Assurément pas. Et c’est pourquoi nous n’irons pas dans ce bistrot, dont les valeurs ne sont pas les nôtres. Nous semble-t-il scandaleux qu’hommes et femmes doivent partager des WC au bout d’un couloir au milieu de la montagne? Assurément pas, et c’est pourquoi nous aurions plaisir à ce que l’autorité administrative laisse respirer les patrons de la cabane concernée.




Un «regenrage» qui met en rage

Dans le Nord vaudois, les déboires de La Casba font bientôt partie du folklore régional, au même titre que le retour automnal du Vacherin Mont-d’Or ou les psychodrames de la classe politique yverdonnoise. Situé sous la Croix du Cochet, entre Sainte-Croix et Les Rasses, ce petit établissement isolé fait face depuis 2019 à toute une série de demandes des autorités cantonales: rénovation de la cuisine en 2020 (45’000 francs), installation d’une tranchée filtrante pour l’épuration des eaux ou mise en place d’une protection incendie digne de ce nom, dès que possible (100’000 francs). Des mesures auxquelles les gérants, Roger et Nicole Félix, s’efforcent de faire face grâce à leurs amis et à la solidarité des amoureux de ce petit coin de paradis. «Ce qui m’y a immédiatement plu, c’est l’aspect isolé, la tranquillité», se souvient Roger, qui prévoyait sans doute une retraite moins rocambolesque en reprenant ces lieux connus pour le menegetz, boisson emblématique à base de kirsch.

Le clou du spectacle

Car depuis le mois de mars, une énième demande de la Police cantonale du commerce (PCC) reste en travers de la gorge des tenanciers. Alors que les plus grandes écoles et institutions artistiques – à supposer qu’il faille les départager – du canton de Vaud se vantent désormais de «dégenrer» leurs WC pour garantir plus d’inclusivité, un architecte qui travaille bénévolement pour la cabane a reçu l’ordre… de prévoir des toilettes séparées, hommes et femmes, au lieu du modeste espace actuel situé au bout d’un couloir. Un lieu qui n’a pourtant jamais dérangé personne durant des décennies. Alors rien de dramatique, certes, mais tout de même une surprise un peu désagréable de la part d’un canton qui exige déjà des travaux extrêmement importants dans toute une série de domaines. «J’ai le sentiment que la Police du commerce est en retard d’une guerre», se lamente Roger. «On fait des WC mixtes partout, mais nous nous devrions faire l’inverse. Il y a de quoi se demander s’il n’y a pas une forme d’acharnement contre nous.» L’homme fait état de rapports bien plus chaleureux avec le chimiste cantonal. Il se dit d’ailleurs conscient que les uns et les autres font simplement leur travail, mais avec plus ou moins de rondeur humaine.

«Profondément écologiste», Roger ne conteste d’ailleurs pas le bien-fondé de la majorité des demandes des autorités, et notamment la nécessité d’une tranchée filtrante. Seulement, pour les payer, le retraité aimerait bien pouvoir faire tourner la boutique au lieu, comme maintenant, de devoir accueillir les visiteurs «en amis», comme le souligne le site internet des lieux. Mais sur cet objet, le canton ne dira rien: «Une procédure est en cours auprès du Tribunal cantonal, de sorte que nous ne pouvons pas renseigner sur une procédure en cours», tranche Denis Pittet, délégué à la communication du Département de l’économie, de l’innovation, de l’emploi et du patrimoine.

Reste le cas de ces fameuses toilettes, il est vrai bien modestes, mais à l’image des lieux. N’y a-t-il pas quelque chose de grotesque à appliquer des règles aussi strictes pour un établissement qui, en dehors de toute idéologie, s’inscrit tout bonnement dans la réalité du terrain? «Les exigences de la Police cantonale du commerce, formulées lors de la procédure de mise à l’enquête qui a abouti sans contestation des exploitants, sont fondées sur le cadre légal applicable», poursuit Denis Pittet. Avec une précision: «Cet article a fait l’objet d’une récente intervention parlementaire. Un projet de révision de cet article a été préparé et sera soumis prochainement au Conseil d’État. Si le projet aboutit, il ne sera plus exigé de toilettes genrées dans les établissements.» On ignore s’il faut s’en réjouir dans l’absolu, mais voilà déjà un embryon de bonne nouvelle en ce qui concerne les intérêts de La Casba.

