Rechercher les choses d’en haut

Est-il interdit de ne pas interdire ? La question est abrupte mais n’importe quel Martien ou n’importe quel représentant de lointaine tribu isolée se la poserait certainement s’il mettait le pied dans un pays occidental, ces temps. Sans y comprendre grand-chose, il verrait de bonnes âmes – généralement de gauche, il faut bien le dire – s’acharner à sauver la planète et nos poumons en faisant la chasse aux cigarettes électroniques, aux pubs pour le tabac ou à l’usage de véhicules de type SUV. Puis, à droite, il verrait de jeunes gens pas tout à fait secs derrière les oreilles se présenter – comme Bardella en France – en « bons pères de famille » déterminés à redresser le pays sans n’avoir jamais rien dirigé d’autre qu’un personnage dans un jeu vidéo. D’un bout à l’autre du spectre politique, une même arrogance, une même vanité, une même farce.

Le gamer qui veut vous apprendre à vivre.

Notre visiteur, certainement, se demanderait alors : mais où est passée la fameuse liberté dont ces peuples se gargarisent ? Ils ont un système dont ils sont très fiers : cette fameuse démocratie qu’ils n’hésitent pas à exporter à coups de canon. Mais leurs libertés réelles, qu’en ont-ils fait ? Pourquoi, alors qu’ils se croient au pic de leur civilisation, n’osent-ils même plus dire ce qui leur passe par la tête de peur de perdre leur boulot ? Et pourquoi cet enthousiasme obligatoire parce que leurs enfants peuvent choisir leur genre avant même d’avoir appris à faire leurs lacets ?

Un Dieu, pas de maître

En même temps qu’il est un observatoire d’un progrès en roue libre, ce journal se veut un repère pour les hommes libres. Ce précieux sens de la liberté qui nous anime vient du fait que nous avons encore un Dieu. Oui, un Dieu, et pas de maître. En tout cas pas au sein de cette hyperclasse d’élus censés porter la volonté de leurs électeurs mais qui sont surtout obsédés par l’idée de les rééduquer. Si au moins ils avaient la décence, comme les dictateurs du siècle dernier, de ne pas faire semblant d’être démocrates ! Mais non, il faut encore qu’ils soient doucereux, pédagogues et intéressés par nos ressentis ! Certains lecteurs, nous ne les ignorons pas, puisent leur indépendance à d’autres sources philosophiques que nous mais partagent avec nous ce désir farouche de ne plus subir le catéchisme hygiéniste, légaliste et égalitaire de l’époque. 

Jeudi 20 juin à la radio, sur La Première, une étrange chanson est passée aux alentours de 19h50. Interprétée par un groupe suisse nommée WolfWolf (l’anglais étant devenu une langue nationale), elle évoquait complaisamment des usages très étranges de l’eau bénite des catholiques. On y décrivait, dans un blues un peu macabre, des individus s’en servant pour tirer la chasse d’eau, préparer le thé ou arroser les plantes… Cette créativité dans l’outrance, à vrai dire, aurait presque mérité le respect à une période de l’histoire où moquer la religion des chrétiens représentait encore une prise de risques. En des temps moins grotesques que les nôtres, où le nihilisme ne s’apprenait pas encore en garderie à grands coups de Drag Queens Story Hours, peut-être même aurions-nous trouvé tout cela audacieux. 

Un extrait du clip des Wolfwolf, dont la chanson passait récemment sur le service public.

« Paternalisme total d’un côté, régression subventionnée de l’autre », voilà ce que conclurait notre visiteur désabusé. Mais à ceux qui, comme nous, ont gardé le précieux sens de la liberté, nous voulons rappeler la belle devise de la ville d’Yverdon-les-Bains : ce fameux Superna quaerite, inscrit sur le fronton du temple pour nous appeler à « rechercher les choses d’en haut ».

En haut, tout en haut, nous voulons croire qu’il n’y a plus d’élus pour tenter de nous interdire la dégustation de modules cubains. Nous voulons aussi croire qu’il n’y a plus personne pour prétendre nous représenter dans un hémicycle. 




Appel à la prière musulmane à l’église : à quand des réponses ?

Ce fut un des feuilletons du début du mois de février. À Siviriez et Bulle (Fr) les 2, 3 et 4 février, des représentations ont été données d’une « Messe pour la paix » intitulée « L’homme armé » et composée par Karl Jenkins. Comportant l’Adhan, l’appel à la prière musulmane, ce concert avait généré quelques mois plus tôt une vive émotion en France : « Le texte chanté est en effet en contradiction obvie avec la foi chrétienne et n’avait donc pas sa place dans notre église, même à l’occasion d’un évènement musical », avait même dû déclarer le curé de l’église de la Sainte-Trinité à Paris1, pour calmer les esprits après coup.

En Suisse, un dialogue courtois entre fidèles catholiques et leurs autorités ecclésiales a d’abord été engagé pour éviter des troubles similaires dans le cadre des concerts prévus (avec entrée payante). La solution trouvée : en supprimer le mouvement problématique. Un compromis subitement abandonné après ce que le Temps a qualifié de « rétropédalage » et de « rocambolesque virement de bord », annoncé dans un communiqué. Selon les termes de l’Église catholique à Fribourg, il s’agissait de ne pas se laisser « gouverner par la peur ou la haine » exprimées par les fidèles demandant une application stricte du droit canonique2.

