Lider Massimo

«À titre personnel, je maintiens que des Jeux olympiques dans une dictature sont une absurdité», avait notamment tonné Massimo Lorenzi chez nos amis de Blick. Xi Jinping, président de la République populaire de Chine, en tremble certainement encore. À l’inverse, on s’étonne que le géant du Quai Ernest-Ansermet n’ait pas encore reçu une invitation à se taper une entrecôte avec le Dalaï-Lama et Richard Gere. Peut-être à cause d’une conception légèrement différente de la non-violence, qui l’avait naguère conduit à prendre une condamnation après une gifle assénée à un militant du Mouvement Citoyens Genevois.

Le militant qui sommeille en tout journaliste du service public est ressorti de sa boîte à la fin novembre à propos de la Coupe de monde de football que nous venons courageusement de subir : «C’est un Mondial sans âme qui s’annonce», déplorait au 12h45 notre fine lame qui, pourtant, organisait à ce moment précis la couverture massive de ladite compétition sans âme. «Infantino (ndlr. le président de la Fifa) est un homme sans valeur et le Qatar est dirigé par des gens sans valeur. Ils n’ont qu’une valeur, c’est le pognon», analysait le journaliste sportif.

Du pognon, lui-même en aurait toutefois volontiers pris un peu plus pour nous saturer encore davantage de ballon rond ces derniers jours, à en croire ses incessantes complaintes d’enfant gâté. Parce que si «la passion ne s’achète pas», comme il aime à nous le répéter, elle a tout de même un coût. D’ailleurs, on ne serait pas forcément contre l’idée de le réduire un peu.

À l’année prochaine!

Noël, ça pollue, ça tue des dindes et ça donne le Covid. Pire, c’est chrétien, ce qui est difficilement excusable du point de vue de cellezéceux qui, en ces temps très enténébrés, prendraient un certain plaisir à ce que notre civilisation perde la vilaine habitude de cultiver le souvenir du Verbe fait chair. Aussi a-t-on le plaisir de vous encourager à célébrer un beau Noël – et surtout pas les Fêtes de fin d’année – en famille. Et ce même si la vôtre, de famille, devait ne pas se révéler arc-en-ciel.

Pour notre part, après plusieurs mois d’activité soutenue – nous ne vivons pas de notre journal –, nous allons prendre quelques jours de repos. Rien de spectaculaire, nous vous rassurons, juste une petite semaine de décalage par rapport à notre rythme de parution habituel pour mieux recharger les batteries et repartir au front pour l’année prochaine. Nous espérons que 2023 marquera la consolidation de notre projet et vous remercions du soutien et de la confiance apportés depuis notre lancement au printemps dernier.

Joyeux Noël!




La position du démissionnaire

Toujours est-il que le futur ex-conseiller fédéral nous régale ces jours avec des audaces de démissionnaire que nous aurions presque envie de comparer à un cigare dominicain consécutif à une orgie romaine. Déjà peu féru de collégialité durant toute sa carrière, le Zurichois vient de percuter à de multiples reprises le mur du politiquement correct. Tout d’abord en affirmant qu’il souhaitait qu’une femme ou un homme lui succède à Berne, et non pas un «ça». Alors certes, en d’autres temps, personne n’y aurait rien compris. Depuis l’émergence d’artistes «non binaires», femmes à moustache ou hommes peu à l’aise au volant, le message est en revanche beaucoup plus clair. Tellement clair d’ailleurs qu’un «réseau transgenre» (transsexuel c’est plus couteux) a exigé des excuses qu’il n’obtiendra malheureusement pas. On espère que ce courageux collectif s’en remettra, surtout financièrement.

Mais ce bougre de Maurer n’allait pas s’arrêter là. Il lui fallait encore allumer les «indignés permanents», plus à l’aise avec le sexe des anges qu’avec les vraies préoccupations de la population, davantage matérielles. Tant d’audace ne devait évidemment pas échapper à la vigilance du Blick romand, qui nous a gentiment alertés sur les collusions entre UDC et néo-nazis sur fond de stratégie commune anti-LGBT. Rien que ça. Qu’on nous permette ici une hypothèse intermédiaire: et si, même hors des cadres extrémistes, les gens du commun en avaient tout simplement marre de se faire gaver toute l’année par les dernières inventions de bourgeois désœuvrés désireux de s’inventer un destin?