Les effets pervers de la centralisation étatique

Et si, finalement, les démêlés de Roger Félix n’illustraient pas les effets pervers d’une trop forte tendance à la centralisation? C’est ce que disent bon nombre d’habitants du Balcon du Jura. Même le syndic de Sainte-Croix, Cédric Roten, admet parfois faire face à des surprises administratives avec des demandes pourtant basiques, mais dont la réalisation occasionnerait des frais de plusieurs centaines de milliers de francs pour la commune. «Il y a parfois un manque de contextualisation dans l’application de certaines règles», juge-t-il, prudent. Entre les lignes, on découvre des autorités communales qui, comme le petit exploitant d’une cabane, font face à des armées de juristes dont la fonction consiste désormais à couvrir des centres de décision très souvent déconnectés du terrain.

«Ma situation est celle d’un simple péquin qui fait tout pour survivre face à une administration qui ne tient pas compte de la réalité des uns et des autres», appuie Roger. «Du reste, depuis 2019, je n’ai vu ici aucun représentant des autorités qui nous mette des bâtons dans les roues.» A quelques kilomètres de la vallée où l’on produisait, là aussi, son absinthe «pour les amis», son combat semble s’inscrire dans l’exacte continuité de ceux du Val-de-Travers. Mais cette fois, la solution ne prendra peut-être pas des décennies pour montrer le bout de son nez, comme dans le cas de la fée verte. «Le département a connaissance des difficultés rencontrées par les établissements de l’hôtellerie-restauration», rassure Denis Pittet, «notamment dans le contexte que nous connaissons, marqué par deux années de pandémie et une situation internationale complexe. Le projet de révision du règlement d’exécution de la loi sur les auberges et les débits de boisson va ainsi dans le sens d’un allègement des exigences imposées aux restaurateurs.»

Niché dans sa cabane, Roger, de son côté, continue le combat. Récemment, il a adressé une demande de soutien à toutes les communes du canton. L’une d’entre elles, située dans un tout autre district, a déjà promis un don de mille francs. Les petites rivières font les grands menegetz, sans doute.




Effondrement

Au premier rang de ces derniers, la tension permanente entre la liberté et la morale. Parmi les plus réfractaires à l’omniprésence d’annonces dans la rue, nombreux sont ceux qui réclamaient leur droit à la «décolonisation de leur imaginaire». Une liberté contre une autre, pourrait-on dire. Ce type de revendications justifie en effet, depuis des années, la lutte engagée par Lausanne, puis plus récemment par le canton de Vaud dans son ensemble, contre la publicité sexiste.
Depuis deux semaines, sans qu’aucun imaginaire soit visiblement colonisé, il est possible d’acheter à Lausanne des gaufres en forme d’organes génitaux dans une échoppe spécialisée. Qu’une adolescente gobe une sucrerie en forme de pénis ou qu’un garçon en pleine mue dévore un simili-vagin fluo, la presse unanime crie désormais au progrès. Dans l’un des nombreux reportages extatiques de nos confrères, de La Télé en l’occurrence, il nous a même été donné de découvrir une cliente jugeant que «c’est maintenant ou jamais» qu’il fallait faire ce genre de choses, tandis que son ami y voyait une occasion tombée du ciel d’«en finir avec les tabous autour des pénis et des vulves». Étranges tabous que ceux dont la classe médiatique est unanime à saluer la disparition sous prétexte d’une énième libération à mener.

Nous l’avons déjà dit, au Peuple, nous n’aimons pas beaucoup l’inflation juridique et, donc, étatique. Il n’en reste pas moins que les lois approuvées par la population ou ses représentants doivent être appliquées lorsqu’elles existent. Se pose donc la question du sort à réserver à un commerce qui, de façon assez évidente, contredit un règlement lausannois – le Règlement général de police – censé protéger «la décence». Bien sûr, on nous dira que cette notion évolue avec les mœurs. Reste qu’à moins d’admettre la réalité de l’épuisement civilisationnel en cours, on ne voit pas quelle vision du sacro-saint «vivre-ensemble» peut encore être respectée quand la transgression devient la norme.