Pour que le débat ne meure pas de sa belle mort, nous reproduisons ici un ensemble de questions adressées à l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, Mgr Charles Morerod, par l’un de nos lecteurs. Des interrogations, exprimées au nom du Collectif des Jeunes et des Familles catholiques romands, pour l’heure restées sans réponses :

  1. « Plutôt que de s’en prendre aux croyants et aux paroissiens concernés, votre service de communication ne pouvait-il pas plutôt donner les précisions qui s’imposent, à savoir qu’il ne s’agit aucunement d’une prière œcuménique ou d’une cérémonie pour la paix, mais bien d’un concert avec une entrée payante ? À la place de cela, votre communiqué ne parle que de manière abusive — hors d’un cadre artistique — de « Messe pour la Paix » et entretient un grave malentendu que la lecture de ce texte est bien loin de dissiper. »
  2. « Pour éviter un […] scandale fallait-il donc, à la fin de la semaine de prière pour l’unité des Chrétiens, lancer cette offensive contre les catholiques de votre diocèse ? Pour éviter le remboursement de places de concerts fallait-il faire passer vos paroissiens pour de dangereux extrémistes menaçants qui, rappelons-le, étaient satisfaits du premier compromis trouvé ? […] Pourquoi dans notre diocèse est-il toujours nécessaire d’évoquer des « menaces » pour discréditer les fidèles qui ne font rien d’autre que de s’inquiéter auprès de leur évêque de l’usage qui est fait des églises ? »
  3. « [Est-il normal] que de tels concerts aient lieu dans nos églises ? Peut-être pourriez-vous profiter de cette polémique pour rappeler les règles les plus élémentaires concernant l’utilisation des lieux de culte sur l’ensemble du territoire de votre diocèse, en adéquation avec le Code de Droit Canonique ? Avez-vous prévu une cérémonie de réparation après cette profanation qui aura lieu en toute connaissance de cause ? Il est encore temps d’éviter cela en précisant qu’il ne s’agit aucunement d’une cérémonie religieuse et en demandant le retrait de cet Adhan qui n’a absolument rien à faire dans une église consacrée.
  4. « Nous aussi, laïcs, nous avons eu à faire face aux moqueries et aux suspicions de la part de nos collègues ou de nos proches lorsque [les] révélations [ndlr sur les affaires d’abus] se succédaient de manière frénétique dans les médias, jour après jour. Devons-nous maintenant subir une sorte de double peine à cause des erreurs de l’Église – que nous aimons, et c’est la raison de ce courrier : d’une part avoir à accepter des scandales qui heurtent notre foi et d’autre part payer les conséquences des fautes de nos pasteurs à cause de notre fidélité ? »

Puissent ces questions, que nous reproduisons avec l’autorisation de l’auteur, déboucher sur un dialogue fécond et sans anathème.

Le concert a notamment été donné à Siviriez (FR), dont l’église abrite les reliques de Marguerite Bays, sainte fribourgeoise du 19ème siècle.
(Sister Augustine, from the Trappist abbey « Fille-Dieu »)



J’ai lu Thaïs d’Escufon, prêtresse droitardée #vidéo

Chers amis,

Exercice inhabituel aujourd’hui puisque l’on se plonge dans l’œuvre d’une jeune influenceuse française, très cynique dans l’exploitation de la misère sexuelle des jeunes hommes de droite. Et sans surprise, l’on découvre un oracle (autoproclamé) plus libéral que traditionaliste.

Bon visionnage

J’ai lu Thaïs d’Escufon, prêtresse droitardée



Faut-il lire Tesson ? #vidéo

Chers amis, chers abonnés,

Notre nouvelle édition est arrivée aujourd’hui chez nous, ainsi que chez bon nombre de nos lecteurs. Nous espérons qu’elle vous plaira.

Avec un peu plus de liberté dans notre programme, il était temps de vous parler d’un auteur abondamment lu par votre serviteur ces dernières années : Sylvain Tesson. Désormais sulfureux, après avoir été encensé, mérite-t-il une telle agitation autour de ses liens supposés avec des milieux radicaux ? Mais surtout, que lire dans son œuvre et quelle esthétique de l’existence en retirer ?

Bon visionnage,




Rage Against The Machine ou la révolte emballée sous vide

Chers amis, chers abonnés,

Contenu un peu différent aujourd’hui puisque nous partons sur un terrain musical, après la séparation de Rage Against The Machine, célèbre groupe de rap-rock des années 90.

Pourquoi ? Parce que leur trajectoire nous offre de précieux enseignements sur la manière dont une révolte, lorsqu’elle n’est pas saine, débouche sur le ridicule. Au contraire, par exemple, d’une certaine Antigone…

Bon visionnage, n’oubliez pas de vous abonner à notre chaîne YouTube 100% gratuite et merci de partager ce contenu s’il vous a plu (une journée de travail).




La RTS a-t-elle raison de lâcher Depardieu ?

Chers amis, chers abonnés,

Nous nous étions promis quelques jours de pause, mais quand on aime, on ne compte pas. Voici donc notre nouvelle vidéo : elle porte sur la décision de la RTS de ne plus passer de films dont Gérard Depardieu serait la vedette. Bon sens ? Wokisme ? Hypocrisie ? Un mélange de tout ça peut-être.

Bon visionnage, merci de partager ce contenu s’il vous a plu (une journée de travail) et à la semaine prochaine pour notre véritable retour aux affaires.




Fabrice Hadjadj: « L’Europe est en plein suicide démographique ! »

Chers amis, chers abonnés,

Nous n’allions pas terminer l’année sans vous offrir un petit cadeau. Après l’envoi à l’imprimerie et la mise en ligne de notre nouvelle édition cette semaine, voici un entretien exceptionnel avec Fabrice Hadjadj. Écrivain, philosophe et directeur de l’Institut Philanthropos, à Fribourg, il aborde avec nous les questions chaudes du moment : effondrement civilisationnel, fondamentalisme, crise dans l’Église, antispécisme..

Merci pour votre fidélité et votre soutien tout au long de l’année écoulée, bon visionnage et pour nous… quelques jours de vacances !