Comme si cette avalanche de bras d’honneur ne suffisait pas, le politicien agrarien vient d’annoncer, horreur suprême, qu’il se rendrait au Qatar pour soutenir l’équipe nationale de football dans le cadre de la Coupe du monde consacrée à cette sinistre activité. Là, malheureusement, on ne peut plus le défendre. Moins à cause des traditions locales en matière de droits de l’Homme (et de la femme) ou d’écologie que pour de bêtes questions de cohérence. Venant d’un bonhomme qui semble se complaire dans la défense d’une vision traditionnelle de la société, pourquoi s’afficher aux côtés de millionnaires à permanentes qui se roulent par terre au moindre contact? RP

Le PS remet le couvert

Après avoir appelé les castors à faire barrage contre la «stremdroate» française lors du duel entre Macron et Le Pen, les socialistes ont sorti leur plus belle plume (et leur meilleur graphiste) pour faire l’éloge de l’élection de Lula, Luiz Inácio Lula da Silva, plus précisément. Le nouveau président du Brésil est félicité par une très nécessaire publication Facebook: «Une victoire pour la démocratie» à côté d’une illustration bien rouge du nouveau chef, poing tendu.

Tant de choses à dire… Premièrement, votre serviteur n’en a que faire de l’élection de X ou Y ou Z. N’y voyez donc pas une crise de rage suite à la défaite du méchant Bolsonaro, loin de là. Ce qui questionne le plumitif que je suis, c’est l’amour démesuré que portent les gens de gauche à tout autre individu de gauche, quelles que soient les casseroles qu’il trimballe. On appelle cela de la solidarité clanique. Et cela mène généralement à des catastrophes en série. Autre gros questionnement, logique cette fois. En quoi l’élection de X (Lula) est-elle plus démocratique que celle de Y (Bolsonaro)? J’appelle tout admirateur de Lula qui nous lit à nous envoyer son explication factuelle, pas émotionnelle. Si celle-ci est convaincante, nous n’hésiterons pas à poser en tutus le poing gauche levé devant un plat de lentilles au tofu, en Une du prochain numéro. Si le courage est au rendez-vous, voici une question subsidiaire, à deux mille points: si un parti de droite avait célébré la victoire démocratique de Bolsonaro, la gauche suisse aurait-elle crié au populisme? FL




Souriez, vous êtes rééduqués!

Entre militantisme LGBTQIA+, odes à Zelensky et apologie du wokisme, nos con-frères-sœurs-x, enfin nos collègues quoi, ne manquent jamais de beaucoup nous fasciner par leur audace. Leur dernier combat, en faveur de l’interprétation de La Petite Sirène par une actrice afro-américaine, mérite quelques lauriers. «Une Ariel noire vous pose problème, vous êtes raciste!», assène une collaboratrice de «l’Investigative Lab» (c’est le nom qu’ils donnent à leur rédaction, d’ailleurs fort peu métissée). Et l’argumentation de l’autrice du papier ne manque pas de sel: ainsi, parce que Hans Christian Andersen était vraisemblablement homosexuel, réclamer une Ariel conforme à la vision de son auteur n’aurait pas de sens, puisqu’il faudrait dès lors la représenter sous la forme d’un mâle gay. «Cela fait trop longtemps qu’on nous gave avec des princesses blanches auxquelles les petites filles métisses, noires et les autres ne peuvent pas s’identifier», poursuit notre passionaria des causes gagnées d’avance. Une argumentation délicieuse de la part de celle qui, par ailleurs, nous encourage à ne pas attacher la moindre importance à la couleur de peau des personnages!
Il y a plusieurs choses dont, au Peuple, nous ne nous soucions guère: l’épiderme des gens, la sexualité des écrivains et les leçons de morale de jeunes décérébrés, fussent-ils munis d’une carte de presse.

On veut sa retraite à 90 ans!