Le patron était-il en droit de renvoyer des clients?

S amedi 13 août, un groupe de Jeunes UDC s’est rassemblé à Bâle dans le cadre de l’assemblée des délégués cantonaux du parti. Après les discussions, une vingtaine de membres ont souhaité se désaltérer dans un bar éphémère, «Ts’Fähri Bödeli». Les jeunes agrariens ne pourront jamais déguster leurs mojitos. «Je suis allé passer la commande en compagnie du président des Jeunes UDC, David Trachsel. Le barman a commencé à préparer les cocktails et nous a demandé de quelle organisation nous faisions partie, nous lui avons clairement répondu que nous étions de l’UDC», relate Sacha Turin, vice-président des Jeunes UDC suisses. Réaction claire, nette et précise du barman, détaillée par le politicien: «Il a alors posé les verres en disant ʻnous ne servons pas des gens comme vousʼ. J’ai pensé que c’était une blague.»

Le gérant du bar «Ts’Fähri Bödeli», Roger Greiner, s’est fendu d’une autre version dans les colonnes de 24 heures, deux jours après les faits: le groupe était un poil trop festif et son comportement ne fonctionnait pas avec l’atmosphère générale du lieu. Toujours selon le patron, qui s’occupe également des réservations, les Jeunes UDC n’avaient pas réservé et son établissement était plein. Il s’en est suivi une bataille d’arguments entre les différents acteurs, par média interposé.

«On ne peut vivre sans discriminer. Discriminer n’a rien d’injuste: les sentiments ne font pas la justice. Vivre ne crée en soi aucune injustice.»

Stéphane Geyres, président de l’Institut Mises France

L’histoire bâloise pose la question de la liberté. La liberté de servir un client, ou pas. Stéphane Geyres, président de l’institut Mises France et fervent défenseur du droit naturel, apporte sa réponse: «Il faut dire clairement que la légitimité d’un acte ne vient pas d’une constitution quelconque, mais du droit de propriété privée, qui devrait lui être supérieur. Ainsi chez soi, le propriétaire – ici le patron – est dans son bon droit de dire ou faire ce qu’il désire, tant qu’il n’agresse pas autrui – ici ses clients. Au-delà, les clients ainsi traités feront autant de chiffre en moins, le droit légitime sera vite remis face à l’intérêt.» Ça, c’est pour la vision anarcho-capitaliste, libertarienne.

Poursuites possibles

Seulement, la loi suisse encadre ce type de cas et pose des obligations. Maître Samuel Thétaz, avocat au barreau et associé chez Metropole Avocats à Lausanne, explique que si les faits sont avérés, ceux-ci sont graves: «Il est licite de refuser l’accès à un établissement public lorsqu’il existe une raison objective de le faire, comme un comportement agressif ou hostile vis-à-vis d’autres clients de l’établissement ou du personnel, des troubles causés ou un non-respect des règles applicables. En revanche, interdire de servir des personnes en raison de leur appartenance politique ou de leurs opinions est sans équivoque illicite et constitue une atteinte illicite à leur personnalité.»

Sacha Turin explique que les Jeunes UDC ne poursuivront pas l’établissement, bien que la loi offre cette possibilité.
«Les clients éconduits devraient, pour pouvoir contraindre à se faire servir, saisir un juge civil d’une action au sens des art. 28 et suivants du Code civil, à teneur desquels celui qui subit une atteinte illicite à sa personnalité peut agir en justice pour sa protection contre toute personne qui y participe (art. 28, al. 1, CC)», informe Samuel Thétaz. Il souligne toutefois le fait qu’une telle démarche serait compliquée: «Naturellement, dans les faits, personne ou presque ne s’engagerait dans une telle action, en raison des coûts et de la lourdeur de la procédure. Il faudrait des courageux qui ouvrent la voie, et j’espère que ces jeunes le feront.»

«Vivre c’est discriminer»

Que ce soit pour des raisons d’orientation politique, de comportement en inadéquation avec l’ambiance du lieu, ou tout autre prétexte, le cas du bar bâlois peut relever de la discrimination. Stéphane Geyres précise le sens qu’a ce terme, du point de vue anarcho-capitaliste: «Vivre, c’est agir, décider, choisir. Choisir, c’est discriminer ceci en faveur de cela. On ne peut vivre sans discriminer. Discriminer n’a rien d’injuste: les sentiments ne font pas la justice. Vivre ne crée en soi aucune injustice. Mieux, c’est en discriminant les mauvais producteurs pour préférer les meilleurs que chacun contribue à la prospérité commune. Pas de prospérité sans discrimination.»




Qui pour défendre nos libertés?

Les âmes, après vingt siècles d’oppression judéo-chrétienne, allaient se trouver enfin libérées, les appartenances ethniques allaient être oubliées, l’égalité conquise. Le monde, sorti de l’histoire, devait ressembler à une curieuse fusion de roman d’Alexandre Jardin et de chanson de Yannick Noah. Bien sûr, la rapide marche vers le paradis sur terre a parfois connu des coups d’arrêt, au Cambodge comme en ex-Yougoslavie. Reste que jusqu’à ces dernières années, il fallait être très mal luné, voire une cassandre de la pire espèce, pour annoncer des lendemains qui ne ressembleraient pas à la description d’Imagine, l’épouvantable balade de John Lennon que nous apprenions religieusement à l’école.

Lorsqu’en fin d’édition, au Peuple, nous effectuons un survol de nos différents articles, nous devons souvent constater que nous en revenons à une question essentielle, déclinée de façon multiple: celle des dangers qui planent au-dessus de notre liberté. Non pas la liberté de l’ado incapable de comprendre qu’en période de crise, la population peut elle aussi être amenée à fournir des efforts, mais la liberté, la vraie. Celle qui implique qu’aucun inquisiteur à la petite semaine n’ira fouiller dans nos factures pour voir si nous avons oublié d’éteindre une ampoule un soir, ou choisir pour nous les chansons que nous avons le droit de chanter sur scène. Deux exemples, mais nous aurions pu en choisir d’autres, issus de ce numéro.

Au moment où vous lirez cet édito, le 1er août aura tout juste passé. Nous aurons fêté notre indépendance et cette suissitude, à la fois discrète et si fondamentale, qui nous rassemble. Notre pays a été formé par des hommes qui désiraient vivre librement, et qui auraient accueilli à coups de fourche des donneurs de leçons venus leur dire comment dépenser l’argent du ménage. Alors qu’aujourd’hui, une apparente quête de «responsabilité» fait ressurgir les pires souvenirs des totalitarismes passés, avec l’aval de personnes que nous avons pourtant élues pour nous défendre, peut-être n’est-il pas si bête de nous souvenir que nous aussi devons aspirer à rester des citoyens plutôt que des sujets.




Quand le PLR «serre la vis» aux libertés individuelles

Jusqu’à une époque récente, c’était en principe à propos de comportements illégaux que les politiciens parlaient de «serrer la vis» . Tel ou tel voulait serrer la vis au deal de rue, aux pickpockets, aux resquilleurs… Les choses ont bien changé puisque ce sont désormais les personnes n’enfreignant aucune loi qui font le plus souvent l’objet de ces velléités, à l’image des non-vaccinés durant la crise du Covid. Ironie de l’histoire, certains comportements délictueux – pensons à la consommation de drogue – ont suivi le chemin inverse pour passer, depuis une dizaine d’années, à l’état de simples «réalités à encadrer».

Étonnamment, le Parti libéral-radical (PLR) n’est plus le dernier à proposer ses services pour le grand serrage de vis permanent dont la population devrait faire l’objet. Dernier exemple en date, la proposition, relayée par Blick, de taxer les ménages dont la consommation de gaz augmenterait alors que des efforts de limitation sont demandés à l’industrie. Pas de raison que l’économie soit seule à se serrer la ceinture en matière d’énergie, selon la conseillère nationale Susanne Vincenz-Stauffacher et le conseiller aux états Damian Müller, aux commandes de cet ovni.