DR

C’est l’une des stars de cette édition et elle le mérite bien. Quand elle ne compare pas les élus à des tortionnaires nazis, Franziska
Meinherz est en effet capable de poser des questions cruciales. Ainsi, à l’annonce de la fin de carrière d’un ambassadeur de la 5G nommé Roger Federer, l’élue d’extrême-gauche lausannoise s’est fendue d’un message sur les réseaux sociaux demandant pourquoi elle devrait bosser jusqu’à 65 ans, contre 41 ans pour le génie de la balle jaune.
Nous avons la réponse: pour nous faire rêver le plus longtemps possible.

La foire à la saucisse

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Une bonne vieille grève du sexe pour faire les pieds (de porc) aux mangeurs de viande. Voilà la nouvelle proposition de l’organisation PETA, censée défendre les droits des animaux, pour faire face à… on ne sait pas, en fait. Disons pour faire face à la présence du mal dans le monde, pour faire simple. Car les méchants, ceux qui polluent, ont tous un truc en commun: ils aiment les saucisses! Et la PETA allemande d’enfoncer le clou à propos des bienfaits de la chasteté forcée pour les viandards: non seulement elle fera beaucoup souffrir les hétéro-beaufs, mais elle sauvera aussi la planète en économisant 58,6 tonnes de CO2 par an grâce à chaque enfant qui ne naîtra pas. Supprimons le sexe, la viande et les enfants, et le paradis, enfin, reviendra sur terre! La proposition aura au moins ceci de positif qu’elle évitera peut-être que des membres de la PETA se reproduisent.

La blanche colombe est revenue

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A intervalles réguliers, la francophonie ébahie voit le philosophe (paraît-il) Bernard-Henri Lévy revenir d’un pays en guerre et appeler à ne rien lâcher. Et c’est précieux, car en général, celui qui n’a pas de grandes conceptions géopolitiques peut se servir de la geste du seigneur germanopratin comme boussole pour basculer dans le camp opposé. Cette fois, c’est d’Ukraine que revient notre héros, où il lui a semblé bon de se faire prendre en photo sur une multitude de champs de bataille, la chemise impeccablement blanche et le brushing à l’avenant. Et gageons que les combats n’y étaient pas particulièrement intenses, puisqu’il a survécu. A moins que les Russes aient compris qu’être attaqués par pareille baudruche était tout de même plus agréable que la lecture de ses livres.




Un Amit pour la vie

Prenez l’un de ces repas de fête où un convive un peu éméché, pas forcément le bonhomme le plus malin de la tablée, dirait: «De toute façon, dans ces universités, il n’y a bientôt plus que les gauchistes qui ont le droit de s’exprimer!» Ce serait très bête et très caricatural, n’est-ce pas? Eh bien c’est pourtant ce que nous assène, certes en des mots plus choisis, le chef de la police politique de nos camarades de Blick, j’ai nommé le sémillant Amit Juillard. Pour notre confrère, les choses sont simples: «l’université doit être un lieu de savoir et de connaissance, pas un lieu de désinformation et d’idéologie conservatrice.»

Et de célébrer, dans un billet virevoltant, les actions d’intimidation menées sur des conférenciers invités à l’université. Il faut dire qu’à ses yeux, ces auteurs auraient la grande tare d’être «transphobes», ce qui n’est assurément pas bien, même si leurs travaux dénoncent surtout les ravages d’interventions médicales trop précoces. Plus inquiétant encore, les premières victimes de censures à l’UNIGE, Caroline Eliacheff et Céline Masson, pourraient même être proches de « milieux bigots ultra-cathos qui prient en latin.» Qu’on les interne, vite! Notre ami Amit, néanmoins, n’est pas contre le débat: tout juste décrète-t-il que ce dernier «ne peut avoir lieu que si on écoute les spécialistes, si on lit des études sérieuses et si on convoque les personnes directement concernées.» Autant dire, entre gens bien. Des gens comme lui. Des gens autour desquels il se sentirait volontiers de tracer les limites de la fréquentabilité. Sommes-nous conservateurs, au Peuple? Nous croyons surtout que nous sommes restés punks. Car l’autorité, cette même autorité qui nous agaçait à 15 ans, est aujourd’hui du côté de tous ceux qui justifient leur refus de la liberté d’expression par un sentiment de persécution fantasmé. Peu importe la cause, que des journalistes célèbrent la censure est un pas décisif vers la destruction de l’intelligence et de la démocratie.