«Personne ne consomme pour le plaisir»

«Je trouve ce genre de mesures ridicules», fulmine Alec von Barnekow, vice-président des Jeunes PLR suisses et président des Jeunes PLR fribourgeois. «Vu le prix actuel de l’énergie, l’ensemble des acteurs ont un intérêt clair à économiser. Personne ne consomme juste pour consommer. Punir des entreprises qui viendraient à consommer davantage ne me semble pas plus judicieux. Probablement qu’elles n’ont pas d’alternative si elles veulent croître.» D’autres, sous couvert d’anonymat, dénoncent une proposition suicidaire un an avant les élections fédérales. Ou l’art de choisir le pire moment pour se montrer antipathique…

«Il faut faire comprendre aux gens qu’ils agissent pour leur propre intérêt, et non pas les menacer avec des sanctions.»

Eric Bonjour, ancien député vaudois

Mais comment un parti héritier du libéralisme peut-il accoucher de mesures n’hésitant plus à brandir la menace de nouvelles taxes? La proposition du duo d’élus est en tout cas jugée «troublante et assez intrusive» par l’historien Olivier Meuwly, spécialiste de l’histoire des idées politiques. «Comment vont-ils faire? Examiner chaque facture de consommation de gaz? Le PLR sera mal pris pour critiquer, par la suite, l’ultra-étatisme des Verts qui ne cessent de culpabiliser les gens et jouer la police de la verdure.»

On l’aura compris, l’intellectuel n’est pas emballé par la proposition. Mais pas au point de dénoncer une sortie de route de son parti, en tension constante entre son aile radicale, plus étatique, et son aile purement libérale. «Les ennemis du PLR sont toujours en train de chercher les moments où il dévie. Ils n’aiment pas le libéralisme mais reprochent aux libéraux de ne pas l’être. On peut cependant se demander s’il n’y a pas actuellement une tentation de surjouer le ‘R’ parce que l’ambiance du moment n’est pas très ‘L’. C’est un risque possible.» Et de plaider pour que le parti donne au moins du sens aux accents qu’il choisit de mettre dans ses propositions.
Et si, à force de miser sur la «responsabilité», le PLR laissait sa place à la conservatrice UDC comme parti le plus libéral de l’échiquier politique suisse? «Mais c’est déjà le cas», juge Eric Bonjour, ancien député vaudois passé par les deux formations durant un parcours politique de trente ans. «Le covid l’a montré, seule l’UDC demandait une politique libérale, encourageant la vaccination, mais sans demander qu’on l’impose.» L’idée que l’on puisse venir fouiller dans ses factures, et dans sa vie privée, lui est particulièrement antipathique: «C’est du communisme, inadmissible.» Loin de nier la réalité des problèmes d’approvisionnement énergétique, et la nécessité d’ajustements, il propose une politique basée sur l’éducation. «Si tout le monde faisait des économies individuelles, on pourrait économiser une centrale nucléaire, explique-t-il. Mais il faut faire comprendre aux gens qu’ils agissent pour leur propre intérêt, et non pas les menacer avec des sanctions.»




UNIGE se met au Vert (lib)

« De manière générale, les Vert’libéraux s’engagent pour une politique écologique, progressiste et ouverte sur le monde. Ils sont convaincus qu’une autre façon de faire de la politique, éloignée des éternels clivages gauche-droite, est possible. »

Voici un extrait de l’offre de stage reçue par bon nombre d’étudiants de l’Université de Genève, ces derniers jours. Transmise par voie officielle, elle porte sur un poste à 80%, au salaire non précisé, sur une période minimale de quatre mois. Au menu: tâches de secrétariat, gestion des réseaux sociaux ou encore organisation de stands. « Nous vous rappelons que si vous décidez de choisir ce stage en intra-cursus, vous devrez avoir acquis 60 crédits ECTS dont ceux du tronc commun avant de débuter », précise ainsi le courriel envoyé par le secrétariat des étudiants du « Global Studies Institute ».

Ci-dessus, l’offre de stage reçue par les étudiants.

Une proposition très éloignée du champ d’études

Parmi les destinataires de cette missive, un étudiant un peu déboussolé : « J’ai été surpris de recevoir une offre de stage partisane relayée par la messagerie d’une Université publique. Qui plus est, pour un engagement intra-cursus dans un domaine éloigné du champ d’études des relations internationales. En tout cas, c’est la première fois ce que ça m’arrive.» Domaine éloigné, mais relations assez proches puisque la personne de contact au sein des Vert’libéraux, secrétaire général du parti genevois, est un habitué de la maison, titulaire d’un doctorat obtenu en 2019 à l’Unige, ancien vice-président du thinktank Foraus. 

J’ai été surpris de recevoir une offre de stage partisane relayée par la messagerie d’une Université publique.

Un étudiant en relations internationales

« Cela ne me choque pas, à la condition que la même possibilité soit donnée à tous les partis de l’UDC aux Verts », réagit Barry Lopez, étudiant en droit à l’Université de Lausanne et élu PLR. « Pour moi ce qui est le plus important c’est qu’un salaire digne de ce nom soit versé, ce que ne mentionne pas l’annonce. » Un survol des offres de stages proposés par son université offre un certain contraste avec la proposition de stage genevois. On y trouve la possibilité d’aider des dames âgées à faire leurs courses, la veille documentaire au profit de l’institution ou l’accompagnement de futurs élèves. Bien loin, donc, de la participation à la campagne d’un parti politique, aussi honorable soit-il.

Couleur politique indifférente selon l’UNIGE

Contactée, l’Unige ne se démonte pas : « Dans le cadre de leur cursus, les étudiant-es du Global Studies Institute ont la possibilité de réaliser un stage professionnel pour lequel ils obtiennent des crédits. C’est le cas de l’offre de stage à laquelle vous faites référence, qui émane d’un parti mais aurait tout aussi bien pu provenir d’une organisation internationale ou d’une PME », explique Luana Nasca, assistante presse. 

Une telle offre de stage aurait-elle été diffusée au profit d’un parti moins consensuel, UDC ou MCG, voire même PLR ? « Ce n’est évidemment pas la couleur politique qui rend un stage acceptable ou non dans ce contexte, mais bien la nature des activités envisagées qui doit répondre aux critères d’études, comme le fait que le stage soit rémunéré. »

Commentaire

On lit toute l’année, et particulièrement à droite, que les sciences humaines sont l’antichambre du chômage et que ces « usines à ânes » fonctionnent en vases clos. A ce titre, on peut se réjouir qu’un institut cultive des liens avec des partis politiques, tout comme l’on peut saluer certains partenariats public-privé, dans les sciences dites dures, lorsqu’ils contribuent au développement économique de nos régions.

Restent plusieurs questions dans la situation que nous traitons ici : une université, tout d’abord, peut-elle relayer une offre de stage qui ne précise pas le salaire qui sera versé à ses étudiants ? Sans cette garantie, ne risque-t-elle pas de les plonger dans les eaux glacées de la loi du marché, sans bénéfice évident pour la suite de leur formation ?

De surcroit : en rédigeant un courriel à une flopée d’étudiants, pour une seule place de stage, le secrétariat du Global Studies Institue ne fait-il pas tout simplement de la communication politique ? Les liens étroits entre la personne de contact au sein du parti et l’UNIGE, au sein de laquelle il a été chercheur, devraient en tout cas inviter à davantage de vigilance, même au cœur de l’été.

Il ne s’agit pas de jouer aux pères-la-pudeur. Tant mieux si les études peuvent faciliter la prise de contact entre les élèves et ceux qui, au sein du jeu politique, font vivre la démocratie. Espérons donc que l’UNIGE réservera un aussi bel accueil aux propositions de partis qui, habituellement, ne font pas tellement leur marché dans les amphithéâtres.




De l’idolâtrie à la liberté

L ors d’une rencontre officielle entre différents intervenants de la vie associative et les autorités politiques, j’ai été étonné que les églises reconnues acceptent d’être assimilées, avec une certaine satisfaction même, au club de football, au chœur mixte ainsi qu’à la section locale des paysannes vaudoises. Mon étonnement est renouvelé chaque année lors de la campagne de carême desdites églises, dont les discours semblent être ajustés sur la bien-pensance de la société séculière. Rebelote avec l’affichage de banderoles sur les lieux de culte lors de la campagne pour des multinationales responsables. Le discours, la communication et le message des églises doivent-ils être le pastiche d’un discours mondain et séculier ? Comme le relevait Nicolas Gomez Davila: «Dans le sein de l’Église actuelle, sont ʻintégristesʼ ceux qui n’ont pas compris que le christianisme a besoin d’une nouvelle théologie, et ʻprogressistesʼ ceux qui n’ont pas compris que la nouvelle théologie doit être chrétienne.» William Cavanaugh relève le défi et évite de tomber dans cet écueil.

«Cavanaugh met le doigt là où cela fait mal en empruntant un langage nouveau loin des amphithéâtres des facultés de théologie et des sacristies sentant le renfermé.»

Né en 1962, William Cavanaugh est professeur à l’université DePaul de Chicago depuis 2010. Loin d’être un «théologien de salon», malgré sa collection de diplômes (Université Notre-Dame dans l’Indiana, puis Cambridge en Angleterre), il s’est engagé activement pendant deux ans dans les bidonvilles de Santiago du Chili sous la dictature du général Pinochet. Il résume ainsi son approche originale: «J’essaie d’établir des relations entre d’une part le dimanche et d’autre part le lundi, en passant par le vendredi. En d’autres termes, des relations entre la vie de l’Église – spécialement l’eucharistie – et la vie de tous les jours. Je veux combler une lacune qui ne devrait pas exister mais qui est bien réelle.»

Bien que composé d’un choix de sept articles et conférences, Idolâtrie ou liberté – Le défi de l’Église au XXIe siècle nous présente une pensée cohérente et construite. La trame de ce livre se décline en différentes nuances d’idolâtrie qui étouffent la liberté et empêchent l’adoration véritable.

Cavanaugh insiste sur l’idée d’idolâtrie qui semblait ne faire plus grand sens. Il nous rappelle que la Bible «ne considère pas l’idolâtrie d’abord comme une erreur, c’est-à-dire comme la fausse croyance en la divinité de simples statues», «mais comme une trahison de la loyauté envers le Dieu d’Israël». En fait, l’être humain ne peut pas échapper à cette alternative: soit il est esclave d’une idole (patrie, argent, race, etc.), soit il est dépendant de Dieu. L’idole représente quelque chose que l’on prend pour Dieu, qui porte le masque de Dieu, mais qui ne l’est pas. Plus on cherche à expliquer notre réalité par l’idole, plus on s’aperçoit qu’elle est incapable de tenir ses promesses et ses prétentions d’absolu. Plus l’idole est exaltée, plus disparaît l’humain. L’idole altère la forme des choses et enténèbre le regard. «Adorez l’argent, et vous n’en aurez jamais assez. Adorez votre corps, et vous vous sentirez toujours laid. Adorez le pouvoir, et vous aurez toujours peur; et ainsi de suite.»

Un autre thème important de cet ouvrage est celui de la liberté. Trop souvent nous la comprenons comme une absence de contrainte. Pour William Cavanaugh, la liberté ne se réduit pas à une liberté de, mais à une liberté pour, c’est-à-dire à une capacité d’atteindre des buts valables qui trouvent leur accomplissement en Dieu. En effet, «les gens ont besoin de suivre Dieu pour être libres». La liberté est donc une pleine satisfaction, comme un accomplissement total, comme la capacité de Dieu. Cette liberté en Dieu se vit avec la communauté des croyants, l’Église. Cavanaugh n’hésite pas à invoquer le patronage de saint Augustin pour affirmer que «l’Église fonctionne à peu près de la même manière que les Alcooliques anonymes» …

La lecture de Idolâtrie ou liberté remplit bien son programme. Cavanaugh met le doigt là où cela fait mal en empruntant un langage nouveau loin des amphithéâtres des facultés de théologie et des sacristies sentant le renfermé. Il ne prend pas le discours mondain et séculier ni ses techniques de marketing discutables quant elles sont appliquées à la religion. Il nous fait retourner vers l’essentiel: Dieu. Il nous montre que «la foi n’est généralement pas quelque chose qui surgit dans un éclair de lumière aveuglant, mais elle se construit au fil du temps par de petites actions: dire une prière pour un ami, couper des légumes pour la soupe populaire, poser son derrière sur un banc chaque dimanche matin (…)». Il nous rappelle que l’être humain n’est pas seulement «un zoon politikon» (un animal politique) ou un «homo œconomicus», mais aussi un «homo liturgicus», un être fait pour l’adoration et la louange.

William Cavanaugh, Idolâtrie ou liberté – Le défi de l’Église au XXIe siècle, Salvator, 2022.




Un joueur de foot doit-il épouser les causes de l’époque?

NON, selon Raphaël Pomey
Posons tranquillement le décor: un footballeur musulman très pieux, dont le club est aux mains d’un représentant d’un État appliquant la peine de mort pour les homosexuels, suscite la polémique pour avoir refusé de porter un maillot aux couleurs de l’arc-en-ciel. Est-il vraiment nécessaire de développer pour saisir le ridicule de la situation? Non pas qu’il soit anodin que des personnes LGBT soient encore agressées dans la rue, insultées, ou bien évidemment condamnées par des États en raison de leurs inclinations propres. Simplement, il paraît tout de même doucement hypocrite que l’on demande à des sportifs de porter des causes qui les dépassent et dont on peut légitimement penser qu’elles ne hantent guère les nuits de leurs patrons du Golfe. Idrissa Gana Gueye n’est sans doute pas le plus tolérant des hommes, mais il se trouve que son travail consiste à taper dans un ballon, et non pas à porter le feu de l’égalité aux humains, tel un Prométhée post-moderne. A force de demander à des personnalités extérieures au jeu politique de s’engager sur des enjeux qui, eux, relèvent très clairement de la chose publique, un risque fait peu à peu surface: que l’engagement citoyen ou associatif de base, ciment de notre société, paraisse peu à peu inutile. A quoi bon s’exprimer à propos de la gestion des comptes d’une société de tennis si, de toute manière, il n’y a que des grandes causes dans ce monde, sur lesquelles n’importe quel avis fait autorité? Loin de permettre une «évolution des mentalités», comme on nous le promet toujours, la multiplication des «journées de» et des actions symboliques noie surtout les souffrances de ce monde dans une guimauve vaguement dénonciatrice qui ne sert à personne.

OUI, selon Jérôme Burgener
Faisons fi des idéologies qui gravitent autour de cette affaire et revenons sur la réelle question qui se pose ici. Il s’agit simplement d’une relation contractuelle entre une entreprise et son employé. Revenons sur la définition d’un contrat. Il s’agit d’un accord volontaire entre deux ou plusieurs personnes, faisant naître des obligations entre elles. Pascal Salin, économiste et philosophe français, en donne une description encore plus précise dans «Libérons-nous», sorti en 2014: «Si un contrat existe, c’est évidemment parce qu’il est satisfaisant pour les deux co-contractants. Si le contrat est librement décidé et signé, il rend impossible toute domination des uns par les autres: les contractants partagent la même liberté et la même dignité.» Idrissa Gana Gueye a, en 2019, signé un contrat avec le PSG lui rapportant plus de sept millions d’euros par année. Nous pouvons bien imaginer que l’accord spécifie que le joueur doit porter le maillot, donc l’uniforme, du club qui l’a engagé. Un peu comme un employé de McDonald’s ou un agent de police. Si le joueur refuse de porter le maillot, même si celui-ci affiche les couleurs arc-en-ciel à titre exceptionnel pour la journée de la lutte contre l’homophobie, il n’honore pas les termes du document qui le lie à son club. Ce dernier peut donc prendre des sanctions contre Idrissa Gana Gueye. Une décision qui semble difficilement contestable, si elle a lieu. La pression exercée par Rouge Direct, qui dénonce l’homophobie dans le sport, est plus contestable. L’association a interpellé les deux parties ainsi que la ligue sur Twitter: «L’homophobie n’est pas une opinion mais un délit. La ligue et le PSG doivent demander à Gana Gueye de s’expliquer et très vite. Et le sanctionner le cas échéant.» On doute que cette ire résulte d’une rupture de contrat.